Chapitre 2

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Elle jeta un dernier regard au visage blafard qui lui faisait face dans le miroir. Elle était laide. Même pas laide, en fait : quelconque. Ce qui était pire. Elle s'autorisa un soupir découragé – en public, elle se refusait catégoriquement à laisser filtrer le moindre signe de faiblesse – et ressortit des toilettes. Pour constater presque immédiatement que son sac et ses affaires de cours avaient disparu. Elle se mordit les lèvres, jurant intérieurement. Elle n'aurait jamais dû les laisser sans surveillance. Une preuve de plus de sa stupidité.

Elle ne savait plus trop qui elle détestait le plus, d'elle-même, de cette école pourrie, de ses parents, de Potter et sa petite mine de saint ou des sales cons qui lui avaient piqué son sac. Oui, elle détestait Potter à peu près autant que ses tourmenteurs, parce que ce crétin balafré avait eu le culot de vouloir la défendre. Il était intervenu à la bibliothèque, une fois qu'elle avait eu maille à partir avec des filles de Gryffondor, plus jeunes qu'elle. Ces petites pestes s'étaient mises à l'insulter alors qu'elle était simplement assise à prendre des notes pour un cours d'Histoire de la Magie. 

Le simple fait qu'elle travaille pour ce cours- en disait long sur son désarroi. C'est qu'à part se morfondre, elle n'avait pas grand-chose à faire d'autre qu'étudier. Au début de l'année, elle se faisait encore avoir et restait à la bibliothèque pour travailler. Maintenant, elle ne prenait plus ce genre de risques : elle empruntait les livres dont elle avait besoin et retournait illico presto dans son dortoir. Millicent, Heloïse et Daphné ne lui adressaient peut-être plus la parole, mais au moins, elles ne s'amusaient pas à la tourmenter comme le reste de l'école.

Les petites saintes de Gryffondor, en tout cas, savaient se montrer aussi vicieuses et méchantes que le Serpentard de base. Elle n'avait pas réellement peur d'elles, mais elle était seule et ne savait pas comment elle allait se sortir de cette situation. Et puis l'une d'elle, Grossemilda Vane ou quelque chose comme ça, avait sorti sa baguette et l'avait pointée sur elle. C'est à ce moment que Potter était arrivé.

— Qu'est-ce qui se passe ici ? avait-il demandé avec la finesse qui le caractérisait.

— Je vais lui apprendre à cette sale face de Serpent ! s'était exclamé Vane, jubilant d'avoir un tel public.

— Tu ne vas rien lui apprendre du tout. Range ta baguette.

La voix de Potter était ferme et ne souffrait pas la contestation. Ce qui n'avait pas empêché Vane de répliquer :

— Mais Harry ! Tu ne peux quand même pas la défendre ! Elle voulait te livrer à Voldemort ! Elle...

— Je sais parfaitement ce qu'elle voulait et ce qu'elle a fait. Ce n'est pas une raison pour s'abaisser à son niveau. Baisse ta baguette.

S'abaisser à son niveau ! Non mais quel culot ! Potter, toutefois, avait une certaine autorité, car Vane avait fini par obtempérer, et avait quitté les lieux assez piteusement, avec ses copines. Potter ne s'était pas attardé. Le Rouquin et la Sang de Bourbe, qui avaient assisté à la scène en silence, passèrent devant elle à leur tour.

— Un merci t'arracherait la bouche, je suppose, Parkinson ?

C'était la Belette qui venait de parler. Pansy croisa son regard, mais ne répondit pas – à moins qu'on considère le défi qui luisait dans ses yeux comme une réponse.

— Laisse tomber, Ron. Ça sert à rien...

Sur ces mots, Préfète Parfaite évacua enfin les lieux, entraînant son petit chien – pardon, son petit copain – à sa suite.

Et depuis, Pansy évitait tout simplement de traîner à la bibliothèque. Ce qui signifiait que ses journées se limitaient à des allers retours entre les cours et son dortoir, entrecoupés de passages éclairs dans la Grande Salle pour les repas, et des visites subséquentes aux toilettes de Mimi Geignarde. Il y avait aussi, grand moment de la semaine, sa descente hebdomadaire à la volière, d'où elle envoyait ses lettres à Drago. 

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