Chapitre 4

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Fanart par © DjamilaKnopf


Elle était arrivée devant la porte du bureau des Préfets en Chef. Elle s'autorisa dix secondes pour ne pas paraître essoufflée et essaya de faire disparaître de son visage l'expression « Je déteste Granger et tout ce qu'elle représente ». Elle finit par actionner le heurtoir, mais ce fut une voix masculine qui répondit :

— Entrez...

Cela faisait presque six mois qu'elle n'avait pas pénétré ici mais la pièce n'avait quasiment pas changé. Il y avait toujours, à droite de la porte, les deux fauteuils en cuir vieilli qui encadraient le petit guéridon en bois sombre et de l'autre côté, le grand bureau en chêne, à moitié recouvert de dossiers divers. En son temps, Pansy avait suspendu en face de son bureau une reproduction d'une eau-forte représentant Morgane en train de distiller son premier poison. Granger avait décroché l'image mais ne s'était pas souciée de la remplacer par autre chose. Le clou gris qui dépassait du crépi beige avait quelque chose d'obscène, il insistait sur la nudité du mur et rappelait à Pansy qu'elle n'était définitivement plus chez elle. Personne n'avait eu l'idée de lui rendre la gravure, et elle se demanda vaguement ce que celle-ci était devenue.

— Je suis à toi tout de suite...

C'était Weasley qui était présentement installé derrière son bureau. Occupé à parapher une petite pile de parchemins, il ne la regardait même pas. Une mèche rousse tombait vaguement devant ses yeux, mais il ne se donnait pas la peine de l'écarter. Pansy se rendit compte que ça l'agaçait. Ce qui, en soi, vu le nombre de choses qui l'agaçaient en ce bas monde, n'était pas franchement une révolution. Ce qui était nouveau, c'est que ça l'agaçait tellement que Pansy avait envie de le faire elle-même. Elle resta figée sur le pas de la porte et déclara de sa voix la plus froide :

— Je dois voir Granger.

Sans lever les yeux, Weasley répondit :

— Non, en fait, c'est moi qui t'ai convoquée...

Un silence, le temps que Pansy enregistre l'information.

— Ah bon. Je ne savais pas que tu te prenais pour la Préfète en Chef...

Elle accentua le féminin, essayant d'être le plus insultante possible, mais il s'était écoulé trop de temps entre les deux phrases pour que la réponse soit réellement mordante. Weasley releva enfin la tête de son tas de parchemins.

— Je vérifiais les autorisations de sortie des troisième année.

Comme si elle lui avait demandé quoi que ce soit !

— Je t'ai demandé de venir ici parce que c'était plus simple.

Plus simple pour qui ? Pourquoi ? Elle ne formula pas la question à voix haute. Elle se fichait bien des ramifications étranges de la pensée weaselienne.

— Qu'est-ce que tu me veux ?

Même à ses propres oreilles sa voix sonnait trop agressive, presque artificielle. Weasley la regarda droit dans les yeux, l'air de dire « ne crois pas que je vais me laisser avoir, je suis plus difficile à mettre en colère que ça ». Pansy sentit un drôle de truc se passer dans sa gorge, comme si elle se rétrécissait soudainement. Et sa glotte ne semblait pas être d'accord car c'était un peu douloureux. Sans répondre, il offrit :

— Assieds-toi.

— Non merci.

Les fauteuils étaient bas, elle n'avait pas envie de devoir se tordre le cou pour le regarder. Il haussa les épaules.

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