Chapitre 11 : Souvenirs du passé

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- Ah ! Ah ! Ah ! Tu n'es plus aussi fier à présent, misérable elfe ! Se réjouissait un être imposant dans une armure argentée empreinte d'une magie bleutée. Comment as-tu osé t'opposer à ma volonté ? Ne sais tu donc pas qui je suis ?

- Oh, si je ne le sais que trop bien ! Arthas ! Mais je ne pouvais mourir sans avoir essayé de t'arrêter ! Répondit un elfe de sang qui tâchait de conserver une dignité.

- Tu veux mourir ? Et bien soit, ton souhait sera exaucé ! Mais je suis bon prince, j'épargnerais ta famille. Tu peux leur faire tes adieux.

L'elfe tourna la tête dans ma direction, mais ses yeux fixèrent celle qui se tenait à mes côtés. C'est à cette dernière qu'il s'adressa.

- Edowine. Ma douce épouse. Emmènes les enfants en lieu sûr. Dis leur que je les ai aimé jusqu'à mon dernier souffle. Quand à toi, mon amour, je serais aux portes du monde d'en haut pour t'accueillir. Maintenant va. Ne te retourne pas. Adieu.

L'elfe de sang m'attrapa par la main. Elle portait un bébé dans son autre bras. Je fus tiré avec force, sans que je puisse résister, car je n'étais alors qu'un enfant. Mais je parvins quand même à tourner la tête dans ma course pour voir l'homme en armure brandir son épée et l'abattre sur l'elfe déjà à genoux, la tête basse.

- Non ! Père ! Non !

Je me réveillais en sursaut ! Mon visage était trempé de sueur, et mes mains complètements moites. Assis sur mon tapis de feuilles de fougères, mon regard se perdit dans le lointain obscur de l'océan. Puis, une étoile plus brillante que les autres attira mon regard. Je la fixais, abandonnant mes pensées à mes souvenirs. Cela faisait si longtemps déjà que cet événement s'était passé. Quand à ce cauchemar, je ne le faisais plus depuis que mon adolescence avait touché à sa fin. J'avais presque fini par l'oublier.

Je secouais la tête comme pour me la vider de ces images horribles. Cela en était assez, j'avais trop souffert de ce passage de ma vie et je refusais que ce mauvais rêve ne me le fasse revivre encore une fois de plus. Je frottais mes mains pleines de grains de sable qui s'étaient collé dessus. Il me fallait me rafraîchir le visage. La simple volonté de ne pas me rendormir ne suffirait pas longtemps à me tenir éveillé. Je constatais contrarié que ma gourde était vide. Mais mon envie de fraîcheur persistait. Le son des vaguelettes terminant leur course sur le sable fut alors pour moi comme le chant d'une sirène. Il me fut impossible d'y résister. La chaleur qui m'avait envahi durant ce cauchemar continuait de m'étouffer. Il me fallait l'évacuer. Quoi de mieux pour cela qu'un bon bain ?

J'ôtais donc mes habits de prêtre. Le sable fin de la plage était d'une grande douceur. Je me mis alors en marche vers l'eau, guidé uniquement par le son et la faible luminosité des étoiles. Les grains de sables glissaient entre mes orteils tel un doux liquide épais. Déjà, le cauchemar me semblait n'être plus qu'un lointain souvenir. L'envie de me baigner dans cette immensité m'était irrésistible. Un océan pour moi tout seul, c'était une vision du luxe intéressante, même jouissive. Mais, alors que je pensais sentir sur mes pieds une eau tiède et chatouilleuse, celle-ci se révéla être d'un froid glaciale. Bien trop pour moi. Un frisson me parcouru l'échine. Je reculais de quelques pas pour éviter la vague suivante. Mon incompréhension sur ce fait acheva de me tirer de ma torpeur.

Comment cela était-il possible ? Il y avait quelques heures à peine, l'eau était d'une douceur que même le plus frileux des êtres vivant aurait apprécié. C'est alors que, venant du lointain, comme sorti de nulle part, une vive lumière blanche apparut. Elle semblait flotter sur l'eau, et elle se rapprochait. Plissant les yeux comme pour mieux distinguer ce qu'elle était sans qu'elle m'éblouisse, je finis par distinguer la silhouette d'un être.

Les Héritages du Passé et du Sang : Péripéties en StrangleronceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant