Osamu fixait d'un œil vitreux la trotteuse de sa montre effectuer un énième tour, tandis que le professeur déblatérait un flot d'informations au rythme de ses claquements de talon. Quelques bouts de phrases incohérentes lui parvenaient aux oreilles, mais son attention restait obstinément pendue au bord du cadran. A sa gauche, Atsumu luttait contre le sommeil, la tête vacillante sur son accoudoir de fortune. Leur comportement, aussi dissimulé qu'un maillot de bain imprimé léopard, n'échappait – ô surprise - pas au professeur, dont les claquements de talons hachés redoublaient d'intensité ; et ce dernier fut définitivement convaincu d'avoir perdu le contrôle de ses émotions dès lors qu'Atsumu s'avachit complètement sur sa table, les yeux fermés, et échappa involontairement un ronflement sonore. A peine l'enseignant, sous le joug d'une incontrôlable impulsion, avait-il ouvert la bouche pour déverser sur l'infortuné un flot de réprimandes, que Kita bondissait souplement sur ses pieds et s'avançait vers les jumeaux d'un air neutre. Son aura, évoquant le calme avant la tempête, fit déglutir tous les élèves jusqu'à présent endormis, qui bénirent le ciel d'avoir été plus discrets que le blond.
Du point de vue d'Atsumu, il n'avait strictement rien fait de mal : le cours qui leur était dispensé était parfaitement ennuyeux, et il préférait de loin réserver son énergie aux entraînements de volley-ball, plutôt qu'à des pseudos-cours d'Art Plastique, où la classe, livrée à elle-même, passait le plus clair de son temps à bavarder et jouer avec des bouts de papier colorés, sous le regard niais d'un artiste raté/danseur de claquette refoulé - au choix. On se serait cru dans une maternelle, et, quitte à être transformé en enfant de quatre ans, autant en tirer son épingle du jeu ; du moins tel était l'avis du blond. Il s'était donc laissé sombrer dans les bras de Morphée avec un désir égal à celui qu'il éprouvait à manger un onigri ; désir qui fut de courte durée lorsqu'il sentit son oreille se retrouver prisonnière d'une poigne de fer - une technique odieuse et sournoise, si vous voulez son avis.
A l'arrière, Osamu esquissa une grimace compatissante en avisant le châtiment infligé à son – bientôt défunt – frère. Pour couronner le tout, la cloche se déclencha, vrillant les tympans de toutes les personnes présentes, et achevant Atsumu par la même occasion. Le professeur, après avoir remercié Kita, se faufila précipitamment hors de la salle, et Osamu crut entendre des bruits de course résonner dans le couloir encore vide.
- Déjà que j'ai l'oreille littéralement broyée, il fallait en plus que la sonnerie se déclenche. Regarde ça, elle pisse le sang maintenant ! S'exclama le blond d'un ton dramatique.
Contre toutes attentes, l'oreille d'Atsumu était en pleine forme - quoique, il est vrai, quelque peu rougie sur les bords. Osamu délégua, si ce n'est sacrifia, le pavillon auditoire de son oreille droite à l'écoute de l'étendue des connaissances de son jumeau en matière de synonymes exprimant la douleur fulgurante qui l'assaillait, tandis qu'il mastiquait scrupuleusement ce qui se rapprochait le plus d'un rouleau de carton, mais qui s'avérait être en réalité un sandwich fait maison. Son frère coupa brusquement court à sa tirade et concentra tout le dégoût dont il était capable dans le regard qu'il dédia au « sandwich » - faute d'un mot plus approprié.
- Cette... chose a défié le vocabulaire de la langue Japonaise. On dirait un mélange entre un rouleau de papier cul et une bouse de vache solidifiée.
- T'es un conservateur culinaire, un traditionnel, moi j'aime prendre des risques et innover, articula Osamu.
- Je savais que tu étais le plus défectueux de nous deux, avec ce manque flagrant d'intelligence et cette laideur évidente, mais peut-être que tes papilles aussi ont pris un sale coup pendant l'accouchement.
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🌻 50 nuances d'évanouissement 🌻 || Atsuhina ||
FanfictionAtsumu est une plaie pour tout le monde, et même un univers parallèle ne voudrait pas de lui.