Chapitre 13

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Les poings sur les hanches et la bouche réduite à une fente rectiligne, Atsumu fulminait de rage. La plante des pieds fermement encrée dans le sol irrégulier, son ombre engloutissait à elle-seule le pauvre fautif, qui, apeuré, rentrait désespérément la tête dans ses épaules voûtées, comme si l'ombre du blond l'eut entravé dans sa liberté de mouvement. En proie à un malaise d'ordre psychologique, le châtain s'était mis à bredouiller des phrases décousues les une des autres. Atsumu contemplait cet affligeant tableau sans que le moindre remord ne traverse ses yeux sombres.

- Alors ?

- Je ne pensais pas que tu t'en rendrais compte, ricana-t-il nerveusement.

- Avec une poupée en paille à la place de Hinata ? Sérieusement ?

Le châtain fronça les sourcils.

- Quelle poupée ?

Ce fut au tour des sourcils d'Atsumu de frémir convulsivement.

- Où est Hinata ?

Un éclair paniqué traversa ses yeux exorbités et sema d'imperceptibles gouttes d'eau dans son sillage. Gouttes d'eau qui ne tardèrent à dévaler la pente joufflue qu'offrait le visage d'Oikawa.

- Je suis tellement désolé ! Pitié, il ne doit pas savoir !

- Savoir quoi ? Murmura le blond.

- Que je suis Atsumu !

Les sanglots le coupèrent dans ce début de tirade, et il passa les minutes suivantes à lutter contre une potentielle asphyxie. Une onde de choque électrisa l'anatomie du blond, qui fut forcé de s'asseoir à terre, les jambes repliées sous son assise.

- Je voulais le récupérer ! Alors j'ai effacé la mémoire de Bokuto pour pouvoir me servir tranquillement de son sablier. Je pensais qu'il s'agissait d'une machine à remonter le temps ! Pas d'un portail. Quand tu as atterri ici, je ne savais pas quoi faire. J'ai maquillé la scène pour faire croire que Bokuto était à l'origine de ce bourbier et j'ai insufflé des souvenirs inexactes dans son subconscient - de toute manière, l'amnésie est une des conséquences de son pouvoir. Ensuite, je suis allé me réfugier chez Kenma, qui a proposé de m'aider. Je me suis métamorphosé en Oikawa, et on s'est arrangé pour le faire disparaître lui. Ce n'était vraiment pas facile, avec Iwaizumi toujours collé à mes basques. Finalement, on a été obligé de le mettre dans la confidence, parce qu'il s'était mis à enquêter – le jour où Hinata est venu le chercher à l'infirmerie, Kenma lui a tout avoué. Maintenant qu'il était d'intelligence avec nous, on pensait que ce serait plus simple. Mais je te jure que je n'ai jamais fait quoique ce soit pour perturber ton plan ! On avait soudoyé Iwaizumi pour qu'il prenne mon apparence, le temps de l'entrevue. Tu comprends, si je l'avais fait en personne, j'aurais été moi-même, et Hinata me déteste. Je voulais simplement que tout rentre dans l'ordre ! Je l'aime, sincèrement ! Je ne supporte plus d'être séparé de lui.

Le souffle court et saccadé, ses larmes de crocodile s'estompèrent jusqu'à ce que sa peau ne conserve que de longues traces rouges et absorbe l'humidité, vestige de son abandon à une vive émotion. Les yeux boursouflés et cernés, Atsumu renifla un filet de morve.

- Qu'est ce que tu faisais réellement tout à l'heure quand je me suis réveillé ?

- C'est la chambre où on a enfermé Oikawa. J'allais lui porter à manger, mais il avait disparu.

Dépassé par les évènements, notre protagoniste tança son homologue d'une œillade au-delà des mots.

- Récapitulons : Tu as séquestré Oikawa pour s'emparer de son identité sans trop savoir pourquoi. Puis on a débarqué, mon plan et moi, et  tu t'es dit que c'était une merveilleuse stratégie pour récupérer ta Juliette. Seulement voilà, Oikawa et Hinata ont disparu.

- Et Kuroo et Bokuto sont injoignables... compléta à demie voix Atsumu.

La pulsion meurtrière que lui insufflait son vis-à-vis pénétra ses veines gonflées à bloc. Son pou s'emballa, son coeur, précisément irrigué par cet instinct commanda au cerveau de l'assouvir. Chose qu'il ne fit pas, guidé par la raison comme il était, et d'un ordre habile, le système nerveux rétablit l'eurythmie dans ce chaos descriptif. Les tremblements cessèrent, et c'est sans avoir cédé au moindre emportement qu'il s'adressa de nouveau à l'usurpateur d'identité. Mortifié par la vision d'horreur qui venait à peine de se dérouler sous ses yeux fuyants, il n'osa pas croiser le regard pourtant détendu d'Atsumu.

- Tu as peur de toi-même ?

- Non... répondit l'aîné des deux, que des trémolos incontrôlables, trahissant son affliction, se hâtèrent de démentir.

- Bon. Ils ne nous restent plus qu'à aller chercher ces quatre énergumènes. Tu ne saurais pas ce qu'il se trame, par hasard ?

Son interlocuteur nia immédiatement d'une secousse du chef.

- Allons les chercher, dans ce cas.


Note :

Le chapitre le plus court que je n'ai jamais écrit ! Désolée de vous en mettre si peu sous la dent. Il y aura mieux la prochaine fois :^). N'hésitez pas à relire certains chapitres, il ont tous été soumis à de petites rectifications après leur publication.

🌻 50 nuances d'évanouissement 🌻 || Atsuhina ||Où les histoires vivent. Découvrez maintenant