Chapitre 9

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Le soleil cognait au dessus d'eux et Atsumu, qui n'avait aucune envie d'ouvrir la porte à une insolation, vissa un peu plus la casquette rose pailleté d'Oikawa sur sa masse de cheveux blonds avec une pointe de culpabilité. Il avait pourtant assuré dans un premier temps au châtain que ce couvre-chef – et tout particulièrement sa couleur – avait fait vibrer sa corde sensible, et qu'aucune autre casquette ne pourrait lui arriver à la visière. Il avait intentionnellement omit de répondre concrètement à la question - « tu la veux ? » ; cependant, et à sa grande surprise, l'éloge qu'il fit du képi fut assez ambiguë  pour que le châtain lui enfonce sur le crâne en ayant préalablement noté au marqueur indélébile son patronyme sur l'envers en tulle. Pour couronner le tout, Oikawa lui offrit un sourire sincère, qui fit appel à sa pitié et eut le don d'avorter tout plan de dérobade.

Ainsi se retrouva-t-il à faire face aux regards moqueurs que les lycéens lui dédièrent goulûment tout au long de son pèlerinage. Traverser en diagonal le terrain vague fut certainement l'étape la plus laborieuse, et il sentit intelligiblement les rayons de soleil taquins venir caresser sa peau bigarrée de morsures cuisantes. Oikawa l'acheva en couvant fréquemment le sommet de son crâne d'œillades soucieuses. Il sut dès lors que plus vite il aurait retrouvé Iwaizumi, plus vite il serait débarrassé de ce propriétaire sur-protecteur à l'origine de son début de migraine.

- Oikawa, si tu veux, je peux te rendre ta casquette, tenta-t-il au bout de quelques millièmes de secondes.

- Non, non, je te garantis qu'elle te va à ravir.

Et les voilà, tous les deux prit dans l'étau de cette toute nouvelle candeur qui se resserrait autour de leurs langues, et plus particulièrement de leur franchise qui n'avait jusqu'alors jamais été domptée . Percevant une haute dose d'hypocrisie, mais n'ayant guère envie de musarder plus longtemps sur un sujet qui ne faisait que l'embourber dans sa propre maladresse, le blond n'eut d'autre remède que de secouer avec frénésie ses épaules dès qu'il sentait le poids d'un regard – ou la brûlure d'un stress thermique – persister outre mesure. Il fut d'une longanimité à toute épreuve, allant jusqu'à engager la conversation avec son voisin durant une bonne partie du périple. Néanmoins, ce fut pour lui une véritable délivrance lorsqu'ils arrivèrent enfin devant la porte rouillée de la salle de classe, et qu'il put ôter de son tour de tête la sobriété incarnée pour laisser respirer son crâne fumant.

Oikawa toqua trois fois de suite sur la porte lourde et grimaça de douleur en soufflant sur ses phalanges endolories. Un cliquetis résonna, puis la porte s'ouvrit en produisant un grincement assourdissant. Sur le seuil, campé sur ses deux jambes musclées, se tenait un lutin aux petits yeux avides et aux oreilles fines et pointues.

- Tiens, Oikawa, vous vous êtes finalement décidé à venir assister à mon cours ?

Derrière les menues épaules de leur interlocuteur, Atsumu entraperçut Kuroo et Iwaizumi, qui, au son joyeux de la voix du châtain, éclatèrent respectivement de rire et de rage.

- Malheureusement non, professeur, et je vous accorde que c'est bien regrettable – pour vous. Je suis venu chercher mes deux camarades pour une affaire urgente qui nécessite leur avale immédiat.

Le visage du lutin se tordit en l'expression d'un vif courroux, qui se calquait déjà à la ride près sur la figure d'Iwaizumi quelques secondes auparavant.

- Êtes-vous sérieux, petit insolent ? Vous allez tâter de-

Oikawa ne sut jamais de quelle menace il était – encore une fois – l'objet, car le professeur se tut brusquement et s'étala mollement sur le planché, nez-à-nez avec le plafond lézardé. Atsumu fit volte face, tombant nez-à-nez avec une jeune fille de taille moyenne aux cheveux blonds vénitiens et au sourire angélique – le blond se serait d'ailleurs accordé à la qualifier d'ange dans sa globalité, s'il n'avait pas été témoin de l'homicide antérieur.

🌻 50 nuances d'évanouissement 🌻 || Atsuhina ||Où les histoires vivent. Découvrez maintenant