Chapitre 11

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 Un imperceptible geste de la main pour lisser sa cape, un léger bruissement d'ailes... il en fallait peu à Hinata pour attirer aussitôt l'attention réputée volage et entêtée - à juste titre -d'Atsumu. De son pas léger et bondissant, de sa silhouette svelte, de ses cheveux broussailleux poil de carotte, il assujettissait chaque seconde un peu plus le cœur mortifié d'Atsumu – ayant pourtant été si violemment enclin dès le début au ressentiment à son égard - et qui, néanmoins,  n'avait intentionnellement pas déployé les armes nécessaires pour éteindre cette flammèche rouge passion crépitante et imposante. Dès le début, quelque soit le sentiment engendré, Hinata avait insufflé chez Atsumu une passion aussi violente que déchaînée. Il exerçait sur lui un magnétisme inexplicable. 

- On y est.

Bokuto actionna la poignée d'une porte haute en couleur. Elle coulissa, découvrant une pièce verte-orangé, un sol jonché de plantes, parfois grimpantes, s'enroulant alors autour des poutres entaillées qui soutenaient précairement une mezzanine marquée par le temps. Quatre tables, toutes encombrées d'ustensiles propres aux chimistes ; un canapé éventré par endroit sur-lequel ronflait paisiblement l'auteur moustachu de ces balafres ; un futon, recouvert d'un drap dont des miettes d'une provenance non-identifiée palliaient les nombreux plis, formaient un joyeux capharnaüm. Hinata devança Bokuto et, le teint rougi par la gêne qui s'immisçait en lui au fur et à mesure que ses camardes sondaient la pièce de regards indiscrets, referma la porte d'un coup sec. La cloison en papier de riz trembla, voilant habilement les pas précipités du rouquin.

- Je ne me doutais pas que Hinata et Kenma pouvaient être aussi peu organisés, ricana Kuroo en déchiffrant l'inscription gravée au couteau de cuisine dans le bois d'une des poutres.

- Bokuto, tu éduques mal tes kouhais.

- Tu veux peut-être qu'on aille faire un tour dans ta chambre Oikawa ?

Iwaizumi les tança d'un regard appuyé – et légèrement inquiet, car la chambre du châtain portait également la trace de ses fréquentes escales. La porte grinça de nouveau, et livra passage à un garçon frêle, aux cheveux blonds tintés et au teint maladif. De sa maigre carrure, il tentait tant bien que mal de masquer ce qui avait déjà été démasqué. 

- Que voulez-vous ?

Sa voix, monotone et fluette, le rapprocha d'autant plus, dans l'esprit du blond, de Kita – Kenma étant, en quelque sorte, une version taille réduite du compagnon d'Osamu. Le rendant moins apathique aux yeux d'Atsumu qu'il ne l'était déjà, entre autre grâce à la relation privilégiée qu'il entretenait avec Hinata, le blond lui offrit un sourire et une poignée de mains – moite, certes, et  néanmoins bienveillante. Kenma bredouilla quelques mots bancales et dénués de cohérences, vraisemblablement surpris par une telle amabilité d'emblée. Kuroo et Oikawa arc-boutèrent leurs sourcils d'un air narquois.

- Ce serait plus facile de t'expliquer autour d'un thé, répondit Atsumu en esquissant le sourire le plus séduisant de sa panoplie.

Son vis-à-vis ne s'octroya pas même un temps de réflexion, comme s'y attendait le blond, et s'effaça sans plus de tergiversions, livrant passage à la petite bande. Hinata avait mis amplement à profit leurs minutes d'apprivoisement pour déblayer la table basse et glaner le peu de chaises aux assises libres. Derrière le fourneau bigarré de tâches diverses et variées, perché sur la pointe des pieds, il tentait à présent d'attraper une bouilloire exceptionnellement rangée dans un placard. Bokuto lui prêta aussitôt main forte, entourant la taille du garçon de ses bras musclés par des années de sport, il le souleva dans les airs, et Hinata pu saisir la bouilloire argentée entre ses paumes, riant à gorge déployée.

Atsumu observa la scène à l'écart. Pour une raison indéterminée, il oublia délibérément de servir Bokuto lorsque l'infusion mentholée fut prête – les pots à thé étant à l'heure qu'il est ensevelis sous un tas de vêtements. Assis en tailleur autour de la table ronde, personne ne pipa mot lors des premiers instants de dégustations. Finalement, Oikawa poussa un râle de bien-être et complimenta la boisson industrielle.

🌻 50 nuances d'évanouissement 🌻 || Atsuhina ||Où les histoires vivent. Découvrez maintenant