Chapitre 5

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 - Ça va être un bain de sang. Un véritable massacre. Il n'y aura aucun survivant.

Étendu sur le dos, Atsumu soupira en se débattant avec le drap transparent de sueur qui lui collait à la peau. Il avait émergé du sommeil momifié dans ce tissu, et, dès lors, s'était attelé à s'en dépêtrer, avec pour toute distraction les grognements incessants et répétitifs de son voisin châtain, ayant été, de ce que le blond avait saisi de la disquette médisante qui tournait en boucle depuis son réveil, victime d'un complot barbare à deux doigts de lui coûter la vie - mais qui avait bel et bien brouillé son charme facial. Pourtant, Atsumu songeait que son visage était en parfait état, quoique le sourcil occulté par un pansement rose pailleté – le châtain avait, en son âme et conscience, choisi la couleur, bien qu'il ne l'avouerait pas même sur son lit de mort – et le nez évoquant les quotidiennes déclinaisons chromatiques du ciel. Puis la mémoire lui revint brusquement, et il se souvint qu'il connaissait cette personne pour avoir été témoin de ses déboires musclés avec un pas-chat qui possédait miraculeusement les mêmes références humoristiques que son jumeau.

- Tes... euh... agresseurs vont venir ? Osa-t-il demander alors que ses bras retrouvaient enfin l'air libre.

- Oui, pour hypocritement soulager leur culpabilité. Mais crois moi, je ne les laisserai pas faire.

- T'es qui toi au fait ?

Il se repentit aussitôt d'avoir formulé sa pensée à voix haute, car le châtain tourna lentement la tête vers lui, et ses yeux noisettes se noyèrent dans ceux irrités de son interlocuteur.

- Comment ça « T'es qui toi » ?! Même dans ton monde, tu ne sais pas qui je suis ?

Atsumu se dit qu'il était préférable de s'octroyer un temps de réflexion pour éviter un déplorable malentendu. Son vocabulaire n'étant pas particulièrement développé – pour ne pas utiliser un adjectif plus blessant -, peu de choix s'offraient à lui, aussi farfouilla-t-il désespérément dans ses désagréables souvenirs scolaires pour châtier au mieux son langage – chose à laquelle il ne s'était encore jamais adonné ; décidément, il n'était plus le même. Il lui sembla qu'une infinité s'était écoulée lorsqu'il  entrouvrit enfin presque timidement les lèvres pour laisser s'écouler la réponse adéquate. Il se risqua même à cligner des yeux, chose qui lui avait été impossible de faire tant il était pris par le tumulte de ses pensées – il ne fallait pas trop lui en demander, il n'était pas un garçon polyvalent de nature, contrairement à Osamu.

- Non.

Le châtain papillonna bêtement des yeux durant plusieurs secondes, puis renversa subitement sa tête en arrière en étouffant un râle et déposa dramatiquement le bout des doigts de sa main arc-boutée sur son front, rappelant au blond ses vielles tantes qui se dissimulaient derrière des éventails colorés dès que l'occasion se présentait en croyant que cela leur conférait un charme mystérieux et agrémentait leur élégance – sur ce point, aucun commentaire ne sera fait ; Atsumu respecte bien trop ses grandes tantes (et leurs canes aiguisées) pour ne serait-ce qu'évoquer leur nom dans une phrase qui ne leur ferait pas éloge.

- Mais dans quel monde vis-tu ?! Je suis le grand et l'unique Oikawa Toru, deux fois lauréat du titre de meilleur alchimiste et magicien numéro 1 de ce bahut.

Le blond ne fut pas aussi médusé que le châtain l'espérait, avant qu'il ne se fasse la réflexion que son vis-à-vis venait d'un autre univers, de toute évidence beaucoup moins attractif que le sien.

- Je suis magicien, tu sais, les gens qui agitent des baguettes avec un chapeau haut de forme ? Magie ! Ma-gie !

Il joignit le geste à la parole et mima un on-ne-sait-quoi, qui reste toujours indéterminé à ce jour. Même Bokuto ne pourrait, avec toute sa détermination, découvrir ce qu'avait essayé de parodier Oikawa.

🌻 50 nuances d'évanouissement 🌻 || Atsuhina ||Où les histoires vivent. Découvrez maintenant