Chapitre 6

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Il y a des choses dans la vie qu'on ne choisit pas : sa famille, son métabolisme, son lieu de naissance, et les arrêts du destin. Si un jour quelqu'un avait osé dire à Atsumu qu'il se retrouverait dans un autre univers à cause d'un guignol qui ne savait pas fermer ses poches, il lui aurait très certainement rit au nez, avant de retourner à sa petite vie bien rangée. Il méditait sur ce point tandis qu'Oikawa le guidait – bien qu'il s'agisse d'un bien grand mot, puisque le châtain avait plus de deux mètres d'avance sur lui, et ne semblait pas se soucier le moins du monde de savoir si le blond suivait la cadence – à travers les couloirs d'une réorchestration de Poudlard. Dans d'autres circonstances, cela aurait donné lieu à un éclat de rire ; mais c'était bien la dernière chose qui lui venait à l'esprit, alors qu'il ne savait pas même s'il pourrait un jour retourner dans son monde. 

Ses mains se faufilèrent d'elles-mêmes dans les poches arrière de son jean – une manie qu'il tenait depuis sa plus tendre enfance -, et il augmenta l'écart de ses enjambées pour revenir à la hauteur du châtain. Chose qui fut faite en un clin d'œil, sous les soupirs à peine dissimulés d'Oikawa. 

- Tu voudrais pas me lâcher la grappe ?

- Quand je pense qu'Iwaizumi a dit que tu saurais prendre soin de moi... répliqua Atsumu.

- Il ne sait pas ce qu'il dit parfois. Il était accablé par le chagrin de me voir entre la vie et la mort, il a juste mélangé les termes. Je ne suis – et ne serai jamais – habilité à aider un type comme toi.

Atsumu ne put s'empêcher de penser qu'il rejetait sur lui tout le ressentiment qu'il éprouvait  pour son homologue. Qu'avait bien pu faire l'Atsumu d'ici pour s'attirer autant d'ennemis, mis à part enchaîner les conquêtes ? Y compris Iwaizumi l'avait qualifié de personne se comportant de façon déplaisante ou déplacé, par manque d'intelligence, de savoir-vire ou de scrupules (selon le wiktionnaire, car ce mot, justement déplacé, ne sortira, l'auteur vivant.e, jamais de ses deux interlignes – chapitre V, à une minute de la fin, pour ceux qui prennent le train en marche).  

- On va où ?

- Premièrement, mon gars, c'est tu – vous serait encore mieux, mais on peut pas tout avoir -, parce que tu t'es incrusté. Secondo, tu me connais quand même depuis moins de 24h et tu me fais confiance au point de me suivre partout comme un bon chien (?). Maintenant que tu as pris connaissance de ces deux points fondamentaux, j'imagine que ça ne t'étonnera pas si je te dis que je suis en train d'essayer de te perdre pour t'enfermer dans le placard à balais du sous-sol, où les araignées de Mika se feront un plaisir de te bouffer ton quart de cerveau.

Fier de son humour, les lèvres du châtain se prorogèrent en un demi-sourire insolent tandis qu'il zieutait la réaction du blondinet.

- Charmant. Je n'ai pas du tout l'impression d'être pris pour un con.

- Parce que ce n'est pas le cas, mon chou. Allez, décolle-toi de ton rochet, petite moule. J'ai besoin d'air.

La moule en question sentit son sang bouillir dans les veines qui se dessinaient, palpitantes, sur le coin de ses tempes. Telle une cocotte minute imprévisible – Osamu l'avait décidément contaminé avec ses figures de style culinaires -, il saisit brusquement l'avant bras du châtain entre son poing et resserra juste assez ses articulations autour de sa prise pour que sa victime se congèle sur place, la bouche tordue en une expression de douleur à peine refoulée. 

- Ecoute-moi bien bourreau des cœurs, tu vas tranquillement me laisser t'accompagner, où sinon tu ne pourras plus agiter ton joujou magique pendant un bon bout de temps.

Oikawa pinça les lèvres et hocha imperceptiblement la tête. Atsumu s'écarta et le châtain obliqua aussitôt son regard vers son bras meurtri.

- Sacrée force, presque comme celle d'Iwaizumi.

🌻 50 nuances d'évanouissement 🌻 || Atsuhina ||Où les histoires vivent. Découvrez maintenant