Chapitre IX: Jouer à un jeu dangereux

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Mais aussitôt avait-il fait un pas dans la pièce qu'il se figea soudainement. En suivant son regard je découvris Denki. Hitoshi le détaillait stupéfait. Personne ne parlait, se demandant sûrement pourquoi le livreur ne bougeai plus. Et c'était également mon cas.

-Je vais aller mettre les pizzas dans des assiettes, dis-je en m'éclipsant, Hitoshi tu viens ?

Celui ci ne réagit pas tout de suite, les yeux dans le vide avant de finalement m'emboîter le pas. Il me suivit jusqu'à la cuisine ouverte toujours plongé dans ses pensées, les cartons dégageant une délicieuse odeur dans les bras. Prétextant sortir les plats  comme je l'avais annoncé, je lui demandai tout bas:

-Ça va ? Tu as l'ait bizarre ?

-Oh euh... oui,  oui oui ça va, bafouilla-t-il en  émergeant de ses réflexions.

Je le regardais inquiet, ce n'était pas vraiment dans ses habitude de longuement plonger dans son esprit, quitte à ne plus rien écouter.

-Ça a un rapport avec Denki ? Tu le connais ?

Lorsqu'il avait croisé les yeux dorés de mon ami, il s'était soudainement figé.

-Non, souffla-t-il.

Là non plus je ne l'avais pas vu souvent être aussi lasse et soupirer. Pourtant, je savais qu'insister ne servirait à rien, Hitoshi arrivait toujours à faire avouer ce qu'il voulait à son interlocuteur, mais je n'étais pas comme lui. Quelques minutes plus tard, nous retrouvâmes Eijiro, Denki et Katsuki dans le salon. Ceux-ci discutaient joyeusement, enfin plus exactement le duo toujours enjoué. Je fronçais les sourcils en constatant les bien trop grands trente centimètres qui séparaient Katsuki du jeune homme aux cheveux rouges. Il ne faisait vraiment aucun effort.

Les deux heures suivantes passèrent à une vitesse renversante, comblées de rire et de discussions légères.  Hitoshi était captivé par les blagues plus que lourdes de Denki comme s'il s'agissait d'un Messi, Eijiro se joignait lui aussi joyeusement à la conversation et il arrivait même que nous entendions la voix du blond ronchon.  Ce fut si agréable. Je pouvais parler sans me restreindre, sans réfléchir à chaque syllabe avant de la prononcer. Je n'avais plus à craindre les réflexions glaciales dégoulinantes de sarcasme  de mon petit ami. Aujourd'hui, je gloussai heureux et léger. Il m'arrivait cependant de temps à autre de lancer des regards insistant à Katsuki pour l'encourager à parler avec Eijiro.  Mais celui-ci ne fit rien, ignorant superbement chacune de mes incitations. Puis vint le moment où je décidai de prendre la parole:

-Je vais chercher le dessert, Katsuki, tu m'accompagnes ?

Celui ci grogna sous les regards curieux de nos trois autres amis, avant de se lever lentement. Il me suivit en continuant de râler alors que je ne me dirigeais, absolument pas dans la cuisine, mais dans l'entrée. Le bar séparant le salon de ma petite cuisine n'allait pas être suffisant. Une fois  dissimulé aux regards de mes amis, je lançais à Katsuki.

-Il faut que tu fasses quelque chose ! Je comprend pourquoi Eijiro ne t'as jamais remarqué.

La dernière phrase m'avait échappée. Elle n'échappa cependant pas au blond qui saisit violemment mon bras pour me plaquer douloureusement contre le mur, entre deux meubles. Je vis l'un de mes pots fleuris tanguer dangereusement.

Entrelacs de sentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant