Chapitre XI: Katsudon

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Je me retrouvais alors à la table d'un petit restaurant de quartier en face de Katsuki. En courant sans nous arrêter depuis l'université nous avions réussi à ne pas arriver en retard pour notre réservation. Alors même si la serveuse avait dévisagé nos faces dégoulinantes de sueurs, nous avions pu prendre prendre place sur une des tables faces aux cuisines. Malgré l'absence de néons sur la devanture et la petite taille de la salle, l'intérieur du restaurant était très moderne et rempli. Nous étions entourés de toutes part par d'autres clients confortablement installés sur les fauteuils de cuir autour d'autres tables toutes aussi sombres. Katsuki n'avait pas prononcé un mot depuis que nous nous étions assis, la tête dans le menu, il semblait toujours fuir mon regard. Comme tout à l'heure, je n'avais pas vraiment l'impression qu'il lisait. Quoi que je fasse, il ne m'écouterait sûrement pas, je saisi donc à mon tour le menu cartonné pour choisir un plat. Mais aussitôt eu-je poser les yeux dessus qu'il s'écarquillèrent.

-C'est un restaurant de Katsudon ! M'écriai-je.

-Oui c'est pour ça qu'on est là le nerd. Grommela faussement Katsuki.

-Mais comment tu le sais ?

Ce ne pouvait pas être une coïncidence si Katsuki avait réservé un restaurant spécialisé dans mon plat préféré.

-Putain, souffla-t-il. Je t'écoutes quand tu parles. Ça t'étonnes tant que ça ?

Cette dernière phrase aurait pu sembler méprisante pour toute personne rencontrant Katsuki, mais j'avais appris à reconnaître ses expressions et je ne trouvai aucune trace de dédain dans celle-ci. Au contraire il prit même le temps de déposer calmement son menu pour attendre ma réponse.

-Non pas du tout, j'avais seulement oublié en avoir parlé. Merci Katchan tu n'aurais pas pu faire mieux. Je lui offrit un grand sourire témoignant de ma sincérité.

Une femme vint prendre notre commande et nous n'échangeâmes plus aucun mot avant que nos plat n'arrivent. J'avais vu de temps à autre Katsuki ouvrir la bouche s'apprêtant à commencer une phrase, mais ces tentatives mourraient aussitôt. Quant à moi, je ne savais en vérité pas vraiment quoi dire, je risquais de l'énerver  à chaque instant et je préférai de loin rester dans un silence pesant. Heureusement la venue de nos plats, nous donna une bonne raison de n'ouvrir la bouche que pour y enfourner de la nourriture. Cela faisait tellement longtemps que je n'avais plus manger de Katsudon, alors lorsque je sentis les délicieuses odeurs sous mon nez je ne pus que m'empresser d'en prendre une bouchée. Le poulet fondant sur mes papilles aux cotés du riz me ravit. Je ne pus m'empêcher de dévorer, le sourire au lèvre, le quart du plat. Mais lorsque je relevai la tête pour me servir un verre d'eau, je croisai le regard brulant de Katsuki. Lui n'avait pas toucher à son assiette, sûrement déjà tiède. Je n'avais même pas fait attention à lui en entamant mon plat, ne lui avait pas souhaiter bon appétit, ne lui avait pas adressé un regard, n'avais pas dit un mot.

-Oh, je suis désolé je ne t'ai pas attendu.

-C'est rien Deku. Dit-il semblant reprendre ses esprits et prenant enfin une part de riz.

Je repris alors l'action que j'avais mise en suspend, saisissant le pichet d'eau afin de m'en servir un verre. Mais avant que je ne puisse amener vers moi le récipient de verre, une grande main attrapa mon avant-bras.

-T'as quoi sur le poignet ?

La panique m'envahi en l'espace de quelques secondes. Il ne devait pas savoir, personne ne devait savoir. Me séparant de sa poigne, je couvris aussitôt mon bras de mon pull.

-C'est rien du tout.

Mais je savais que Katsuki n'était pas dupe et je n'avais aucune excuse valable pour lui mentir. Mon seul espoir fut qu'il oublie et ne me pose plus aucune question. Espoir qui dépérit immédiatement.

Entrelacs de sentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant