Chapitre XXVIII: Illusion

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-Allo ? Ochaco ?

Je n'entendis à l'autre bout du téléphone que des grésillements incompréhensible. Je jurais agacé. En plus d'être vieux, difficilement mis à la bonne température et une proie incroyablement facile pour un cambriolage, voilà maintenant qu'il mettait à mal le réseau. Mon appartement que j'aimais pourtant beaucoup commençait sérieusement à me taper sur les nerfs. Ma découverte de la veille m'avait abasourdi, quand bien même je me savais habité dans un vieil immeuble, je ne pensais pas que la canalisation entre les étages était endommagée. Et j'aurais encore moins imaginé que toute l'eau du quatrième étage décollerait petit à petit la peinture crème. Bientôt, les gouttes d'eau finiraient par enduire mon carrelage et noircir mon plafond. Aussitôt, Katsuki me l'avait-il fait remarquer, que j'avais appelé le propriétaire de l'immeuble, ou ce qui était au moins l'intermédiaire, qui n'avait bien évidemment pas décroché avant le dixième coup de fil. Je ne pouvais décemment pas vivre dans un appartement totalement inondé.

Selon eux et leur gentillesse exagérée, je n'avais rien à faire d'autre que trouver un autre logement pendant quelques mois, le temps que tout cela soit réglé. Voilà pourquoi, je me voyais contraint de déranger Ochaco  pendant l'un de ses jours de travail, espérant que je puisse aller vivre chez elle. Mais bien évidement mon téléphone, ma localisation ou mon appartement ne voulait pas coopérer.

-Izuku-kun je t'entends mal. Pourquoi tu m'appelles un jour où tu sais que je ne vais pas décrocher ?

Je soufflais de soulagement après cinq essais infructueux, je réussissais enfin à entendre le son de sa voix.

-Alors tu vas trouver ça drôle...

-Je resterai bien t'écouter, mais j'ai du travail, désolée. Dit-elle voulant couper court au suspens.

-Je n'ai plus nulle part ou vivre, est-ce que tu pourrais... m'accueillir chez toi ?

Je balbutiai la fin de ma phrase honteux de lui demander une telle chose alors qu'elle vivait déjà avec son petit ami Tenya. Je ne voulais vraiment pas m'imposer, mais je ne voyais pas d'autres solutions. Hitoshi, habitant dans un minuscule studio, n'avait déjà pas assez de place pour lui seul, Eijiro et Denki occupaient les lits libres d'une collocation surpeuplée avec leurs amis du groupe de rock et ma mère logeait à l'autre bout du pays. Peut-être avec les économies, pourrais-je réserver quelques jours une chambre d'hôtel, même si je ne connaissais pas la durée des travaux. Je retins pourtant ma respiration en attendant sa réponse ; il fallait qu'elle soit affirmative.

-'zuku, je sus immédiatement, je suis désolée, avec Tenya qui s'est installé à la maison... Tu comprends.

-Oui bien sûr je comprends, merci quand même.

Je ne savais à présent plus quoi faire. Je ne pouvais aller nulle part et la personne supervisant les réparations avait été très claire : je ne devais pas rester chez moi. Elle ne m'avait pas vraiment expliqué le déroulement de ces jours, peut-être même semaines, de travaux, mais je devinais que le défilé de nouvelle personne à n'importe quelle heure de la journée n'allait pas me ravir. N'ayant plus d'autre idée, je laissai mon téléphone, à présent éteint, pendre le long de la jambe. Défaitiste, je n'eus aucun autre choix que rejoindre Katsuki dans le salon sans avoir la moindre idée du lieu dans lequel je dormirais le jour suivant. M'affalant soudainement de tout mon point dans le canapé, j'attirai le regard inquiet du blond. Il est vrai que je ne devais pas ressembler à grand chose, en pyjama, réveille depuis moins d'une heure, ma tignasse que je n'avais définitivement pas réussi à coiffer tombant en boucle négligée sur mon crâne et le visage fermé par l'appréhension. Il ne me posa aucune question, comprenant sûrement, simplement avec mon attitude, la réponse négative de chacun de mes amis. Mon regard se perdant dans le vide de la réflexion, j'essayai de trouver une autre solution qui ne devait pas être trop coûteuse ou inconfortable.

Entrelacs de sentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant