Chapitre XXIII: Izuku

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Un incontrôlable frisson me secoua comme si je m'étais trouvé dehors au milieu de cette journée d'hiver. Sous l'épaisse couche qu'était la couette violette m'enroulant, mon cœur tambourinait si fort, prisonnier de ma cage thoracique. Le bout de mes doigts, mes yeux, mes lèvres, tout semblait traversé d'un courant électrique, me picotant agréablement. Je ne pouvais pas le croire. Le sourire qui se dessinait sur mon visage soulagé, retenait les larmes de dévaler silencieusement mes joues. J'aurais voulu parler, remercier Eijiro ou même m'écrier à pleins poumons, mais mes idées s'entrechoquaient, explosant en un magnifique feu d'artifice dans mon esprit. Que faire à présent ? La réponse me semblait évidente, je devais sans tarder aller embrasser Katsuki, appuyer mes lèvres contre les siennes de tous mes sentiments. Lui parler n'allait jamais être suffisant pour lui faire connaître le panel de mes émotions en sa présence et l'amour que je lui portais. Je sentis soudainement un poids sur mon épaule, je dus alors cligner plusieurs fois des paupières pour me rendre compte du regard noisette inquiet posé sur moi. Aussitôt, le croisai-je, que ma meilleure amie sourit.

-Fonce ! Me conseilla-t-elle.

Je ne pus plus attendre une seconde de plus avant de m'élancer hors de son appartement, ne prêtant pas même attention au vent glacé tentant d'agresser mes bras nus sous mon simple t-shirt rouge. Les rues se succédaient rapidement autour de moi, sans que je n'y fasse attention. Seule une chose revenait en boucle dans mon esprit embrouillé, les mots que je comptais bientôt avouer au plus magnifique homme que je n'avais jamais croisé. Mes chaussures manquaient à tout instant de déraper sur la fine couche de glace recouvrant le bitume des trottoirs. Je dus perdre l'équilibre, une dizaine de fois et chuter tout autant, sans jamais m'en apercevoir. Les bleus qui recouvriraient certainement l'entièreté de mon corps, m'importaient peu.

Je reconnus enfin au détour d'une grande route, le petit lotissement de jolies maisons et au milieu d'entre elles, la plus grande de toutes, celle de Katsuki. Loin d'être épuisé par ma course, je redoublai de vitesse, dépassant sans les voir les passants curieux, réprobateurs ou encore désintéressés. Les dernières secondes passèrent telles des minutes, avant que je n'atteigne à bout de souffle, un point des deux cotés, la respiration saccadée, le portail ouvert. Étrangement, comme s'ils m'attendaient de pied ferme, les parents du blond ouvrirent la porte immédiatement après mon passage devant les deux battants d'acier. Tous les deux portaient de lourds manteaux matelassés et des gants épais à leurs mains, me rappelant soudainement mon accoutrement. Je retins un frisson. Le froid mordant me lacérait à présent la peau de tous les côtés. Mais alors que je croisai en vain les bras sur ma poitrine, Mitsuki s'approcha de moi en s'écriant :

-Izuku ! Quelle coïncidence, tu es venu voir mon ingrat de fils ? Incapable de décoller mes lèvres, je ne pus que hocher silencieusement la tête. Mince, tu n'arrives pas au bon moment, ça fait plus d'une heure qu'il est sorti sans rien nous dire. Tu peux peut-être repasser plus tard.

Non ! Je n'abandonnerai pas si facilement. Je devais aller embrasser Katsuki de tout mon soûl quitte à parcourir la ville pendant des heures entières. Il fallait absolument que mes sentiments explosent à ses yeux. Perdant davantage de précieuses minutes, j'oubliai toute règle de politesse et me retournais près à entamer un nouveau marathon du cœur.

-Tu ne vas certainement pas rester dans ce froid en simple t-shirt, tu vas attraper froid. Me stoppa la mère de Katsuki.

Elle déposa précautionneusement un manteau sur mes épaules, recouvrant chaudement mes bras nus et ma peau abimée. Je sentis son regard couler le long de mes cicatrices, puis aussitôt, il se couvrit de douceur et un fin sourire réconfortant naquit sur ses lèvres.

-Prends bien soin de mon bébé.

Sur ces mots, je lui en fis la promesse, avant de repartir trouver Katsuki. N'ayant plus aucune idée de l'endroit dans lequel il pouvait être, je réfléchis longuement sans jamais faire cesser mes pas. En milieu de semaine, il était possible que le blond soit en cours à l'université même si je n'y croyais pas trop, il était prêt à ne pas y aller à la première occasion. Aussi, rendait-il peut être visite à l'un de ses amis du concert. Il aurait pu également se trouver dans un magasin pour se trouver des vêtements, quelque chose à manger ou simplement regarder. Il y avait tellement de possibilités dans cette ville que petit à petit, je me rendis compte du temps que cela me prendrait, je serais certainement dans ces mêmes rues à déambuler lorsque la nuit serait tombée. Pourtant, je ne voulais pas abandonner, je ne pouvais pas.

Entrelacs de sentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant