Chapitre VI: Déjeuner

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-Non, non rien.

-Tu mens.  

Au point au j'en étais, je pouvais bien lui dire... De toute façon je n'avais pas vraiment le choix.

-Tu m'as demandé un truc hier et je t'ai promis de t'aider. Voilà, c'est tout. Déclarai-je enfin en tordant nerveusement mes doigts.

Il grogna en retournant s'installer dans le canapé, la tête entre les mains. Il ne semblait toujours pas s'être remis de la soirée qu'il avait surement passé avec Eijiro et Denki. Alors, je délaissai quelques secondes mon bol de céréales pour attraper une petite boite de cachet.

-C'est pour tes maux de tête. Lui dis-je en l'approchant, tout de même un peu méfiant.

A tout moment il pourrait à nouveau exploser, m'insulter ou me frapper. Malgré la tension qui figea mon corps lorsqu'il attrapa le cachet d'aspirine, je m'assis à côté de lui.  

-Est-ce que ça va mieux ?

Seul un claquement de langue sonore me répondit.

-Est-ce que tu te rappelles de quelque chose ? Osai-je à nouveau après quelques secondes de silence.

Sa tignasse blonde hérissée pivota soudainement vers moi et il put plonger son regard, toujours furieux, dans le miens. Cette situation était similaire à hier, mise à part la lumière blanchi par les nuages illuminant son visage et les larmes absentes de ses joues parfaitement sèches. Mais soudainement, il eut un mouvement de recul, les yeux écarquillés, la bouche entre-ouverte.

-PUTAIN, rugit-il en me faisant sursauter. Hier t'as rien entendu ! OK ?

Il se souvenait et il avait honte. Je ne voyais pas en quoi cela pouvait toucher sa fierté, tout le monde avait un comportement étrange en étant alcoolisé. Enfin, n'ayant jamais été à ce genre de soirée, je ne pouvais me fier qu'à des échos.

-Mais je... La fin de ma phrase mourut dans ma bouche en le voyant s'éloigner.  

La porte claqua violemment contre le chambranle me faisant une nouvelle fois sursauter. Katsuki était parti en grommelant et en insultant chaque meuble bloquant son furieux passage. Je n'avais même pas pu m'expliquer. Je retrouvais le Katsuki bougon et hargneux de notre rencontre. Auparavant, je le trouvais terrifiant, froid, en colère mais, même s'il ne semblait pas s'en souvenir, j'avais aussi découvert une partie de sa personnalité plus sensible. Sous l'emprise de l'alcool mais tout de même, je ne pouvais plus le voir comme avant. Il aimait quelqu'un et cette personne ne s'en rendait pas compte, il en souffrait. Il n'était finalement pas si différent de moi. Même si je n'avais aucune idée de comment y arriver, je pouvais peut-être l'aider. Je pourrais essayer de parler subtilement à Eijiro. Suivant cette soudaine idée, j'envoyai aussitôt un message au beau garçon aux cheveux rouges. Je lui proposai de venir manger avec moi demain entre deux cours.

J'avais complètement oublié de finir mes dessins !

-Mince, m'exclamai-je en me précipitant sur mon bureau.

———

Le lendemain, je me levai trois heures avant mon réveil habituel. La soudaine venue de Katsuki avait complètement bouleversé mon sommeil. J'arrivai donc avec beaucoup d'avance devant mon université. La matinée s'éternisa sur des millénaires. Mes cours de dessin ne commençaient que cet après-midi alors je ne portais pas tellement attention aux phrases branches sur le tableau. Lorsqu'enfin la sonnerie désagréable retentit dans les couloirs, je ne perdis pas une minute pour remplir mon sac de toile, attraper ma pochette en raisin et sortir rapidement de la salle. Mon ventre gargouillait alors que je parcourrai les grands halls desservant chaque filière de l'université. Je vis, dehors,  au loin, la silhouette musclée et les cheveux rouges vifs d'Eijiro. Puis, revêtant mon habituel sourire, je m'approchai de lui en lançant :

Entrelacs de sentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant