Chapitre XXV: Lors d'un dimanche

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Le regard rivé depuis déjà plusieurs minutes sur l'écran éblouissant tendu à l'horizontal devant mon visage, j'eus soudainement une idée. Cela faisait plus de deux semaines que nous n'avions pas revu nos amis, préférant passer du temps ensemble entre nos révisions. Alors, même s'il m'était arrivé d'échanger quelques mots rapides avec Denki ou Ochaco entre deux de mes cours, je n'avais pas pu nourrir leur curiosité et répondre à toutes leurs questions sur ma nouvelle relation avec Katsuki. Depuis notre mise en couple, qu'il doivent être dans son amphithéâtre ou pas, il parcourait les vingts kilomètres nous séparant pour me rejoindre devant l'université. Nous allions ensuite manger ensemble, discutant de tout et de rien. Ces petits moments à deux se faisaient languir pendant toute ma matinée et regretter en chaque début d'après-midi. Le dernier jour de la semaine, il m'avait confié, contre son gré, dans un murmure, qu'il s'agissait sans aucun doute du meilleur instant dans sa journée. Un sourire malicieux au coin des lèvres, je lui avais retourné le compliment pour pouvoir observer ses joues laiteuses se couvrir d'une délicate teinte rosée. Mais, lorsque j'avais approché mes lèvres des siennes, il s'était tout de suite levé en prétextant aller régler l'addition.

Soudainement, ma tête chuta dans le vide, s'échouant sur l'assise de mon canapé. Mon coussin venant de se lever en grommelant qu'il avait faim. Je me sentis aussitôt trahi, alors il ne m'aimait pas vraiment. Toujours échoué de tout mon long sur la confortable banquette, j'exagérai une moue indignée en me plaignant.

-Katchan ne veut plus de moi, geignis-je, il va partir et me laisser tout seul encore une fois.

En effet, ce matin, alors que je venais tout juste d'ouvrir les yeux dans la réalité, échappant à Shoto et ses remarques, j'avais senti mon cœur se tordre en apercevant seulement les draps à côté de moi. Je m'étais alors empressé de me lever chancelant pour balayer tous les doutes qui m'assaillaient. Mais je ne pus trouver aucune trace d'un apollon dans aucune des pièces de la maison. J'avais immédiatement commencé à m'imaginer des dizaines de scénarios plus extravagants les uns que les autres. Et je m'étais senti tellement idiot en entendant quelques minutes plus tard le grincement de la porte et le voir un sac de course à la main.

Mon blond préféré, en entendant ma supplique, fronça ses sourcils précédemment étrangement détendus, en me lançant un regard noir. Puis sans un mot, il disparut de mon champ de vision réduit. Pourtant, je ne me laissai pas abattre en allumant mon téléphone.

-Je peux inviter nos amis à manger ici ce midi ? Ça fait longtemps qu'on ne les a pas vus. Braillai-je exagérément fort alors qu'il n'était que dans la cuisine.

Il ne prit pas la peine de me répondre, sachant sûrement que je le ferais quoi qu'il me dise. Le son bruyant de la cafetière me faisant comprendre que Katsuki ne comptait vraiment pas perdre son temps à accepter ma proposition, je décidai de l'ignorer complètement. Je laissai le bruit insupportable du téléphone biper par intermittence tout près de mon oreille. Pourtant, je savais que la voix à l'autre bout du fil ne se ferait pas attendre.
Et alors même que je me faisais cette réflexion, un « salut » éclair transperça mes tympans me faisant presque aussitôt regretter de ne pas avoir choisi un autre de mes amis. Mais ne pouvant plus rien pour stopper un Denki en furie, je le laissai monologuer sur son travail de vendeur qui commençait, semble-t-il, à l'ennuyer, son poste en tant que serveur dans un petit restaurant du coin qui n'était pas mieux et il finit par se plaindre de la situation avec Hitoshi toujours aussi chaotique. Ce n'est que lorsqu'il m'affirma ne plus rien avoir à raconter - j'en doutais beaucoup - que je pus enfin lui révéler la raison première de mon appel. Comme je m'y étais attendu, il ne lui avait pas fallu une seule seconde pour accepter et déclarer survolter qu'il comptait passer le message à Hitoshi.

Entrelacs de sentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant