Chapitre 20

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Profiter,
Jouir des plaisirs les plus complexes comme les plus simples de la vie.
Savoir apprécier chaque instant.
Ne pas s'excuser de qui on est,
De ce que l'on fait,
Ni de ce pourquoi on est là.
C'est difficile pas vrai ?
Lorsque tout va mal,
Lorsque la vie n'est pas toute rose.
Et pire encore, lorsqu'elle est totalement noire.
Pendant ces instants, ou tout n'est que fiasco, vide, néant.
À ce moment, où l'on se dirige vers une direction dont on n'est même pas sûr d'être la bonne.
Quand on se précipite vers le seul point blanc,
Qu'on pense être l'unique sortie possible.

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Je l'entends me parler, me dire quelque chose. Je ne déchiffre pas un seul des mots prononcés. Il y a comme une sorte de bourdonnement, un grésillement qui fait barrière à la communication. Je vois encore légèrement flou. Peu à peu, le bruit assourdissant s'éteint, le flot de paroles de mon interlocutrice devient soudainement plus clair, compréhensif. Je distingue doucement les détails de sa silhouette. Elle est grande, très grande, au moins deux mètres. Ses cheveux sont lisses et descendent en bas de sa taille. Ils sont d'un bleu nuit très surprenant et contrastent énormément avec sa tenue. Elle porte un costume rouge Bordeau, un katana est accroché à sa ceinture et ses épaules sont recouvertes d'une cape de la marine. Elle est un haut-gradé. C'est sûrement elle qui sera chargée de mon transfert dans une véritable prison, ou simplement de mon exécution, je ne sais pas. J'ignore totalement comment sont traités les pirates dans tout ça. Mon amnésie fait à nouveau défaut et je m'inquiète de savoir si je ne reverrai jamais la lumière du jour. Ma prime est-elle assez élevée pour que je sois considérée comme un danger pour l'ensemble des citoyens de ce monde ? Probablement.

« - [...] Ton destin est enfin scellé, Hashimoto. D. Alya. Tu seras transférée dans trois semaines.

Je réagi enfin.

- Transférée ? Où ça ? Qu'est-ce que vous allez faire de moi ?

Elle effectue une grimace hautaine.

- Tu n'as donc rien écouté de ce que je t'ai dit ? à Impel Down évidemment, le seul endroit où les renégats de ton espèce méritent de séjourner. »

Je m'apprête à répliquer mais elle se retourne et part sans attendre une seconde de plus. L'occasion pour moi de me concentrer sur la pièce qui m'entoure. L'obscurité est toujours très profonde, mais je peux distinguer quelques détails maintenant que je suis complètement réveillée et concentrée. En réalité, il n'y a rien à observer ; si la porte de ma cellule est constituée de barrières, il n'y a autour de moi que des murs. Je suis positionnée sur une couchette très fine, il y a un lavabo et des toilettes. Evidemment, je suis menottée et celles-ci sont reliées à une chaîne qui émane du mur de fond. Sans parler de mes vêtements. Un pantacourt beige associé à un T-shirt de la même couleur, le tissu est très fin, sali et déchiré par endroit, m'indiquant au passage que je ne suis pas la première personne à le porter.

Un vrai séjour paradisiaque.

Si au début, je suis très agitée et tente de trouver une issue par tous les moyens, je finis bien vite par me rassoir en constatant que rien ne s'offre à moi. Ace, il est grand temps de venir me libérer. Je me contente d'attendre jusqu'au soir et n'ayant rien d'autre à faire, je finis par m'endormir à plusieurs reprises. Les gargouillements de mon ventre me forcent à ouvrir les yeux, j'ignore l'heure qu'il est, j'ignore quand est-ce que j'ai mangé pour la dernière fois. J'ai l'impression d'être enfermée depuis des jours. Elle avait parlé de trois semaines ? Comment vais-je tenir dans des conditions pareilles ? Mes muscles sont endoloris à force de rester dans la même position et mes soupirs d'agacement sont de plus en plus récurrent. Lorsqu'enfin, ma délivrance survient. Délivrance, soyons francs, tant que cela reste dans la mesure du possible. En réalité, il s'agit de mon premier repas. Seulement, je ne tarde pas à déchanter en voyant arriver mon serveur. Il s'agit d'une dame âgée, ses vêtements sont comparables à des guenilles, ses joues sont si creusées que je peux distinguer les contours de ses os. Il ne fait alors aucun doute sur sa condition, c'est une prisonnière si je n'ose dire esclave, de la Marine.

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