Chapitre 17

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Les êtres vivants naissent, se nourrissent, se développent, se reproduisent et meurent.
Conclusion, je n'étais pas un être vivant.
Ou alors, j'étais déjà morte.
Ma nouvelle théorie était la suivante.
Ma personne, telle que j'étais, n'existait plus.
Mon enveloppe corporelle était mourante et seule une partie de mon esprit subsistait encore.
Si j''avais l'impression d'avoir passé des semaines dans le néant, du point de vue extérieur cet instant ne durait que quelques instants.
Ce moment me permettait de faire un point sur ma vie.
Et lorsqu'enfin je serais prête, j'atteindrais le point blanc et partirais pour ne jamais revenir.
Mais à défaut d'établir des théories sur la raison de ma présence ici, je trouvais aussi de quoi les détruire.
Si j'étais réellement ici pour penser à ma vie avant de définitivement partir,
Pourquoi diable, ne me souvenais-je pas d'elle?

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Dès l'instant où nous accostons, je me lève pour dégourdir mes jambes, clamant à tout mes compagnons mon envie plus que pressante d'aller prendre une douche. Entre le vent, la mer et le soleil ardent, mon corps avait cruellement besoin d'être lavé. Ace propose alors la meilleure idée qui puisse lui venir à l'esprit en cet instant, aller dans une source thermale ! Enfin, il entreprend avant de m'expliquer de quoi il s'agit en voyant mon incompréhension. Et oui ! Mon amnésie n'a toujours pas disparu. Je félicite intérieurement nos ancêtres pour avoir eu l'idée de créer une invention aussi brillante. Lorsque nous arrivons au bâtiment qui accueille cette structure, nous nous divisons en deux groupes, d'un côté Lyne et moi, de l'autre Ace, Oddy et Théon. Nous prenons d'abord une douche, qui s'apparente à notre première bénédiction, nous nous dirigeons ensuite vers les différents bains où se trouvent déjà d'autres femmes. Si je suis dans un premier temps gênée d'être dans le plus simple appareil devant d'autres personnes, Lyne m'explique rapidement qu'il n'y a rien de plus normal et qu'il n'y a nullement besoin de l'être. Je reste un peu tendue au début mais l'eau chaude apaisante finit par faire son travail et j'arrive à me relaxer après une dizaine de minutes. À l'inverse, Lyne qui était terriblement calme au début, commence à déborder de plus en plus d'excitation, elle m'informe que comme moi - en quelques sortes - c'est la première fois qu'elle et ses frères viennent dans une source thermale, faute de moyens. Malgré sa maturité évidente, il ne faut pas oublier que Lyne reste une enfant et en entendant ses frères chahuter de l'autre côté de la palissade, je ne peux que constater son excitation grandissante.

Au bout d'une heure, n'y tenant plus nous sortons des bains. Je me change et rejoins notre chambre portant un peignoir sur mes épaules et une serviette encore dans les cheveux. Là aussi nous sommes séparés, les garçons dans une chambre et nous dans l'autre. Nous nous rejoignons pour le repas et je suis surprise de trouver Ace en peignoir également, il semble remarquer mon étonnement puisqu'il m'interroge :

« - Oui ?

Je souris.

- Je ne crois pas t'avoir jamais vu une seule fois aussi habillé, même sur l'île hivernale tu portais ta longue veste ouverte.

Il hausse les épaules.

- J'imagine que c'est confortable. »

Nous commandons de nombreux plats, quoi qu'il serait plus juste de dire qu'il s'agit uniquement d'Ace, tandis que les enfants jouent entre eux. Nous convenons au cours du repas de les déposer dans un orphelinat durant l'après-midi. Nous décidons également de repartir demain matin, étants dans la nécessité de naviguer plusieurs jours avant de retrouver le Moby Dick et donc, ayant besoin de beaucoup d'énergie. Puisque je ne connais aucun des plats disposés devant nous, ou du moins j'ai oublié leur existence, Ace m'oblige à goûter chacun deux et se donne un malin plaisir à commenter mes réactions.

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