Chapitre 35

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« - Alya ? Alya, qu'est-ce qu'il t'arrive ?

Ace assis sur le lit, se redresse et s'approche de moi.

- Ça va ? Tu ne te sens pas bien ? »

Je porte ma main à ma bouche, sous le choc. Incapable de lui répondre. Le temps est comme suspendu, c'est à peine si je le vois se déplacer, je n'entends pas ce qu'il dit. Ma tête va exploser, elle est sur le point d'exploser. Mille images défilent sous mes yeux à la vitesse de la lumière. Je ne vais pas réussir à me contenir, je ne peux pas. Les yeux embués de larmes, mon ventre se noue dans une douleur atroce.

Retrouvant soudainement la maîtrise de mon corps, j'échappe à la main d'Ace qu'il s'apprêtait à poser sur mon épaule et sors de la cabine en titubant. Toujours une main sur la bouche, j'avance dans le couloir en m'appuyant contre le mur.

« - Alya, qu'est-ce que tu as bon sang ?? Dis quelque chose !! »

J'entends Ace me suivre, je ne lui réponds pas et tente de lui faire non avec mon index sans même le regarder. Je ne veux pas qu'il me suive. Ma vue est trouble, à moins qu'il ne s'agisse de mes pensées qui sont entremêlées. J'accélère le pas tant bien que mal, je cours presque. C'est à peine si je comprends ce qu'il m'arrive. J'arrive sur le pont, enfin : de l'air. Quelqu'un m'interpelle, je ne sais pas de qui il s'agit, peu importe. Je le dépasse sans même le regarder. Je ne veux voir personne. Je vais vers la poupe. J'ai besoin d'être seule. Il fait nuit noire, la mer est agitée, les vagues atteignent parfois le pont. J'ai besoin de réfléchir. J'arrive au bout du bateau, m'appuie contre le bastingage. J'ai besoin de m'écrouler.

Je me penche par-dessus bord et il ne me faut pas plus de quelques secondes pour rendre tripes et boyaux. Le supplice dure une minute entière. Quand enfin il s'arrête, c'est ma tête qui se met à hurler. Cette fois-ci je n'entends plus que ça, des voix dans mon cerveau, elles me hurlent dessus. Je lâche le bastingage et tombe au sol, je ne me relève pas, je hurle à mon tour, le visage ravagé par les larmes et les gouttes de pluie. Seule, l'air sénile.

« - Alya bordel !! Mais qu'est-ce que tu fiches, tu me fous les jetons là !!

Ace s'approche de moi, il m'attrape par les bras et me relève, j'affronte enfin son regard. Ce regard que je connais si bien, ce regard que je connais par cœur et qui, à présent, me fait si mal. Je me dégage de son emprise, avant de finalement revenir vers lui en l'assaillant de coups, pleurant tout ce que je peux.

- Parle-moi bon sang !! Dis-moi quelque chose Alya !! Dis-moi ce qui ne va p-

- JE ME SOUVIENS ! JE ME SOUVIENS ACE !!

Je m'effondre dans ses bras.

- Je me rappelle de tout Ace... Je me rappelle de toi. »

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