Chapitre 38

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Les souvenirs défilent dans ma tête sans s'arrêter, des heures durant. Tout commence à reprendre forme dans mon esprit. Tout fait sens à présent, les vides se comblent, les questions obtiennent des réponses. Cependant je n'aurais jamais imaginé que cela m'emmènerait à m'en poser d'autres.

Mon esprit à présent calmé, je peux remettre en lien ce que j'ai vécu avec eux pendant six mois, certaines paroles et réactions trouvent enfin leurs explications.

Je réfléchis, me remémore, des scènes passent et repassent dans ma tête. Mon ancienne vie et celle des six derniers mois se mélangent. Mon réveil, mon tout premier réveil, du moins celui dont je me souvenais. Ace était à mon chevet, je me suis souvent demandée pourquoi, mais j'ai enfin la réponse. C'est parce qu'il m'attendait, parce qu'il était inquiet, parce que... Parce qu'il m'aimait.

Cela explique aussi pourquoi je ne trouvais aucun indice quant à mon équipage, et pourquoi il n'était pas à ma recherche. Evidemment puisque je ne l'avais jamais quitté. Rien n'avait changé, pour personne. Je n'avais pas disparu, mes camarades ne pouvaient pas être inquiets, j'étais à leurs côtés. Au moins, je ne pourrai pas leur enlever le fait qu'ils soient de bons menteurs. Pas un seul instant je ne m'en suis doutée.

Je sers ma main contre ma poitrine. Cette sensation que je ressens là, si chaleureuse, agréable quand je suis avec eux. L'impression qu'ils sont ma famille. Je ne l'ai pas imaginé non plus, c'est parce que depuis tout ce temps, je suis avec eux, à la place où j'ai toujours été, celle où je dois être.

Mais alors pourquoi ? Pourquoi m'avoir menti tout ce temps ? Pourquoi avoir prétendu ne pas me connaître ? Pendant six mois, six longs mois où je n'avais aucune réponse à propos de mon identité, six mois alors que tout était là, à porter de mains. Si je faisais partie de l'équipage, pourquoi m'avoir caché la vérité ? Pourquoi avoir fait semblant ? Ça ne leur ressemble pourtant pas... Je ne vois aucun d'entre eux accepter l'idée de cette... Cette mise en scène, stupide et affreuse, douloureuse même. Très douloureuse.

Je frotte mes yeux, je n'ai plus de larmes à essuyer mais je les frotte, puis je passe mes mains sur mon visage, comme si je tentais de me réveiller, vainement. Je suis déjà dans la réalité. C'est ça ma vie actuelle.

Je les enlève de mon visage puis regarde mes paumes, je souris amèrement en les observant. Toute cette force aussi, bien sûr que je ne l'ai pas acquise seulement en quelques mois. Cette sensation est étrange, comme si le mérite ne me revenait pas. Parce que, j'ai l'impression que c'est une autre personne que moi qui a travaillé pour obtenir ces résultats, mais qu'à la fois j'ai les souvenirs d'y avoir passé des heures. J'ai beau avoir imaginé plusieurs fois ce que cela ferait de retrouver ma mémoire, je savais que je devrais confronter mes récents souvenirs avec les anciens et pourtant, c'est comme si c'était les mêmes qui s'opposaient à quelques différences près.

Cette endurance, ces réflexes, cela fait deux ans que je les travaille, avec eux, chaque jour. Tout comme je m'exerce à tirer, parce que c'est ce que j'ai toujours fait de mieux, c'est ma spécialité. Et si je n'ai pas récupéré mes performances au Haki que je venais tout juste d'avoir avant de perdre la mémoire, je suis désormais certaine que ça ne tarderait pas à revenir si je le voulais. Oh Arthur, c'est pour ça qu'il était surpris que je n'utilise pas le Haki... Je baisse les yeux. Bien sûr, lui aussi il savait... Comme ils savaient tous...

Je soupire une nouvelle fois, décidément, tout cela est bien dur à accepter. Je fais un nouveau tour de la cabine avec mes yeux, ma cabine. L'environnement m'est familier, je reconnais tout. C'est un endroit dans lequel jai passé de nombreuses heures, le constat est affligeant, je me souviens.

Je me lève jusqu'au petit bureau et ouvre son tiroir, je sais déjà ce que je vais trouver à l'intérieur et ça se confirme lorsque je vois la photo apparaître sous mes yeux. Une photo de Sinedd et moi, plus jeunes. C'est à ce moment là que je réalise, nous sommes allés sur Romerda il y a quelques semaines. Ma bouche s'entrouvre sans qu'aucun son n'en sorte.

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