Chapitre 28

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Il s'était de nouveau rapproché.
Un petit peu, je le sentais.
J'allais y parvenir, j'allais l'atteindre.
Plus que jamais, la motivation qui parcourait mes veines,
Se tuait à prendre le dessus.
Faisant fie de tous mes autres sentiments,
C'était elle qui me galvanisait.
Quand bien même tout m'indiquait d'arrêter, d'abandonner, de ne plus croire.
Il s'agissait de ma seule force pour avancer.
Jamais je n'arrêterais.
Chaque seconde, chaque souffle, chaque mouvement, chaque pas,
Tout m'en rapprochait.
De la sortie.
Du point blanc.

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Les journées suivantes se déroulèrent plus ou moins de la même façon, mon quotidien était façonné par un peu d'entraînement sous l'œil très avisé de Thatch. Un peu de navigation quand c'était mon tour la journée puis passer du bon temps avec mes camarades. Mes nuits étaient rythmées par le repos où mon tour de garde avec Ace à la vigie, qui je dois le reconnaître était de bonne compagnie. Il a fallu attendre le troisième soir pour que cela change un peu.

J'ai terminé mon quart de la nuit il y a peu de temps, mais une fois de retour dans mon lit, impossible de trouver le sommeil. Voilà que mon horloge biologique interne est déréglée. Ou alors il s'agit simplement d'une insomnie le temps d'une nuit. Tu vas un peu vite en besogne Alya. Force est de constater que me tourner dans tous les sens sous la couverture ne va pas m'apporter le sommeil nécessaire. Ainsi, entourée de ma délicieuse couette je me décide à ressortir dehors.

Mes pas me dirigent inconsciemment vers la poupe du bateau, le soleil ne s'est pas encore levé mais je peux déjà voir l'horizon s'éclaircir. Il doit être aux alentours de cinq heures du matin, l'air est encore frais de la veille. Nous étions dans une zone où la neige est tombée subitement, recouvrant le bateau d'un délicat voile blanc. La journée s'annonce belle et je sais pourtant que nous allons affronter la pluie. La nouvelle zone que nous abordons est connue comme telle si j'en crois les dires d'Arthur. Je vais donc profiter de ce laps de temps entre les deux pour apprécier le temps agréable tant que nous y avons droit.

Je m'appuie contre le bastingage, les bras posés sur le bord et le haut du corps légèrement penché en avant. Une fois calée dans la meilleure position possible, je laisse mon regard voguer à l'horizon et libre cours à mes pensées. Les minutes passent sans que je ne m'en rende compte et une heure s'écoule probablement sans même que je le réalise mais je ne tarde pas à revenir à la réalité, attirée par de légers bruits de pas.

« - Tu dois encore travailler ta discrétion mon pauvre...

- Quoi ?? Depuis quand sais-tu que je suis là ??

- Depuis ton arrivé abruti, je t'observe du coin de l'œil depuis cinq minutes.

Ace soupire avant de s'assoir au sol, le dos contre la barrière en bois.

- Je penserai à travailler ce point-là. Dit-il en croisant ses bras derrière sa tête.

Je baisse la tête pour le regarder avant de lui demander.

- Qu'est-ce que tu fais ici ?

- Et bien pour être tout à fait franc, je t'ai observé un moment depuis la vigie à me demander ce que tu fichais à la rambarde, puis ma curiosité l'a emporté et j'ai fini par descendre.

- Tu as abandonné la vigie ??

Il lève la tête pour me regarder avec dédain.

- Non !! J'ai demandé à ce qu'on me remplace un peu plus tôt que prévu. Tout de même !

- Oh. Oui, bien sûr.

Je m'assois finalement à ses côtés.

- Et alors, qu'est-ce que tu fais là ?

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