Chapitre 40

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Je m'écroule au sol sans avoir le temps de réagir et en comprenant à peine ce qu'il vient de m'arriver. Les pleurs du commandant de la seizième flotte étouffent ma voix mais je tente tout de même de me faire entendre :

« - Izou !! Tu m'écrases !!

L'intéressé se redresse aussitôt et se mure dans un silence de plomb en me regardant les larmes aux yeux. Je soupire désespérée en secouant la tête.

- Tu en fais toujours trop...

Un flash d'espoir traverse ses yeux.

- Alors tu ne nous en veux plus ?

- Ce n'est pas ce que j'ai dit ! Simplement, je ne vais pas arrêter de tous vous parler et m'enfermer dans ma cabine pour toujours, il faut bien que j'aille de l'avant.

- Ah, hum oui c'est évident, pardon j'ai été un peu vite en besogne.

Je souris légèrement.

- Il n'y en a pas un pour rattraper l'autre sur ce navire... »

Nous nous relevons tous les deux puis restons là à discuter avec Thatch un moment, à nous remémorer d'anciens souvenirs que nous avons vécu ensemble. Finalement, je décide d'aller faire le tour de chaque commandant présent sur le navire principal, toutes les discussions se déroulent à peu près de la même façon : d'abord ils sont un peu mal à l'aise, ils s'excusent puis nous parlons de tout et de rien.

Je ne l'aurais pas cru mais cela me prend finalement toute la matinée. C'est à la fois long et difficile mais cela me permet également d'apaiser un peu mon esprit, de remettre les choses à plat. Au moins maintenant tout est clair, et je peux préparer le terrain pour reprendre une vie... Normale (?). Haha, je ne sais pas si ça allait vraiment être possible pour moi un jour, mais je voulais au moins essayer.

Il ne me reste plus qu'un commandant à aller voir alors que je termine mon entrevue – si l'on peut appeler ça comme tel – avec Vista. Je demande au commandant de la cinquième flotte s'il sait où se trouve celui de la première et il m'indique alors sa cabine.

Je m'y rends sans plus attendre, et toque à la porte une fois arrivée devant. Le blond me dit d'entrer et je m'exécute aussitôt, il a la tête plongée dans une tonne de paperasse dont je ne connais sûrement pas un quart du contenu. Il ne prend pas la peine de relever la tête et lit comme si je n'étais jamais arrivée. Il m'interroge tout de même après quelques secondes :

« - Oui ?

- Si tu es occupé, je peux repasser plus tard ce n'est pas grave...

Cette fois il lève les yeux, et un sourire remplace le visage concentré qu'il avait auparavant.

- Oh c. est toi Alya ! Tu aurais dû t'annoncer, je croyais que c'était un des gars qui venait pour une broutille !

Il rassemble les papiers dans un coin, cette fois il m'accorde toute son attention.

- Tu as pu parler au vieux ?

J'hoche la tête avant d'ajouter que je fais justement le tour de tout le monde.

- Bien, tu as raison, c'est une bonne chose... Enfin j'imagine. Il rigole légèrement. Bon et comment tu te sens alors ?

Je réfléchis.

- Hmm... Jusqu'à ce matin je t'aurais dit déçue et en colère... À présent, je dirais juste... Bizarre.

- Oui, c'est ce que ça doit faire je suppose... Il réfléchit. Je mentirais si je prétendais faire comme si tout était normal... Je peux m'excuser à voix haute si tu le souhaites mais je ne sais pas si c'est ce que tu as besoin d'entendre. Ils ont déjà dû tous te demander pardon et ne pas le faire également ne veut pas dire que je n'en pense pas moins.

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