L'Éternité d'Une Seconde

Ch 26: Cross-Cockblock, la queue de voile fini par s'envoler

Bien qu'il n'avait pas encore atteint l'âge d'avoir un jiedan, Yuan Sunjie paraissait légèrement plus grand que ceux de son âge. Doté d'une élégante silhouette qui se devinait finement musclée sous ses habits près du corps, le tout était rehaussé d'un sourire espiègle et des yeux au couleur de miel qui accentuaient son charme naturel et chaleureux.

Ying Luo soupira et se glissa discrètement derrière lui lorsqu'il s'arrêta devant le groupe de jeunes filles qui l'avait interpellé. Rapidement, d'autres personnes se joignirent aux jeunes filles en se collant à elles.  Or, les trois premières demoiselles jouèrent des coudes pour empêcher d'autres d'accaparer leurs places.

« Vous vous êtes bien battus ! dit l'une d'elles sans attendre la permission de sa chaperonne pour lui parler.
—  Vous êtes vraiment très forts !  Et très grands ! complimenta une autre.
—  Êtes-vous des disciples de la secte Zhu ?
—  Arrêtez de pousser !
—  Vous arrêtez de pousser !
— Comment vous appelez-vous jeune disciple ? demanda une autre voix fluette.  Celle qui posa cette question dépassait toutes les autres et fixait Yuan Sunjie avec beaucoup d'intensité.
—  Descendez-vous souvent en ville ?
—  Où avez-vous appris à vous battre ainsi ?demanda un jeune homme dans la foule.
—   Mais laissez-le parler !  Taisez-vous, voyons ! » gronda l'une des trois premières, au bord de l'agacement.

Yuan Sunjie souffla en son for intérieur et voulut prendre ses jambes à son cou.  Et dire qu'il avait emmené ses amis loin de la secte exprès pour ne pas se faire envahir ainsi.  Ce genre de situation n'était pas sa première fois.  Au Pavillon du Bambou aussi il avait déjà eu droit à ce genre d'attroupement à quelques reprises.

Yuan Sunjie s'était rendu compte qu'il plaisait à un très grand nombre de filles à la secte et sa réputation se faufila même jusqu'aux disciples de la Cour Intérieure.

Lors de ses premiers mois au Pavillon, certaines d'entre elles ne faisaient que l'épier de loin car il traînait une réputation plutôt mauvaise grâce aux efforts de Ma Han, et personne n'osait encore lui adresser la parole.  Cette même réputation qui lui collait à la peau et se répandait tel un essaim de guêpes excitées, eut aussi pour résultat de très vite le rendre célèbre à travers la secte.

Finalement, la situation semblait loin de lui déplaire, car au fond de lui, il appréciait d'être, justement... apprécié et au centre de l'attention de tout ce monde, surtout depuis que sa réputation se retrouva propulsée au rang de héros, du jour au lendemain, après qu'il ait aidé un disciple victime d'une possession à se libérer avec l'aide de Ying Luo. Son ami fut, lui, propulsé au rang des disciples. Depuis cet événement, Yuan Sunjie ne pouvait manger en tranquillité dans la salle commune de la secte sans que quelqu'un ne vienne lui parler.

La chose qu'il redoutait ces derniers mois serait sans doute d'avoir une déclaration d'amour. Cette pensée lui donnait des sueurs froides et des saisissements qui lui ferait perdre son français. Redoutant de se retrouver dans une pareille situation, il évitait d'être seul avec des filles, ce qui fut loin de déplaire à Wang Xiao.

Wang Xiao les rejoignit, tout souriant et se mit à ses côtés. Yuan Sunjie était un héros pour Wang Xiao du fait qu'il attirait les filles de la même manière que des mouches sur du miel ou des papillons sur une fleur. À l'inverse de son ami, Wang Xiao paraissait vraiment ravi et heureux d'être entouré par autant de filles. Le plus nerveux des trois restait Ying Luo, qui avait plus de mal à être à l'aise en leur compagnie.

Yuan Sunjie passa un bras autour des épaules de ses amis et les poussa pour faire un pas en avant avec lui.

« Voulez-vous vous joindre à nous pour célébrer la promotion de notre ami Ying Luo ?  De nous tous, c'est lui le plus fort ! C'est un vrai génie !  Il est le seul à être devenu disciple alors que nous sommes encore de simples apprentis !  Est-ce que vous avez vu mon ami Wang Xiao se battre ? Il est extraordinaire, n'est-ce pas ? »