Ch 63 : La liberté est dans une révolution ou dans la mort

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Un individu tatoué, haut comme une montagne, agrippant tous les regards à son sommet, apparut sur l'estrade. L'épée Hundun à la main, la pointe reposant sur son épaule. Le haut de son kimono écarlate avait été enlevé et rabattu sur ses hanches, donnant l'impression qu'il ne portait qu'un pantalon. Dévoilant ainsi le dragon violacé se prélassant dans son jardin de lotus, il se tenait imposant, inébranlable, aux côtés de Yuan Sunjie. En voyant les tatouages célèbres sur le torse et les bras dénudés de ce géant, l'éclat de rire général de la foule se cassa, s'étrangla, hoqueta et mourut dans un soupir de malaise déconcerté et coincé.

« C'est...? C'est qui encore celui-là !
— Ce...ce...ce... Ce géant...!!! C'est le Broyeur des Immortels ?!? » balbutia le gros Shen Tou, la bouche grande ouverte, tombé à la renverse, la tête levée vers Kaze à trois pas à peine de lui.

Une atmosphère tendue s'imposa dans la foule, des murmures commencèrent à vrombir dans l'auditoire.

« Vous avez entendu comme moi ? Un géant broyeur ? demanda une voix dans la salle.
— Il a bien dit Broyeur des Immortels ? Il a bien dit ça ?
— C'est le Patriarche des Enfers ! C'est lui, je vous dis ! Le patriarche des démons ! »

Ses amis autour de la table se redressèrent dans un seul sursaut. Après la surprise et l'incompréhension, la panique ne tarda pas à s'infiltrer dans les coeurs et les genoux des gouttes de sang, hésitants à mi-chemin entre s'accroupir ou se mettre debout pour fuir.

« Regardez ces tatouages ! C'est le Patriarche des Enfers !
— Il ne faut pas rester là !
— Ça ! Ça-là, c'est le Premier Sang ?
— Il n'était pas mort ?
— Fuyons vite de là ! On a aucune chance contre ça ! »

Yuan Sunjie soupira, sa mâchoire se crispa.

« Bloque les sons et les sorties, ordonna-t-il à Kaze avant d'ajouter sur le même ton calme, mais ne les tue pas. »
— Sauf ces trois-là » corrigea Kaze.

Aussitôt, les trois gouttes de sang masqués qui avaient enlevé, ligoté et malmené Yuan Sunjie jusqu'à cet endroit, furent comme frappés par une large main remplie de griffes. Un moment, ils étaient humains, et tout à coup, ils se retrouvèrent à l'état de litres de sang en flaques. Pas une trace de chair ne restait. C'était arrivé si vite, que personne n'a réellement vu ce qui s'était passé, mais tous avaient compris.

« FUYEZ !!! » s'époumona son voisin, aspergé par les éclaboussures, en hurlant avec la voix d'un coq à l'aube.

Sa voix était assez puissante pour écorcher les oreilles. Ce dernier tenta de prendre la fuite en fonçant vers la sortie et immédiatement, ses proches voisins s'élancèrent derrière lui et enfin, tous se ruèrent sur la seule sortie du souterrain.

Sans bouger de sa place et sans que personne ne le vit faire de mouvement ou un son particulier, Kaze les enferma à l'intérieur. L'entrée fut scellée par sa magie noire. Une force invisible empêchait de faire rouler l'énorme rocher servant de porte et il resta obstinément ancré dans le sol. Pris de panique, les gouttes de sang se jetèrent sur les parois, tapant comme des condamnés en criant à l'aide et au secours.

« Vieillard, dis à tes hommes de rester tranquilles et de se rasseoir, sinon je lui demande de tous vous faire taire, avertit Yuan Sunjie qui s'était retourné vers Shen Tou, donnant le dos à ses compagnons.

Le vieillard transpirait à grosses gouttes, or, il reprit ses esprits et il frappa le sol à plusieurs reprises en criant de tout son souffle à son tour :

« Silence ! Silence ! Venez-vous rasseoir ! Obéissez immédiatement ! »

Un courant d'air glacé, chargé d'eau et de neige, agréable comme une brise, mais aussi mordant qu'un métal chauffé à blanc, se leva et se répandit à travers la pièce immense du souterrain. Ce vent semblait venir de tous les côtés, d'en haut et d'en bas à la fois, soulevant les racines des cheveux et les rubans.

L'Éternité d'Une SecondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant