Ch 37: Fin de la Farce

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Très tôt, après l'aube, un appel général résonna au Pavillon du Bambou, appelant les disciples et les apprentis à se rassembler sur ordre du chef de clan. Tous se demandaient la raison de cette soudaine convocation dans la grande plaine.

Devant eux, se tenait le cortège composé du chef de clan, du maître de secte et des aînés accompagnés de leurs premiers disciples. La présence des héritiers ne passait pas inaperçu à leurs côtés.  Ce cortège prestigieux se tenait sur une plateforme aménagée dans une grande et immense plaine qui pouvait accueillir de longues rangées d'hommes. Comme un vaste champ verdoyant qui s'étendait à perte de vue, des lignes de fiers bambous se tenaient les poings croisés dans le dos, les jambes collées et le dos bien droit.

Zhu Yazhu, le chef de clan, s'élança dans un discours sur les devoirs des junzis et fit toute une litanie sur le manque de respect envers le Fondateur. En tant que bon chef de clan fortuné et débordé qui n'avait pas le moindre temps à perdre, il alla droit au but, avec une certaine arrogance qui lui donnait un charisme incomparable.

« Atteindre à la dignité de notre Fondateur ainsi, quelle mauvaise blague ! Cela devient une attaque personnelle envers l'esprit des junzis du Bambou de Jade et c'est inacceptable pour un membre de la secte qui se veut Junzi ! Que l'esprit cabossé qui est derrière ceci sache que je lui offre une chance de se dénoncer publiquement... »

Évidemment, personne ne s'avança, ce qui n'empêcha pas quelques paires d'yeux autour de Yuan Sunjie de se poser sur lui. D'où il se tenait, même s'il était loin dans la file, Yuan Sunjie pouvait voir et entendre le chef de clan comme s'il se trouvait à dix pieds de l'estrade, grâce à un sort qui agissait dans cette plaine pour rendre cet effet possible jusqu'au dernier de la file.

Zhu Yazhu était un homme qui possédait un regard et une expression teintés d'un mélange d'arrogance et d'amusement. Il était apprêté de vêtements traditionnels élégants de couleur émeraude et portait un ji en or orné d'un magnifique jade. De taille moyenne, son corps témoignait d'une musculature solide, étant adepte d'un sport de lutte qu'il aimait pratiquer régulièrement quand il voulait se détendre des commerces de son clan et des protocoles de son rang.

Zhu Yazhu, qu'ils saluaient tous du titre du meilleur parmi eux, celui du sage, avait déjà atteint le stade de l'âme naissante alors qu'il n'avait pas encore deux cent ans, ce qui en soi était assez exceptionnel dans leur milieu. Yuan Sunjie ne connaissait pas son âge réel, mais même Shi Chang lui avait dit qu'il était plus fort que lui et doté d'une intelligence atypique. Son maître lui assurait que c'était le plus redoutable joueur d'échec qu'il eut rencontré, après ça, il l'avait mis en garde de ne jamais se le mettre à dos quand il intégrerait le rang des junzis.

À ses côtés, Shen Shuwen, son second et l'autre moitié du 'Double Tranchant de l'Est' avec Zhu Yazhu, également célèbre comme étant le meilleur alchimiste du pays et un cultivateur doté d'un grand talent naturel. C'était un homme dont la réputation équivalait à celle d'un génie parmi les génies. Le 'Faiseur de Feu', titre qui était en soi une preuve incontestable de son niveau supérieur dans le domaine de l'alchimie, représentait le meilleur grade en la matière. Venait, après lui, celui du 'Faiseur de Pluie' ; titre qui restait inoccupé depuis des années puisqu'aucun des candidats ne réussissait à finir les épreuves de cette discipline pointue dans le temps imparti.

Le Faiseur de Feu gardait une posture élégante et maintenait un regard inflexible sous des beaux sourcils bien arqués qui inspirait le sentiment d'un homme terre-à-terre. Malgré l'apparent aspect de quadragénaire qu'il possédait, tous le savaient trois fois plus vieux. Habillé également de robes traditionnelles et d'un accessoire à cheveux incrusté de jade, on pouvait dire qu'il était assez bel homme. Il avait un front ras, un nez allongé et des lèvres fines. Grand et svelte, il gardait ses mains souvent tachées d'encre sous ses manches en se tenant de manière stoïque.

L'Éternité d'Une SecondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant