L'Éternité d'Une Seconde

Ch 42: Épreuves à venir

Quand il était arrivé au monastère Lokapāla, Ying Luo possédait un tempérament chétif et craintif. Au contact de Yuan Sunjie, il avait appris à faire tomber ses murs et contrairement au tempérament intrépide de ce dernier, Ying Luo avait développé un caractère plus posé et discipliné.

Au fil des années, les aînés avaient observé son changement de tempérament avec appréciation et ne doutaient pas qu'une grande partie était dû au caractère aventureux de leur disciple téméraire qui l'entraînait constamment avec lui dans ses fourberies et qui poussait Ying Luo à se découvrir plus brave qu'il ne le croyait.  Toutefois, ces mêmes aînés se lamentèrent en de longs soupirs que cela ne marchait pas dans les deux sens.  Au contraire, ils répétaient inlassablement à Yuan Sunjie de suivre l'exemple de Ying Luo, mais en vérité, c'était Yuan Sunjie qui déteignait sur son cadet et qui l'entraînait dans ses épopées d'enfant trop curieux.  Ces deux-là étaient comme le beau temps et la tempête; l'un suivant toujours l'autre. 

En grandissant, les choses se sont un peu inversées.  Yuan Sunjie était devenu plus calme et posé, se mettant en retrait, et c'était Ying Luo qui prenait les devants, un peu à la manière d'un grand frère.  Yuan Sunjie obéissait docilement si Ying Luo lui demandait de faire quelque chose, sauf retourner au Lokapāla.  Là-dessus, son ami n'avait plus jamais insisté.  Le seul autre point sur lequel Ying Luo ne parvenait pas à le faire démordre, c'était sur le fait qu'il voulait laver un outrage en réglant ses comptes avec l'héritier du clan Qian, dont il avait patiemment attendu la venue ces quatre dernières saisons.

Yuan Sunjie pensait, qu'avec Ying Luo, ils avaient ce genre de relation où d'un regard, ils arrivaient à se comprendre et à deviner à quoi l'autre pensait.   À cause de cela, Yuan Sunjie était tiraillé par l'envie de lui révéler la vérité au sujet de son jiedan, de l'animal tapi en lui et de Kaze.   Tiraillé au point d'avoir cent nœuds d'inquiétude dans son ventre.  Seulement, il ne l'osait pas.

Arrivé au bassin des renards, Yuan Sunjie se disait qu'il préférait se taire parce qu'il avait peut-être trop peur que Ying Luo le rejette en découvrant son secret ?  S'il aimait beaucoup Wang Xiao également, à lui non plus il n'aurait pas la force d'avouer.  Il craignait que leurs regards sur lui changent.  Il savait qu'ils ne le verraient plus de la même manière, qu'ils voudront certainement le fuir pour être loin de lui et alors, il finirait seul. Ces pensées étaient simplement intolérables pour lui.

Balayant ses angoisses, l'adolescent alla méditer à sa place habituelle pour absorber du Yang près de Huit-Gris et de Neuf-Blanc.  Il se mit en bordure de l'ombre sous un arbre juste légèrement au soleil pour éviter de ressembler à une crevette à la fin de la journée.  Depuis la visite de Kaze, il ne lésinait pas sur ses efforts pour prendre l'ascendant sur son sceau et il était parvenu à l'ouvrir jusqu'à la septième serrure.  Ayant du temps libre devant lui, Yuan Sunjie resta une heure de plus au bassin des renards et médita avant de rentrer à la Cour Intérieure. 

Il était désormais disciple de la secte et avec Ying Luo, ils avaient prévus de célébrer la promotion de Wang Xiao en dinant au restaurant avec quelques amies de ce dernier.  Plus tôt, il avait fêté la sienne en mangeant son menu préféré, les boulettes dim sum vapeurs, à l'échoppe du vieux Bu. Il pourrait manger là-bas tous les jours s'il le pouvait.

Les six premiers mois, les nouveaux disciples étaient soumis à un entraînement très académique dans le but d'aiguiser leurs connaissances sur les créatures qui provenaient des autres mondes.  Ils pourraient choisir leurs factions et s'initier à l'exorcisme, seulement après avoir réussi l'épreuve de l'épée.  Cette épreuve était prévue dans plusieurs jours et c'était le jour où Yuan Sunjie avait prévu d'affronter Hundun. 

Après l'épreuve de l'épée, les disciples pourraient s'initier auprès d'un des neufs Grands Maîtres, selon les préceptes du clan Zhu.  Ils seraient entraînés dans la voie du Junzi, pour devenir des modèles vertueux, comparables à la droiture du bambou.  Les junzis avaient pour valeurs : la ténacité, la loyauté, la justice, l'humilité et la délicatesse.