Le sentiment de malaise qui agitait le coeur de Yuan Sunjie se fit plus lourd. Devant lui, sur l'espace vaste de la falaise, le groupe d'hommes habillés de noir, la vue sur l'océan, et même l'air autour lui, tout était devenu soudain plus calme. Son regard ne décollait pas du dos de Shi Chang qui gardait son calme marmoréen face aux Ombres de Jade.
Un « peh » bruyant se fit ouïr. C'était le chef de la bande.
« Daozhang, je suis venu pour retrouver l'héritier de l'Ordre du Boisseau de Riz et pour te faire la peau. Ça fait treize ans que cet enfant a disparu. Nous savons que c'est toi qui l'as pris et tu t'es enfui avec le gamin, mais si un homme comme toi dis qu'il est mort, alors il est mort ! De toute façon, la lignée de Pan Jingcao* a été décimée jusqu'au dernier chien ! Tout le monde s'en fout de l'Ordre du Boisseau de Riz aujourd'hui, parce que ce sont les Ombres de Jade qui se trouve au sommet désormais. Seulement, tu as signé ton arrêt de mort quand tu as tué le frère et le fils de mon général. Pour ça, tu dois mourir. Si tu l'acceptes, j'accepte le pacte de Trois avec toi.
— Je l'accepte. »Le disciple fronça les sourcils, ses doigts remuèrent de manière involontaire.
« Shifu ? Que fais-tu ? »Ce dernier lui montra un dos silencieux.
Son maître s'avança vers leur chef, Yuan Sunjie dans son sillage. En face d'eux, Ma Han gesticulait à genoux et tentait de se relever. À chaque fois qu'il décollait un peu du sol, il récoltait un nouveau coup de pied dans les côtes d'un de ses bourreaux qui le renvoyait manger la poussière. Les mains dans le dos, il ne pouvait même pas se libérer la bouche pour parler. Le chef des Ombres de Jade s'éloigna pour rejoindre Shi Chang près du bord de la falaise.
« Si tu connais nos méthodes, alors... dit le chef des criminels quand ils s'immobilisèrent face à l'autre, à quelques doigts d'écarts à peine. Laisse moi te rappeler que le pacte de Trois engage la parole et l'honneur et se paye avec le sang.
— Je l'accepte, affirma Shi Chang à nouveau.
— Alors commençons. Mon nom est Brise-Chêne, capitaine des Ombres de Jade. Que mets-tu sur la balance ?
— Mon nom est Shi Chang. Je mets quarante-six vies. Que mets-tu sur la balance ?
— Deux vies. Traité jugé équitable. Traitons.
— Ai-je la parole des Ombres de Jade que mes deux disciples seront libérés et il ne leur sera fait aucun mal ?
— J'engage l'honneur et la parole des Ombres de Jade.
— Alors, je le scelle de mon sang. »Shi Chang et Brise-Chêne firent saigner un de leur avant-bras avec la pointe d'une dague, avant de se prendre mutuellement l'avant-bras, au-dessus du poignet pour sceller leur accord.
« Il est temps de payer maintenant. Tu as ma parole qu'ils seront libérés et nous ne toucherons pas à un seul de leur cheveu. Mais, si tu veux que tes disciples vivent, nous exigeons que tu meures ici, aujourd'hui même. »
« GRAND FRÈRE NE L'ÉCOUTE PAS !! »
Ma Han avait finalement réussi à se libérer la bouche.
Le vieillard ne prononça pas un seul mot. Yuan Sunjie lui, pouffa d'un rire de dédain.
« Vous badinez ? leur dit-il. Vous rêvez debout ! »
Mais contre toute attente, il entendit son maître annoncer à Brise-Chêne :
« Je comprends. Je suis d'accord... Puis, se tournant vers son disciple qui avait le visage figé sous le choc. Yuan Sunjie...
— Sh-Shifu... ? »Frappé de stupeur, son regard déconcerté accompagna sa tête qui se mit à secouer vigoureusement de gauche à droite.
« Shifu ! Reviens sur ta parole ! Tu peux les battre, ne les écoutes pas ! »
Cette fois, Yuan Sunjie commençait à sentir son malaise et son inquiétude gonfler, prendre plus d'espace à l'intérieur de lui, comme une éponge se gorgeant non pas d'eau, mais de vinaigre. Un sentiment de consternation le traversa. Il ne comprenait pas la manière dans laquelle les événements étaient en train de se faire et il n'en aimait pas la tournure.
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L'Éternité d'Une Seconde
FantasySe voyant refuser le droit d'intégrer la secte du Bambou de Jade par l'abbé du monastère, le turbulent Yuan Sunjie se voit confié aux soins d'un vieil alcoolique, maître en cultivation. Mais alors que Yuan Sunjie s'élance sur la voie de la cultivati...