𝟏𝟔.

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Dans les jardins de notre demeure saisonnière, je me promenais parmi les fleurs. C'est alors que mon regard fut attiré par un Colias jaune et un Amiral bleu qui virevoltaient ensemble, se posant sur une fleur non loin de moi. Fascinée, je m'agenouillai à leur hauteur pour mieux les observer.

« Je veux être comme eux... » rêvais-je de posséder des ailes féeriques et de pouvoir voler.

Une ombre humaine se dessina sur l'herbe et avant que je ne puisse réagir, un pied s'abattit brutalement sur les deux papillons. Le choc m'immobilisa. Je levai les yeux et Cesare se tenait là, d'un regard glacial, inhumain.

« Pourquoi avez-vous fait cela ? » parvins-je à articuler, sentant mon cœur se briser. « Ils n'avaient rien fait de mal... »

« Sœurette... Vous devez comprendre quelque chose. »

Il se pencha à ma hauteur et d'un geste tendre, il essuya mes larmes.

« Ils étaient si beaux... » murmurai-je.

« Et c'est précisément pour cela que leur destruction est si satisfaisante. Tout ce qui est beau et fragile peut être écrasé en un instant. »

Le murmure du vent contre les volets fut la première chose que j'entendis en rouvrant les yeux. La douleur traversa mon crâne, m'arrachant un gémissement. D'un geste incertain, je portai une main à mon front et sentis un bandage. Instinctivement, je tentai de bouger mais la raideur de mon bras gauche m'arrêta net. Une attelle en bois l'immobilisait, maintenue par des lanières en cuir. Tout comme à ma cheville droite.

Je lâchai un soupir.

Quelle idée...

Tournant la tête, j'espérais voir Elise, assise dans un coin, veillant sur moi. Mais elle n'était pas là. La pièce était vide et seule la solitude m'entourait. Mon attention s'arrêta sur un chiffon humide posé sur la table de chevet.

Ma mère ? Ou Elise ?

Puis mon regard glissa sur une béquille.

J'ai besoin de sortir d'ici.

Prendre l'air, sentir la fraîcheur sur mon visage, c'est ce dont j'avais besoin là, tout de suite. Si je restais là, confinée entre ces murs, je finirais par penser à la noirceur qui pesait déjà sur ma conscience.

M'appuyant péniblement sur mon bras intacte, je me redressai jusqu'à m'asseoir au bord du lit. Attrapant l'appui en bois, je parvins à tenir debout —bien que vacillante. Pas après pas, j'avançai maladroitement, rythmée par le bruit sec de la béquille frappant le sol. Alors que j'atteignais l'escalier menant au rez-de-chaussée, des murmures attirèrent mon attention. Ils provenaient du salon. Intriguée, je ralentis la cadence et m'arrêtai pour jeter un coup d'œil à l'intérieur.

L'Impératrice était là.

Vêtue d'une robe bleu roi, elle tenait entre ses doigts une tasse en porcelaine. Assise en face d'elle, ma mère paraissait tendue mais l'Impératrice lui murmurait des mots qui avaient l'air de la consoler. Non loin d'elles, des Hassassyīns montaient la garde, immobiles comme des statues.

Mon cœur s'accéléra, bien malgré moi.

Est-il là ?

L'idée m'effleura, brûlante et invasive, m'incitant à scruter chaque détail à la recherche d'une silhouette bien particulière. Mais elle était absente.

𝐁𝐎𝐑𝐍 𝐓𝐎 𝐃𝐈𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant