VIII - L'Assassin

64 4 2
                                    

(Petite recommandation musicale à écouter pendant la lecture. C'est un thème que j'associe parfaitement à Lenalee, tout y est : la nostalgie, la beauté, la magie, la solitude, l'espoir et la tristesse.)

•─────────────────•

- Joyeux anniversaire, Lenalee !

La jeune sorcière déballa son cadeau avec enthousiasme. Elle avait cent vingt ans, aujourd'hui, et les célébrait en compagnie de Barnabos et d'Apollodoros, qui lui avaient préparé un succulent repas pour l'occasion.

Elle écarquilla ses yeux violets en découvrant, enrobée dans un tissu pourpre, une magnifique dague noire et argent, gravée de discrètes runes magiques et d'un pentagramme.

La lame était prodigieusement légère et maniable, offrant un équilibre et une souplesse sans égal. La sorcière effleura doucement la pointe de son index pour la jauger, prenant garde de ne pas se couper.

- Wouaw... souffla-t-elle. Elle est superbe... Merci beaucoup, vous êtes les meilleurs !

Elle se jeta au cou de ses parents adoptifs en riant, reconnaissante.

- T'as intérêt à y faire gaffe, fit Apollodoros, parce qu'elle nous a coûté cher... Aïe !

Son amant venait de le faire taire à l'aide d'un coup de coude dans les côtes, et rétorqua :

- Tais-toi, idiot, regarde comme elle est contente !

Lenalee souriait de toutes ses dents, et malgré la dague argentée entre ses petites mains et ses canines pointues, elle avait tout l'air d'une fillette innocente, qui fêtait son anniversaire en famille le plus normalement du monde.

- J'en prendrai soin... C'est promis !

Elle tritura le cadeau entre ses doigts, pensive.

Plus d'un siècle s'était écoulé depuis ce fameux anniversaire, et l'arme était encore comme neuve. A vrai dire, depuis qu'elle avait puni les meurtriers de ses parents adoptifs, elle n'avait que très peu servi. Mais la sorcière la conservait toujours précieusement, et la ressortait parfois dans l'unique but de la contempler d'un air nostalgique, tout en se remémorant cette époque où les choses semblaient si simples.

Lenalee poussa un profond soupir, affalée sur la grande table du laboratoire. Il devait être plus de minuit, mais elle n'avait aucune envie d'aller se coucher, préférant veiller et ranger un peu le labo désordonné - la brune avait la fâcheuse tendance à laisser tout le matériel en plan une fois son travail terminé. Un bougeoir éclairait faiblement la pièce, faisant danser son ombre sur les murs au rythme des vacillements de la petite flamme.

Cette journée avait été riche en émotions, entre sa rencontre avec l'Eau et sa baignade avec Lancelot. A présent qu'elle s'était retirée chez elle, sans Merlin pour lui faire la conversation, la démone se sentait seule : par conséquent, elle avait bien besoin d'un petit remontant. Elle s'apprêtait à déboucher une bouteille, lorsque le grincement caractéristique de la porte d'entrée la fit sursauter.

Elle jura à voix basse, pestant contre celui ou celle qui s'était décidé à l'empêcher de picoler. Ce ne pouvait être Merlin, car celui-ci ne serait pas de retour du rassemblement du Loup avant plusieurs jours. Peut-être Arthur, qui ne trouvait pas le sommeil ? Non, il aurait frappé. D'ailleurs, n'importe qui à Kaamelott aurait eu la décence de se signaler avant d'entrer.

Cela ne pouvait signifier qu'une seule chose : un intrus se trouvait chez elle.

A peine eut-elle le temps de se retourner que la bougie fut soufflée, plongeant la pièce dans le noir complet. Avec un réflexe surhumain, Lenalee se saisit de sa dague et la pointa en direction de la porte d'entrée.

L'Enfant MiracleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant