XIV - L'Ivresse

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(Petite musique chill pour un chapitre qui l'est certes un peu moins, mais ça colle à l'ambiance)

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- Vous avez fait QUOI ?! hurla Arthur, en frappant son poing contre la Table Ronde, bouillonnant de colère.

- Ça va, la seule conséquence que ça a eu, c'est qu'ils sont rentrés au château sains et saufs, et moi j'ai pu cueillir mes champignons tranquillement...

- Non mais je m'en tape, des conséquences, nom d'un chien ! Quand je vous demande un truc, vous le faites ET PUIS C'EST MARRE ! J'en ai plein le cul que vous remettiez en question tout ce que je vous dis... d'autant plus que j'ai l'impression que ça devient personnel !

Lenalee haussa les sourcils, ne comprenant pas bien où le Roi voulait en venir.

- Personnel ? Mais pourquoi vous dites ça ?

Arthur eut soudain l'air exténué, comme s'il ne supportait plus le poids de sa propre couronne.

- Quand c'est Lancelot qui vous demande de le couvrir pour aller abattre un putain de dragon, vous foncez dans le tas, mais moi - qui suis quand même votre supérieur militaire, je vous le rappelle - j'ai juste besoin que vous me rendiez un tout petit service, dit-il d'une voix presque suppliante, eh ben non, madame n'en fait qu'à sa tête et se débarrasse de ses petits camarades sous prétexte qu'ils lui cassent les pieds ! Si j'avais dû faire ça à chaque fois qu'un de mes chevaliers me tape sur le système croyez-moi qu'on serait plus très nombreux à Kaamelott !

La sorcière se sentit honteuse. Elle commençait à regretter son geste ; non par rapport à la frayeur d'Yvain et de Gauvain, qui l'avait bien fait rire, mais par rapport à la détresse de son Roi. Ces derniers temps le pauvre était au bord de la crise de nerfs, ce qui était parfaitement compréhensible vu l'incompétence de la plupart de ses compagnons d'armes. Pour ne rien arranger, les cernes noirs qui soulignaient ses yeux trahissaient son manque cruel de sommeil. Lenalee le soupçonnait même d'avoir perdu l'appétit au vu de ses joues creusées, et elle ne souhaitait en aucun cas participer à sa déchéance.

- Je suis désolée, Sir, dit-elle d'une voix sincère.

Il poussa un profond soupir.

- "Je suis désolée, je suis désolée"... C'est toujours pareil, avec vous. Je crois en votre bonne foi, mais vous ne réfléchissez qu'après avoir agi. Qu'est-ce que je vais faire de vous, bon Dieu ?

La sorcière baissa les yeux tandis qu'Arthur se massait les tempes.

- Bon, déclara-t-il finalement. Au final, il ne s'est rien passé de grave, je vous l'accorde. Alors vous allez m'offrir un verre, parce que j'en ai bien besoin, et on va oublier toute cette histoire. Ne me mentez pas, dit-il alors qu'elle s'apprêtait à protester ; je sais que vous faites venir en douce du vin du Continent en contournant les taxes d'importation.

- Je suis si prévisible que ça ? fit-elle avec un sourire gêné.

- Si vous l'étiez, je vous aurais jamais confié mon neveu et mon beau-frère, pour commencer.

"Un verre", avait-il dit. "Pas plus de deux", s'était-elle promis. Alors d'où sortaient tous ces cadavres de bouteilles qui jonchaient la table du laboratoire ?

C'était toujours la même chose avec Lenalee. Dès qu'elle commençait à boire, il lui était impossible de s'arrêter. Si une horde d'ennemis déferlait sans crier gare dans les couloirs du château, elle les combattrait son verre à la main, en tâchant d'en reverser le moins possible par terre.

L'Enfant MiracleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant