Chapitre 9

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J'attendais depuis plus de deux heures. Ma douleur à la cheville n'avait pas diminué, m'arrachant quelques fois des plaintes quand je bougeais pour calmer les crampes qui attaquaient mes muscles à force de rester dans la même position. J'avais surtout mal aux fesses en faite. L'attente était beaucoup trop longue, j'espérai au plus profond de moi que Newt avait retrouvé son chemin et qu'il était, en ce moment même, à ma recherche accompagné de Gally. Le feu dans mes poumons s'était un peu calmé, ce qui me permettait de respirer convenablement malgré la panique qui accélérait les battements de mon coeur. Je passai mes mains sur mon visage, la sueur collait le long de mes tempes, collants les mèches rebelles qui s'étaient échappées de ma natte à mon visage. Je ne savais plus quoi faire, j'avais l'impression d'attendre tout simplement que la mort vienne pour me prendre. Il n'y avait qu'une seule pensée qui me rassurait, c'est que nous avions jamais vu un griffeur sortir le jour. A cette réflexion, un soupir de soulagement sortit de ma bouche tandis que mes yeux se fermaient alors que je mettais ma tête en arrière d'un geste désespéré.

_Lily ! Entendis-je à ma droite, me réveillant soudainement de ma petite insomnie.

_Je suis là ! Newt, Gally, je vous en supplie, dépêchez-vous ! Hurlai-je à mon tour en me redressant correctement, cherchant des yeux les deux blocards.

Je n'avais jamais été si soulagé de toute ma vie, du moins, de ce que je me souvenais, que lorsque que je vus au détour du couloir deux formes humaines accourir vers moi.

_Oh mon dieu, t'es dans un état ma vieille, tu fais peur.

_Merci Gally, ça me touche, vraiment, répondis-je ironiquement tout en levant mes yeux fatigués vers lui. Faites moi sortir de là ou sinon je vais devenir folle.

Le grand bâtisseur lâcha un petit rire avant de me prendre sous les bras avec délicatesse pour me relever, je ne pus réprimer une grimace en posant le pied à terre. Je serrai les dents pour m'empêcher de crier de douleur alors que Newt passait son bras autour de ma taille pour me maintenir debout le temps que Gally se retourne pour ensuite me prendre sur son dos. J'enroulai sans attendre mes bras autour de son cou et mes jambes autour de sa taille qu'il maintenait avec ses mains pour plus de sécurité.

_On devrait se dépêcher, fit Newt en passant devant nous pour recommencer à courir.

Je lançai un regard rapidement à la montre accrochée à mon poignet, il nous restait à peine deux heures avant la fermeture des portes. J'avais légèrement peur de ralentir la cadence de Gally avec mon poids, pas que j'étais énorme, mais même une personne très mince pèse lourd, surtout quand on court.

_Allez mon cheval, au galop, marmonnai-je dans l'oreille de mon porteur tout en posant ma tête sur son épaule, un léger sourire aux lèvres.

_Ton cheval il va te laisser ici, tu vas rien comprendre jeune fille.

Je ne pus retenir un gloussement à sa réponse, j'aimais beaucoup taquiner Gally, depuis son premier jour au bloc. Je n'avais pas arrêté de me moquer de lui car il avait pleuré, alors que moi, le premier jour je suis arrivée dans cette endroit, je mettais presque fait dessus, à cause de la peur. Tous ces souvenirs me firent sourire inconsciemment tandis que je papillonnai des yeux, les légers sursauts que faisait le bâtisseur dans sa course me berçait doucement, jusqu'à ce que je m'endorme complètement.

_Cours Gally, ne t'arrêtes pas, cours !

Je me réveillai brutalement suite à ce cri, la voix de Newt résonnait dans mes oreilles alors que je sentais Gally courir de plus en plus vite, me secouant de plus en plus, accentuant ma douleur au pied. Je ne comprenais pas ce qu'il se passait, pourquoi Newt criait à Gally de se dépêcher, pourquoi celui-ci courait aussi vite et pourquoi j'entendais des bruits métalliques derrière moi.

_Mais je fais ce que je peux, espèce de tocard ! Hurla à son tour le garçon qui me portait tout en prenant un virage à droite.

Je le ralentissais, je le savais très bien. Il était tout rouge, suant à grosses gouttes et avait plus de cinq mètres d'écarts avec le blond qui courait devant nous. Le griffeur lâcha un cri qui me fit sursauter, le simple fait de le sentir dans mon dos me donna un long frisson dans la colonne. C'était impossible, nous étions en pleine journée, le soleil brillait encore dans le ciel, alors que faisait ce monstre dans le labyrinthe à cette heure là ? Dans un élan de courage, je tournai la tête vers la gauche lorsque Gally prenait à un virage et je pus voir la chose la plus horrible du monde. On aurait dit une araignée avec un corps métallique et une tête fait de chair affreuse. Mes yeux s'étaient écarquillés à cette vue, me donnant presque la nausée. Je reposai ma tête sur l'épaule du blocard avant de jeter un nouveau coup d'oeil à ma montre, il nous restait trente minutes. Je devais faire quelque chose.

_Gally, lâches moi.

_Q-quoi ?! S'exclama-t-il d'une voix rauque et essoufflé sans pour autant ralentir.

_Je te ralentis, il faut que tu me laisses pour que tu puisses rentrer au Bloc, murmurai-je presque dans son oreille, déterminée.

_Et puis quoi encore ? C'est avec toi ou rien, marmonna-t-il en fronçant les sourcils, tournant un nouvelle fois à gauche, suivant le chemin de Newt alors que le griffeur lâchait un nouveau cri.

_C'est du suicide, vous n'allez pas vous en sortir avec moi comme boulet. Fais ce que je te dis ! M'écriai-je beaucoup plus fort, avertissant le nouveau de mon réveil.

Celui-ci ralentit légèrement pour être à la hauteur de Gally, sans pour autant arrêter de courir malgré le danger derrière lui. Pourquoi ne m'obéissaient-ils donc tout simplement pas ?

_Passes la moi, je vais la prendre, lâcha le blond en passant son sac sur son ventre pour laisser son dos libre.

Sans hésitation, Gally me fit passer de son dos à celui de Newt, sans vraiment m'y préparer, ce qui m'arracha un cri de douleur et nous ralentit tous. Je m'accrochai alors désespérément au corps de Newt qui reprit sa course un peu plus rapidement, suivit de Gally qui écartait les bras pour les dégourdir.

_Il ne nous lâchera jamais ! M'exclamai-je en parlant du griffeur, toujours à nos trousses.

Le bruit de ses pas se rapprochaient de plus en plus, résonnant dans mes oreilles comme si il me murmurait que ma mort était proche. Je tentai de tourner ma tête derrière moi, je vis alors quelque chose sortir de l'une de ses pattes, sans pour autant l'arrêter dans sa course, quelque chose de très pointu, brillant à la lumière, attaché à une sorte de réservoir, une seringue.

_Newt, à droite !

D'un seul coup, je vis l'aiguille me frôler les cheveux, au moment où le blond m'avait écouté et avait dévié sur le côté. Mon coeur avait loupé un battement. Au fond du couloir que le bleu venait de prendre, je pus enfin voir, à mon grand soulagement, les portes du Bloc mais à mon plus grand malheureux, elles étaient en train de se refermer. Je sentis les bras de Newt se serrer un peu plus autour de mes jambes alors qu'il accélérait, avec ses dernières forces, sa course pour rentrer vers tous les blocards qui nous attendaient. Le passage pour entrer rétrécissait de plus en plus, la panique me gagna, je fermai les yeux, le plus fort possible, priant pour rester en vie alors que les cris se propageaient dans ma tête, bousculant toutes mes pensées. J'allai mourir si près du but.

La chute que je fis dans l'herbe fraîche du Bloc était la meilleure chute de toute mon existence. Nous avions réussis. Nous étions revenus à temps. Je ne voulais plus jamais remettre les pieds dans ce foutu labyrinthe, plus jamais. J'ouvris les yeux et vis que j'étais encerclée de plusieurs blocards, le visage inquiet, cherchant à savoir si j'étais vivante ou pas. Je reconnus l'un d'eux comme étant Alby, un sourire se forma sur mon visage, un sourire de soulagement, de joie, de bonheur. J'étais plus qu'heureuse de le revoir et sans attendre, je me relevai en position assise pour me prendre dans mes bras. Son odeur naturel vint chatouiller mes narines, mon visage dans son cou, ses bras se resserrant contre moi. J'étais tellement bien, mais un cri me détacha violemment de mon meilleur ami. Mes yeux bruns se posèrent sur un attroupement qui entourait un corps, un corps inerte, allongé sur le ventre, une seringue énorme plantée dans le dos. Gally.


Le Labyrinthe MortelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant