Chapitre 6

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Je ne mis pas bien longtemps à trouver Newt, il était l'invité d'honneur et était donc au milieu du tas de blocards qui lui souhaitaient officiellement "bienvenue" avec une légère tape dans le dos. J'attendais alors sur le côté, un bocal remplit de la mixture secrète de Gally dans une main, le dos contre un tronc d'arbre, observant le blond qui suivait avec difficultés les différentes présentations qui fusaient dans ses oreilles. En attendant qu'il soit seul, je décidai d'aller vers le "buffet" qu'avait fournit Poêle-A-Frire pour cette soirée, à la place de faire un repas général pour tout le monde. Il n'y avait pas beaucoup de choix, mais ça changeait un peu des habitudes que l'on avait prit depuis plus d'un an. Après quelques secondes d'hésitation, je piochai dans un petit bol d'olives afin d'en déguster une, prenant au passage une gorgée de ma boisson alors que mon regard se posait sur la personne qui venait d'arriver à mes côtés. C'était Jeff, l'un des medjacks du bloc. Il se servit dans le bol de viande séchée avant de tourner son regard vers moi, un petit sourire amical collé au visage, que je lui rendis.

-Je ne sais pas pourquoi, peut être une intuition, mais j'étais sûr que tu étais vers le buffet, dit-il en pouffant légèrement de sa bêtise.

-Tu es un grand comique dis-donc ! Marmonnai-je en levant les yeux au ciel.

Il lâcha un nouveau rire avant de me prendre ma boisson des mains pour en boire un peu avant de me la rendre, reprenant un air sérieux, croisant ses bras sur son torse en se tournant complètement vers moi.

-Tu as refais de nouvelles crises ? Demanda-t-il en fronçant les sourcils d'un air contrarié alors que je détournai mes yeux pour les poser sur le feu crépitant non loin de nous.

-Une seule, quand je sortais des caisses de la Boîte, mais elle est passée rapidement, ne t'inquiète pas.

-Je ne peux pas ne pas m'inquiéter pour toi. C'est très grave ce que tu as, nous n'avons aucuns remèdes pour cela et tu le sais. Je t'avais pourtant dis de ne pas d'efforts importants, me disputa-t-il gentiment.

-Jeff, je ne peux pas passer mon temps à rester assise sur une chaise à ne rien faire ! M'exclamai-je en reposant mes yeux sur lui avant de continuer, demain je vais dans le labyrinthe avec le nouveau, personne à part toi le sait, je ne l'ai même pas dis à Alby.

Jeff voulut répliquer mais se fit couper par une voix grave et forte alors que je sentais une main se poser sur mon épaule. Mon sang ne fit qu'un tour dans mon corps alors que je déglutissais, paniquant légèrement.

-Me dire quoi ? Questionna Alby, je me mordis la lèvre, cherchant une excuse le plus vite possible, faisant surchauffer mon cerveau.

Je bafouillai quelques mots incompréhensibles, la chaleur me montait aux les joues pendant que mes yeux cherchaient de l'aide vers Jeff qui souriait de façon innocente à mon meilleur ami.

-Elle a encore mal à la dent, elle n'osait pas de te le dire, de peur que tu t'inquiètes, dit simplement le métisse en me faisant les gros yeux pour que je développe son mensonge tandis que le chef posait les siens sur moi.

-Je...Oui, c'est assez désagréable quand je mange mais on verra tout ça demain, ce soir, on s'amuse, ajoutai-je pour changer de sujet en claquant ma main sur le torse musclé d'Alby qui ne fit qu'hocher la tête bien que dans son regard, je vis un soupçon de doute et je ne pus que culpabiliser en le voyant repartir vers les autres blocards, je venais de lui mentir, pour la première fois, alors qu'il y a à peine heure, il me disait qu'il me faisait entièrement confiance, j'eus une énorme boule dans la gorge.

Après plusieurs minutes de recherche, je trouvai enfin Newt, assis au pied d'un arbre, le regard rivé sur les portes closes du labyrinthe, perdu dans ses pensées. Je le comprenais au fond, quand on arrive dans un endroit totalement inconnu et légèrement hostile sur les bords, on a le droit de se poser des centaines de questions et avoir l'air désorienté comme il l'était. Pour ne pas le brusquer, je décidai donc de m'avancer lentement et de m'asseoir doucement à ses côtés tandis qu'il revenait sur terre en tournant son visage vers moi.

-Tu viens encore me faire la morale pour me dire de ne pas être coureur ? Commença-t-il taquin, un léger sourire sur le visage, ce qui me fit rouler des yeux, amusée.

-Non, pas vraiment, c'est carrément l'inverse en fait. Il fronça les sourcils, interrogatif. Je ne sais pas comment Minho a fait, repris-je, mais il a convaincu Alby de te laisser une chance. Demain, tu pourras courir dans le labyrinthe. Mais, ajoutai-je en le voyant ouvrir la bouche, je t'accompagnerai et je jugerai moi-même si tu peux devenir oui ou non un coureur à part entière.

Il semblait heureux, même très heureux, son sourire s'était agrandit et ses yeux brillaient de joie alors qu'il me remerciait de lui faire enfin confiance et en rajoutant qu'il ne me décevrait pas. Je riais doucement à son trop plein d'enthousiasme avant de le couper en posant la paume de la main sur ses lèvres.

-C'est à Minho et Alby que tu dois dire tout ça, pas à moi, je te l'ais dis. Si ça ne tenait qu'à moi, tu serais torcheur ! M'exclamai-je, moqueuse avant de lui sourire amicalement.

Sans le voir venir, je sentis deux bras passer autour de ma taille avant de me retrouver collée au torse de Newt. Il m'avait prit par surprise et je restai un petit moment sans rien faire avant de poser tout de même une main sur son dos, le tapotant doucement avant de me reculer pour relâcher son étreinte. Après cela, il se leva et couru vers le maton des coureurs pour le remercier sous les yeux surpris de l'asiatique qui semblait prit de court.

Je pris une grande inspiration et m'allongeai complètement dans l'herbe fraîche de la nuit, le regard fixé sur les étoiles brillantes dans le ciel, me détendant de toute la pression qui pesait sur mes épaules à force de vivre dans le bloc. Je me posais souvent beaucoup de questions sans jamais trouver de réponses, je pouvais chercher au plus profond de ma mémoire, je n'arrivais pas à dire si j'avais ou pas une mère, un père, des frères ou des soeurs, même un chien qui sait. Une famille tout simplement. Peut être étions nous riches, pauvres, de classe moyenne ? Peut être que l'on vivait à la campagne ou en pleine ville ? Est-ce que j'étudiais dans une grande école ou avais-je déjà métier ? Trop de questions se bousculaient dans mon esprit et c'est sur ces dernières que je m'endormis malgré le bruit infernal des blocards qui résonnait entre les quatre murs de béton qui nous coupaient du monde extérieur.


Le Labyrinthe MortelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant