Chapitre 10

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Ce fut pendant plus de cinq jours que les cris de Gally résonnaient jour et nuit dans le Bloc. Il subissait ce qu'on appelait la Transformation, elle était arrivée après que Jeff lui ait injecté un produit qu'on pourrait qualifié de spécial. Ces seringues étaient envoyées chaque mois, avec le nouveau, par les Créateurs, dans une petite boîte métallique où était gravée "W.C.K.D", plus précisément, WICKED, ce qui voulait dire, d'après un énorme panneau incrusté dans l'un des murs du labyrinthe "World In Catastrophe: Killzone Experiment Department. 

Perdue dans mes pensées, je n'avais pas entendu la personne qui s'était assise à côté de moi avant que celle-ci pose sa main sur ma cuisse, me faisant sursauter. Je tournai alors mes yeux vers l'individu qui m'avait presque fait faire une crise cardiaque, pour tomber sur un bel asiatique. Minho. Il avait son éternel sourire moqueur collé aux lèvres même si dans son regard, il n'y avait pas la même étincelle qu'il y avait auparavant, ses yeux noirs étaient beaucoup plus ternes. Je me redressai correctement, étant tombée du tronc d'arbre sur lequel je m'étais assis à cause de mon sursaut, et me rassis à ma place, aux côtés du coureur.

_Tu n'as pas été courir aujourd'hui ? Demandai-je pour mettre fin au silence qui s'était installé entre nous.

_Non, j'ai eu le droit à une journée de repos par Alby, expliqua-t-il avant de continuer. Sinon, toi, comment ça va ?

Je ne répondis pas tout de suite à cette question, car en faite, je ne savais pas quoi répondre. Physiquement, j'allais bien, malgré ma cheville toujours en compote que Jeff avait soignée avec un bandage et une pommade. Mais mentalement, je me sentais anéantie, je ne pouvais concevoir de perdre encore un ami. Je n'avais toujours pas fait mon deuil pour le décès de Joe, alors si Gally venait à mourir, je ne savais pas du tout si je pourrai encaisser.

_Oui, je vais bien, juste un peu fatiguée, mentis-je en lui adressant un grand sourire forcé.

_Tu m'étonnes que tu sois fatiguée, tu ne dors même plus la nuit, alors que j'allais répliquer quelque chose, il m'interrompit. Oui, je t'entends pleurer les soirs, bouger, marcher, revenir, t'asseoir, te lever. En plus tu boites donc niveau discrétion, c'est loupé.

Je baissai la tête, me mordant la lèvre, affreusement gênée que Minho m'ait entendu pleuré, moi qui voulait que personne le sache. D'un geste nerveux, je passai ma main dans mes cheveux pour les ramener en arrière avant de sentir deux mains se poser sur mes joues pour relever mon visage. Je ne pus m'empêcher de rougir en me retrouvant à quelques centimètres du visage du coureur, m'obligeant à plonger dans ses yeux en amande et me faisant lâcher ma lèvre inférieur qui commençait à se couper entre mes dents.

_Hé princesse, tu n'as pas a avoir honte, c'est normal de pleurer, au moins, ça me prouve que tu es humaine. Je lâchai un petit rire, faisant naître un fin sourire sur son visage. Je n'en ai parlé à personne et je n'en parlerai à personne, tu peux me faire confiance. Et tu sais.. même si pour moi, Gally est le pire des tocards dans ce Bloc, ça me ferait vraiment chier qu'il meurt.

Je lui donnai un coup pour son langage grossier mais le pris directement dans mes bras, le remerciant dans ce câlin pour son soutien. Il l'avait bien compris car il resserra ses bras musclés autour de ma taille en posant son menton sur le haut de ma tête avant de se décoller lentement pour poser ses lèvres sur mon front et partir sans un mot de plus vers les champs.

Les portes venaient de se fermer dans un bruit infernal, comme d'habitude, annonçant la fin d'une longue journée de travaille pour les blocards qui finissaient ce qu'ils avaient commencé pour ensuite tout laisser afin de se détendre en se retrouvant entre eux ou en allant se laver ou au moins se rafraîchir. Pour ma part, j'avais décidé, puisque que je n'avais rien fait de la journée, d'aider Poêle-à-Frire en cuisine, le pauvre cuisinier était dépassé par toutes les patates qu'il devait éplucher. Et ce fut donc dans un élan de bonté absolu que j'avais pris un couteau, le sac à pomme de terre, un sceau vide et un tabouret pour commencer le travail. C'était long, très long, tellement long que j'eus une crampe à l'avant bras, ce qui me fit faire un faux mouvement et le couteau, au lieu de couper la peau du féculent, coupa la mienne, dans un cri déchirant qui venait de mes cordes vocales. Sans attendre, je lâchai tout ce que j'avais dans les mains et courus, en boitant, vers la ferme pour que l'un des medjacks me soigne. Je montai les escaliers défoncés avec difficulté avant d'ouvrir la porte et de me mettre à chercher des compresses pour ma coupure. Alors que j'ouvrai un tiroir au hasard, une voix m'interpella, me faisant arrêter tout mouvement. Lentement, je me retournai vers la personne et laissai tomber la serviette ensanglantée sur le sol, choquée.

_Gally ?


Le Labyrinthe MortelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant