Chapitre 4

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Mon regard resta bloqué plusieurs secondes sur le blond, qui lui, attendait une réponse avec impatience. Voyant que je ne réagissais pas, il secoua l'une de ses mains devant mon visage, ce qui me fit revenir à la réalité, brusquement, peut être même un peu trop.

-Mais ça ne va pas ? Être coureur est extrêmement dangereux, il faut être très physique et avoir une excellente mémoire ! M'exclamai-je en le regardant dans les yeux.

-Je suis certain de pouvoir tenir une grande distance sans être fatigué, rétorqua Newt d'une voix calme mais légèrement agacée.

-Là n'est pas la question, tu peux être plus rapide qu'un jaguar, si tu perds ton chemin et que tu ne rentres pas avant que les portes ne se referment, tu es mort. Personne n'a survécu une nuit dans le labyrinthe.

-Tu ne me connais même pas, comment peux-tu savoir si j'ai le sens de l'orientation ou pas ?

-Sache que la personne qui est venue avant toi, le mois dernier, m'a dit la même chose, j'ai fais l'erreur de le croire et il n'a jamais repassé les portes, je ne la referai pas une deuxième fois, articulai-je difficilement, la mâchoire serrée en me souvenant de ce terrible souvenir. Il s'appelait Joe, il avait à peu près seize ans, roux avec des yeux verts éclatants de joie, il avait toujours le sourire collé aux lèvres malgré l'enfer dans lequel nous vivions. Il faisait en quelques sortes, vivre le Bloc avec sa bonne humeur, personne ne le détestait, il était vraiment adorable avec tout le monde. Puis un jour, il a décidé de devenir coureur, c'est vrai qu'il avait un physique assez sportif et se souvenait toujours de ce qu'on lui disait, j'ai donc accepté de lui donner sa chance. Je n'aurais pas . Aujourd'hui encore, je regrette de l'avoir laissé passer les portes. Le soir même, tous les autres coureurs étaient revenus depuis un bout de temps, il manquait à l'appel. J'ai attendu et encore attendu quand un violent courant d'air vint frapper mon visage, les portes allaient se refermer et toujours aucun signe de lui. Puis enfin, au fond du couloir, j'ai vu une ombre mais c'était trop tard, il était beaucoup trop lent, il avait sans doute tomber car il boitait. Il ne fut pas assez rapide pour rattraper les portes et l'entrée se ferma, il appartenait au labyrinthe, m'avait dis Alby. J'en avais pleurer, je crois que je n'avais jamais autant pleurer de toute ma vie, enfin, de ce que j'ai comme souvenirs restant. La nuit, je suis restée devant les portes et j'ai entendu son hurlant, j'ai entendu sa souffrance, j'ai entendu son supplice puis un autre bruit l'a couvert. Ce n'était pas un cri humain, le bleu, on les appelle les griffeurs. On ne les a jamais vue, mais ils sont bien .

Minho avait baissé la tête pendant mon monologue, le silence complet régnait dans la cantine, tout le monde m'avait écouté parler. Je relevais mes yeux, que j'avais baissé pour regarder les poings serrés, pour observer la réaction du nouveau. Il avait ses yeux bruns grands ouverts, choqué. Je lâchai un petit soupir avant de me lever du banc, l'enjamber et partir me servir le plat que nous avait préparé Poêle-A-Frire. Le repas se passa dans le calme.


Le Labyrinthe MortelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant