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« Il était généreux. Il était gentil et je pense qu'il était l'âme la plus altruiste du monde. Il aidait toujours les personnes qu'il croisait et qui avaient besoin d'assistance. Tous les samedis, il aidait notre voisine à faire ses courses. Et tous les soirs, il m'aidait à soigner mes blessures. Je ne sais pas pourquoi il le faisait. C'était juste sa façon d'être. Il aidait et ne demandait rien en retour.

Nos parents l'ont toujours adoré, alors que moi ils me détestaient. À une époque je les comprenais. Moi aussi, je l'aimais et me détestais. Je ne comprenais pas comment quelqu'un pouvait ne serait-ce que me tolérer. Ça, Thomas ne le savait pas. Il ne l'a découvert que lorsqu'on a eu sept ans. Le matin de notre anniversaire, il m'a dit qu'il m'aimait. Ce n'était pas la première fois, loin de là, mais ce jour-là j'ai craqué et je lui ai demandé pourquoi. Alors il m'a expliqué pourquoi il m'aimait. Il m'a donné sept raisons. Et à partir de ce jour, tous les ans à notre anniversaire, il me donnait autant de raisons de son amour pour moi que d'années passées ensemble. Il ne m'en a donné que onze. Mais chaque année, le jour de mon anniversaire, j'avais une nouvelle raison de vivre. Une nouvelle raison de me tolérer. Je ne me suis jamais réellement aimée. Ça, j'ai appris à le faire avec toi Louis.

La même année, l'année de nos sept ans, j'ai rencontré Leslie. On était dans la même classe à l'école et la maîtresse nous avait placé à côté. Je ne l'avais jamais vue avant, surtout parce que je n'étais pas très sociable. Mais j'ai découvert qu'elle était nouvelle. Alors je me suis dit que je pouvais lui parler, qu'elle ne savait pas à quel point j'étais horrible et que peut-être, j'arriverais à être son amie. Et j'ai réussi. On est devenues amies. Meilleures amies. On était toujours collées ensemble. Elle est devenue amie avec mon frère aussi et on faisait toujours tout ensemble, tous les trois. Nos parents nous autorisaient à aller dormir chez elle, même moi. Ils voulaient paraître gentils devant ses parents alors ils se tenaient bien. Quand je m'en suis rendu compte, je me suis arrangée pour que mon frère et moi allions chez Leslie tous les vendredis soirs. C'était ma bouée de sauvetage.

Un soir quand on avait neuf ans, un documentaire sur une célèbre patineuse artistique — je ne sais plus son nom, est passé à la télé et Leslie a voulu essayer d'en faire. On a décidé de s'inscrire à la patinoire de la ville voisine. Nos parents ont accepté et c'est la mère de Leslie qui nous a amené aux inscriptions. Nous étions censés nous inscrire tous les trois ensemble au cours de patinage artistique mais une affiche a attiré mon œil et j'ai voulu essayé le hockey sur glace. Alors Thomas et Leslie se sont inscrits au patinage artistique et moi j'ai réussi à entrer dans l'équipe de hockey. Les entraînements étaient en même temps alors on a réussi à aller à la patinoire ensemble, comme c'était prévu.

Je me souviens d'un jour particulier, quand j'avais dix ans. Ça faisait un an que j'étais dans l'équipe et j'étais devenue vraiment bonne. En tout cas c'est ce que le coach disait. J'étais tellement bonne qu'il m'a fait faire un match. Mon premier match. Quand il me l'a dit j'étais super contente, j'ai pris Thomas dans mes bras et il m'a serré super fort. J'ai pleuré ce jour-là, dans ses bras. Parce que pour la première fois de ma vie, quelqu'un d'autre que mon frère ou Leslie m'a donné de l'importance. La semaine d'après j'ai commencé les entraînements pour le match, et deux semaines après j'ai joué. J'ai joué devant Thomas et Leslie et ses parents et devant des dizaines d'autres gens. Quand j'ai vu toutes les personnes dans les gradins j'ai stressé. Je ne savais plus quoi faire, j'avais peur de tout gâcher et de faire perdre mon équipe. Mais j'ai croisé le regard de Thomas. Il m'a regardé, m'a donné un pouce en l'air et un sourire rassurant et c'est tout ce qu'il m'a suffit. J'ai joué, j'ai marqué et mon équipe a gagné. Si tu savais à quel point j'étais heureuse ce jour-là. Je me suis précipitée hors de la patinoire et j'ai serré Thomas dans mes bras. Leslie et ses parents sont arrivés et ils nous ont pris dans leurs bras aussi. À ce moment là, je me suis sentie comme si je faisais partie d'une famille. Même si ce n'était pas la mienne, même si ce n'était pas mes parents, je me suis réellement sentie en famille.

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