J'avais raison. Lorsque nous avons raccroché cette nuit là, je me suis persuadée que Louis ne se souviendrait de rien, et que je serais la seule qui porterait le souvenir de ce coup de fil rempli de douleur, de mélancolie... d'espoir ? Louis ne s'en souvient pas, et il n'a jamais essayé de me recontacter par la suite. J'ai hésité à lui envoyer des messages. À lui souhaiter son anniversaire, Noël, le Nouvel An, à le féliciter pour sa nouvelle chanson. Mais je ne peux pas me lancer là-dedans. L'oublier est dur, et je ne peux pas me compliquer les choses. J'essaye de me convaincre que l'avoir de nouveau dans ma vie est tout bonnement impossible, et que son silence m'est bénéfique. J'essaye de me convaincre que sa voix ne me manque pas, et que je n'aimerais pas revenir à il y a quatre mois, quand sa voix résonnait dans mes oreilles à travers mon téléphone. J'essaye de me convaincre que je n'ai pas besoin de lui. Plus besoin de lui. Mais j'ai beau essayé, je ne parviens à rien. Ses chansons sont passées en boucle dans mes écouteurs, ses paroles sont encrées dans mon esprit et ne partent pas. Je me repasse notre conversation téléphonique et me raccroche à son tu me manques qui a fait se retourner mon cœur. Son prénom traverse mon esprit chaque seconde. Chaque battement sonne comme son prénom. Louis Louis Louis.
Ça a été les trois ans les plus durs de ma vie. Le perdre a été comme perdre une partie de moi-même encore une fois. Je suis fatiguée de perdre des bouts de mon âme. J'aimerais récupérer le bout que Louis m'a volé plus que tout, mais je sais que c'est impossible. Je ne sais même pas si c'est ce que je veux réellement. Parce que récupérer ce bout voudrait dire tourner la page. Et même après trois ans, je ne pense pas en être capable. Je sais que je ne l'aime plus (je ne l'aime plus, pas vrai ?). Mais je sais que je ne peux pas l'oublier non plus. Et pour la millième fois en quatre mois, j'essaye de réprimer ce besoin de le voir. De le toucher, de le sentir, de l'entendre prononcer mon nom. Cette envie de sentir ses bras autour de moi, et ses lèvres contre les miennes, de respirer son odeur tandis qu'il murmure dans mon oreille qu'il m'aime plus que tout. D'accord, peut-être que finalement mes sentiments sont encore un peu présents. Mais ça ne change rien au fait que Louis n'est pas là, avec moi. Qu'il ne me tient plus dans ses bras, qu'il ne me murmure plus qu'il m'aime, et que la seule chose que j'ai pour me raccrocher à lui sont quelques t-shirts et pulls. Et quelques chansons.
Pendant des semaines après son coup de fil, je les ai écouté en boucle. À m'en rendre malade. Et il a beau me manquer, j'ai beau avoir besoin d'entendre sa voix, je n'en peux plus. Parce qu'elles me donnent de l'espoir et que je ne peux pas avoir de l'espoir, pas à propos de nous. Et là, tout ce que j'ai envie de faire, c'est arracher les hauts-parleurs du plafond de ce magasin avant que mon esprit n'explose. Sa voix résonne dans mes oreilles et je vois les filles me lancer des regards inquiets. C'est quand je me rends compte que je me suis arrêtée en plein milieu de l'allée, une veste en jean à la main, le regard dans le vide et la bouche entrouverte.
— Hannah, tout va bien ? demande doucement Leslie en posant sa main sur mon épaule.
Danielle et Clara se rapprochent de nous et m'entourent mais j'hoche la tête.
— Oui. Ça va.
Les filles me jettent des coups d'œil inquiet mais je leur donne un léger sourire et nous continuons notre shopping. La voix de Louis se faufile toujours dans mon esprit bien longtemps après que la musique ait changé. Ses paroles s'impriment dans mon cerveau et son visage m'apparaît à chaque battement de mon cœur. Le tatouage sous ma clavicule brûle ma peau, rappel constant de ce que je n'ai plus. Une maison. Un endroit où je me sens bien, moi-même, en sécurité. Tout est parti quand je suis partie. Des fois j'imagine ce qu'il se serait passé si j'étais restée. Si j'avais accordé une autre chance à Louis au lieu de fuir. Puis je me souviens qu'il a fui en premier. Que c'est lui qui m'a laissé tomber, qui m'a trahi et que tout est de sa faute. Mais son erreur n'empêche pas le manque de s'insinuer dans mon cœur.

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Always You
Hayran Kurgu« -Je voulais être la cause de ton sourire et au final tu es la cause du mien. T'as peur d'être avec moi, mais moi j'ai peur d'être sans toi. » « -J'ai besoin de toi Louis. » « -Alors je peux être ton petit ami ? » « -Prête si tu es prêt. » « -Je t'...