Boldness

Chapitre 27 : chagrin

   Tout comme il y a deux versions à chaque histoire, il y a deux versions à chaque personne. Une version que nous révélons au monde et l'autre que nous gardons cachée. Une dualité gouvernée par l'équilibre de la lumière et de l'obscurité. Chacun de nous a la capacité d'accomplir le bien et le mal mais ceux qui sont capables de brouiller la ligne de division morale détiennent le vrai pouvoir.

   Nous avons tous des secrets que nous gardons cachés aux yeux du monde. Des amitiés que l'on prétend. Des relations que l'on cache. Mais les plus dangereux secrets qu'une personne puisse déterrer sont ceux qu'on garde en nous.

   Je savais que James cachait quelque chose. Mais pas ça. Comment aurais-je pu me douter que lorsque je parlais de Dean, je parlais en réalité de son oncle ? Il m'a caché la vérité, notre relation n'est basée que sur des mensonges. Il me connaissait bien avant que je le connaisse. Il connaissait mon nom, ma famille, que j'habitais en France. Il a fait semblant pendant toutes ces semaines de s'intéresser à moi. Alors qu'il savait déjà tout.

   — Léo, ça va faire cinq jours que tu es là.

   La tête dans les oreillers, je ne réponds pas à Sam debout, sans même le regarder je sais qu'il a les bras croisés et la mine réprobateur.

   — C'est d'ailleurs aussi la dernière fois que tu as pris une douche. Sérieusement ma vieille, sors toi de là.

   Il s'assoit sur le lit, ce qui fait grincer les lattes en bois. Je me redresse les yeux bouffis et passe une main dans mes cheveux.

   — Une tornade est passée par là ou quoi ? Dit-il en avisant mes cheveux.

   Je renifle et tente de les peigner. Peine perdue.

   — Oui. Et elle s'appelle James Coleman.

   Il souffle et se lève.

   — Fais lui en baver à ton James.

   — Il ne sait pas que je suis ici, n'est-ce pas ?

   — Non. Je vais au chalet tous les jours. Ils sont persuadés, sauf Callie qui sait tout, que je ne sais pas où tu es.

   Je hoche la tête et avale difficilement ma salive.

   — Comment va-t-il ?

   Je me donnerais des baffes. Il t'a menti Léo. Crois-tu qu'il avait autant d'états d'âme lorsqu'il a couché avec toi ?

La ferme conscience.

  — Dans le même état que toi, dit Sam. Il retourne toute la ville pour te retrouver. Allez, allons te débarbouiller.

   J'acquiesce et pars prendre une douche.

   Je fais ma première sortie en presque une semaine. Je pars chercher un chocolat chaud dans un petit café juste à côté de chez Sam.

   Je ne prends même pas la peine de regarder autour de moi. C'est stupide je sais, avec les hommes qui recherchent Mona dans les parages, mes sens devraient être en alerte. Que voulez-vous, je ressemble à un zombie. Les zombies n'ont pas de cœur non ? Parce que j'ai l'impression qu'on m'a arraché le mien.

   C'est fou, depuis le début j'essaye de me préserver. De rester à distance, mais il a fallu d'une nuit pour que je tombe. En réalité, c'était bien plus qu'une nuit, c'était même toutes les nuits avant celle-ci. Mais je ressens seulement ce trou béant dans la poitrine. James est parti. Son humour et sa foutu fossette aussi.

   Il y a énormément de monde dans le café, des couples s'embrassent, des amis rigolent, et il y a moi. En plein milieu, se demandant ce que je fais là.