28 - Adieux déchirants

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- Isil ! Appela Bombur. C'est l'heure.

La Semi-Elfe s'excusa auprès de Dain, et suivit le Nain à barbe rousse. Ils traversèrent maint couloirs avant d'arriver au devant d'Erebor. Le soleil se frayait un chemin à travers la roche, et illuminait les mines.

Isil s'avança aux côtés de la compagnie, positionnée derrière Balin, qui faisait ses adieux à Bilbon. Le Nain se retourna, et le Hobbit put voir ce qu'il restait de la compagnie. Il leur sourit tendrement et fit un pas hésitant dans leur direction.

- Si jamais vous passez par Cul-de-Sac... le thé est à 4 heures. Inutile de frapper.

De petits rires amusés s'élevèrent. Bilbon se retourna. Il allait partir quand il sembla se rappeler de quelque chose. Sa tête se tourna vers le Magicien qui l'attendait, perché sur son cheval. Il sembla comprendre. Gandalf écarta les pans de sa tunique, pour laisser passer une tête rousse.

Hamal tourna sa tête vers Isil. Il sauta du cheval, et s'élança vers l'assassin. Elle ouvrit ses bras pour que l'enfant vienne s'y nicher. L'Elfe la serra du plus fort possible, tandis que des larmes silencieuses s'échappaient de ses petits yeux larmoyants.

- Je ne veux pas te quitter ! Sanglota l'enfant.

- Tu ne me quittes pas. Rassura Isil. Je reviendrai te chercher.

- Pourquoi ne puis-je pas rester avec toi ?

- Hamal. Soupira la brune. Je t'ai déjà expliqué que je dois partir à la recherche d'une connaissance avec un ami. Bilbon a gentiment accepté de s'occuper de toi jusqu'à ce que je revienne. Sois gentil avec lui.

- Mais...

- Hamal. Je reviendrai. Tout ira bien.

Le petit garçon renifla une dernière fois, avant de se frotter les yeux avec ses manches. Il essuya ses dernières larmes, puis déposa un petit baiser sur la joue de la Semi-Elfe. Elle lui sourit tendrement, et le laissa filer retrouver Gandalf.

Hamal, aidé de Bilbon, se hissa devant Gandalf. Celui-ci sourit une dernière fois à la compagnie et s'élança au galop, suivi du Hobbit. Quand ils ne furent plus qu'un petit point au loin, les Nains retournèrent dans la Montagne, laissant Isil fixer l'horizon.

Elle songea à l'avenir d'Hamal. Son petit protégé serait en sécurité avec Bilbon. Et puis, Gandalf ne serait jamais loin de la Comté.

Isil soupira puis revint sur ses pas. Elle s'était dit qu'avec le départ d'Hamal elle partirait de suite pour le campement des Elfes, avant qu'ils ne partent, mais réfléchit un instant sur ce point.

La Semi-Elfe siffla. Un instant plus tard, Azur arrivait dans une fanfaronnade de sabots frappant le sol. Sans se poser de question, elle grimpa sur son dos et partit au triple galop en direction du sommet de la montagne. Peut-être réussirait-elle à trouver un tant soit peu de paix à l'abri des regards et de tous ces gens qui ne voyait en elle qu'une ignoble criminelle. Car oui, plus tôt, dans la journée, alors qu'elle traversait le campement des Elfes, ces derniers avaient eu la gentillesse de lui cracher dessus.

Isil chassa ses pensées sombres de son esprit et fit ralentir Azur. Le cheval était résistant mais il avait lui aussi ses limites.

- Oh là, mon beau.

Ils galopèrent encore quelques minutes, avant de s'arrêter sur un point dominant la vallée. Isil regarda les Elfes se préparant à repartir chez eux. Leur départ était imminent. Parmi toutes ces têtes rousses et noisettes, la Semi-Elfe en repéra une, plus familière. Chevauchant derrière son père, il avait le regard porté sur l'horizon. Alors que l'assassin se perdait dans la contemplation de son profil, elle entendit brusquement des pas derrière elle.

En proie à un de ses réflexes, elle dégaina l'une de ses épées, et la stoppa à l'instant où l'acier allait entrer en contact avec le cou du nouveau venu. Ou plutôt de la nouvelle venue.

Tauriel leva les mains en l'air, dans un geste de paix. Bien que réticente à laisser quelqu'un troubler sa tranquillité, Isil rangea sa lame dans son fourreau et, d'un regard, invita l'Elfe à s'asseoir à ses côtés.

- Que me vaut le plaisir de votre compagnie ?

- Rassurez-vous, je ne viens pas de la part de mon souverain.

- Dans ce cas, pourquoi n'êtes-vous pas avec vos congénères ? Il me semble que le départ est proche.

- Certes. Mais je voulais vous parler. En privée.

- Je suis toute ouïe.

Tauriel parut hésiter un léger instant.

- J'ai appris pour la mort de vos parents. Je suis désolée.

- Cessez de tourner autour du pot.

- Comment avez-vous fait ? Lâcha l'Elfe de but en blanc.

- Je... pardon ? Fit, décontenancée, Isil.

- Comment avez-vous fait pour surmonter cette peine ? Je ne puis désormais imaginer ma vie. L'amour que je lui portais était bien trop fort.

L'archère se tut, attendant la réponse de l'assassin.

- Je ne sais pas. Répondit enfin celle-ci. J'avoue n'avoir presque aucun souvenir de la mort de mes parents, ainsi que des événements qui ont suivi. Je me rappelle d'une douleur horrible dans mon cœur, mais... C'est extrêmement difficile à expliquer. Je me souviens seulement de la souffrance ressentie lorsque les Elfes m'ont emmené, en tentant de me faire comprendre que j'étais désormais orpheline. A vrai dire, il semble irréel de ne pouvoir se rappeler de ce moment, il devrait m'avoir marqué. Mais, je ne sais presque rien. Peut-être est-ce justement du au choc de la nouvelle.

- Je comprends.

- Évidemment que vous comprenez. Vous êtes aussi orpheline et vous venez de perdre l'homme qui faisait battre votre cœur.

Tauriel baissa lentement la tête, dans un acquiescement silencieux.

- Cependant. Reprit Isil. Je ne doute pas d'une seule chose. Je suis absolument sûre que vous parviendrez à surmonter cette épreuve. Après tout, les Valar ne nous envoient que des obstacles que nous pouvons, d'une quelconque manière, réussir à surmonter.

Sur ces mots, la Semi-Elfe se leva et s'en alla chercher Azur pour se dépêcher de se mêler aux Elfes qui ne l'attendraient certainement pas.

OoO

La veille au soir...

Gandalf sentit un regard perçant posé sur lui. Qui parmi les soldats fêtards lui voulait quelque chose ? Il se retourna, pour croiser les prunelles du roi des Elfes. Celui-ci le fixa dans le blanc des yeux, ses iris glaciales, aucunement perturbé par l'Elfe roux qui lui parlait. D'ordinaire, les gens étaient vite mal à l'aise lorsqu'il les fixait de la sorte. Cependant le magicien faisait office d'exception.

Le souverain se leva, et se dirigea à pas rapides vers l'homme au chapeau pointu.

- Mithrandir.

L'intéressé sourit amicalement à cette vieille connaissance. Il s'abaissa lentement, alors que le roi s'essayait sur l'une des souches de bois, qui servaient de banc. Gandalf se posa à ses côtés.

- J'ai appris que l'assassin qui vous accompagnait avait perdu ses parents Elfes et Hommes.

- Isil est bien orpheline.

Un silence s'installa entre eux.

- Vous l'avez remarqué, n'est-ce pas ? Dit le roi.

Gandalf soupira profondément.

- Pour une raison qui m'est inconnue, Isil n'a pas souhaité nous révéler la véritable identité de son père. Moi-même je l'ignore, alors que je connaissais Groluem et Litia depuis longtemps.

- Son père n'était ni humain, ni elfique. Dans ses veines coule un sang pur, qui ne provient pas de la Terre du Milieu.

Le souverain échangea un regard lourd de sous entendus avec le magicien. Ainsi tout deux en étaient venus à la même conclusion. Le paternel d'Isil, quel qu'il soit, ne venait pas de la Terre du Milieu.

L'Enfant de la LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant