33 - Entre Elfes, herbes et astres lunatiques

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- Donne-lui une baffe !

- Ça va pas ?! Il est pas assez dans le pâté pour toi ?!

- Si tu ne frappes pas, je frappe.

- Ne le touche pas.

Legolas papillonna. Deux personnes étaient en train de se disputer au dessus de son corps étendu dans la crasse. Il pouvait sentir une légère odeur de fruit, ensevelie sous un déluge d'excréments, d'urine et de vomi.

Il tourna la tête et vit Isil les bras tendus devant Sael. Celle-ci le remarqua et arqua un sourcil superbement dessiné. Elle avait un nez plus fin que dans la taverne, et ses cheveux paraissaient soyeux.

- Je vois les défunts. Murmura le prince.

- Lui, c'est une flèche. Ricana Sael.

Isil la foudroya du regard et reporta son attention sur son ami.

- Legolas, voici Sael.

- Tu l'as tuée.

- Elle a tué ma sœur. Rétorqua l'intéressée. Il en faut beaucoup pour s'offrir mes services. Puis Jeniël n'était rien d'autre qu'une merde collée à mon talon.

Legolas s'étouffa en entendant les obscénités sortir de la bouche de cette femme.

- Isil m'a dit que vous cherchiez Estel. Je suis prête à y mettre du mien.

- Trop aimable.

- Merci, Isil.

Legolas s'assit. Ils n'étaient plus devant la taverne.

- Sael nous accompagnera durant notre voyage. Déclara Isil. Estel a autrefois eu un faible pour elle. Avec un peu de chance, cela nous aidera à faire affaire.

- De toute façon, t'as pas ton mot à dire, mon mignon.

Deuxième étouffement de la part du prince elfe. Quelle familiarité ! N'avait-on jamais appris les bonnes manières à cette femme ? Même Isil était plus courtoise.

OoO

- J'ai mal aux jambes. Geignit Isil.

- Avance. Ordonna Sael.

- Et j'ai la tête qui tourne.

- Plus tu traîneras, plus on tardera à rentrer au campement.

- Mais je ne voulais pas partir, moi ! Tu pouvais très bien aller chercher du bois toute seule !

- Tu veux rentrer ?

- Oui.

- Alors avance.

Isil rouspéta une dernière fois puis reprit son chemin. Ses mollets la faisaient souffrir et sa tête l'élançait. Une migraine pointait depuis déjà dix bonnes minutes. Jusqu'à présent, elle n'avait rien dit, craignant que ce ne soit ce qu'elle pensait être. Si alors son hypothèse se vérifiait, elle ne pourrait compter que sur Sael.

La Semi-Elfe releva le nez quand elle aperçut les derniers rayons du soleil, disparaissant à l'horizon. La forêt prenait une teinte orangé parsemée de rivières de givre persistant malgré l'hiver qui s'éloignait de plus en plus.

L'orange devint soudainement du noir. Isil crut d'abord que le jour avait laissé la place à la nuit quand une crampe lui enserra la poitrine. Elle se plia en deux, un sifflement de douleur s'échappant de ses lèvres entrouvertes. Des taches noires coloraient sa vision, tandis que des millions de petites aiguilles attaquaient son crâne.

L'Enfant de la LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant