31 - Je serai ton poing d'ancrage dans la réalité

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Isil se figea. Elle croisa le regard de Legolas, qui mit un doigt devant ses lèvres. Il s'approcha lentement de la porte. Brusquement, sa main tourna la clé dans la serrure, les enfermant dans cette pièce dont l'unique issue venait d'être bouchée. Le bruit de verrou parvint aux gardes qui hurlèrent de plus belle.

- Ouvrez cette porte ou nous l'enfonceront ! Vous n'êtes pas en position de négocier ni de vous enfuir.

Le prince grimaça. Il connaissait ces voix. Ces gens étaient les gardes privés de son père. Autrement dit, ils n'abandonneront certainement pas avant d'avoir obtenu ce que le roi désirait.

Quel idiot ! Il aurait du savoir qu'emmener Isil dans les cavernes serait une mauvaise idée. Qu'avait-il espéré ? Peut-être ne le saurait-il jamais. Quoi qu'il en était, sa priorité était désormais de s'en aller.

- Suis-moi. Dit-il tout bas.

Isil, qui avait les yeux rivés sur la porte, le dévisagea, et lui emboita le pas.

- Tu es dans les appartements que l'on réserve d'habitude aux rares Elfes venus d'Imladris. Lorsque j'étais jeune, je venais parfois y jouer, accompagné des fils du seigneur Elrond. Des passages secrets relient les chambres des invités aux différentes portes du royaume. Ce n'est qu'une prévision en cas d'attaque.

La Semi-Elfe resta bouche bée.

- Tu...

- Je n'ai pas vraiment le choix. La coupa l'Elfe. J'ai besoin de toi pour dénicher ce Grands-Pas. Tu ne me sauras d'aucune aide enfermée.

Isil sourit, remerciant Legolas du regard, tandis que celui-ci plantait ses prunelles bleutées dans les siennes.

- Une dernière chose. As-tu des armes ? Je ne peux pas prendre le risque de retourner dans mes appartements afin de prendre les miennes.

- Il y aura bien assez de dagues et poignards pour nous deux.

Le prince hocha la tête. Il passa sa main sur le mur derrière l'un des guéridons de la chambre. Ses doigts rencontrèrent un léger creux dans le bois poli. Il tira dessus, révélant un étroit passage capable de n'accueillir qu'une seule personne à la fois.

Sans aucune hésitation, Legolas pénétra dans le mur, malgré l'obscurité envahissante. Alors qu'il allait continuer d'avancer, il sembla se rendre compte que personne ne l'avait suivi dans la galerie.

- Par tous les Valar, qu'est ce que tu attends ?! S'écria-t-il, irrité.

Isil, tremblante, ne pouvait s'empêcher de détourner son regard de l'espace noir où se trouvait le prince.

- Je... Non. Bredouilla-t-elle. C'est bien trop étroit. Je ne peux pas !

Un sentiment d'horreur s'immisça dans son corps. Des images d'un passé qu'elle pensait lointain, jaillirent dans son esprit. Une petite chambre. Bien trop petite. Ce n'était même pas une chambre. Seulement une fine couverture déposée dans un coin, ce qui pourrait s'apparenter à une torche éteinte depuis lointain, à ses côtés. Une grande porte en bois massif se dressait proche de la couchette. Des barreaux empêchaient le prisonnier de cet endroit de s'échapper, même lorsque la porte était ouverte.

Isil se prit la tête entre ses mains, haletant.

- Non, non. Je ne veux pas revivre ça ! Laissez-moi sortir d'ici !

- Isil ! Appela Legolas.

Le prince soupira, puis revint dans la chambre, une main tendue vers la Semi-Elfe affolée.

L'Enfant de la LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant