32 - L'Elfe la plus forte que je connaisse

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- Surtout, ne me quitte pas un seul instant. Ordonna Isil.

- À tes ordres. Que va-t-on faire ?

- Nous avons besoin d'informations. Il faut que l'on aille voire Sael, elle saura répondre à nos questions.

Isil et Legolas se turent. Ils venaient d'aboutir dans une grande rue qui traversait la ville de part en part. Pavée, recouverte de cadavres d'enfants ou de vieillards faméliques tous les deux mètres. Legolas rabattit la cape que lui avait donné Isil sur son visage pâle. Le prince ravala un haut-le-cœur lorsqu'ils passèrent devant le corps d'un enfant en bas âge. Isil, quant à elle, ne prêtait même pas attention à ces détails. Elle ralentit cependant le pas quand elle vit son compagnon se couvrir la bouche.

- Tout va bien ?

- Il ne devait même pas avoir plus de dix hivers. Murmura-t-il.

- Tu ferais mieux de t'y habituer. Ce genre de chose est une habitude par ici.

- Et tu as grandi ici ? S'offusqua-t-il.

- Son Altesse Royale aurait-elle pitié ?

L'intéressé était trop abasourdi pour répondre. Comment pouvait-on vivre dans cet enfer ?

- Tiens, nous y sommes. Annonça Isil.

Arrêtés devant une bâtisse plus grande que les autres mais tout aussi délabrée, ils attendirent que l'on vienne leur ouvrir. Isil frappa sur la porte en bois. Elle s'ouvrit sur un colosse.

L'homme à la barbe grisonnante les détailla puis son visage s'illumina en croisant le regard chaleureux de la Semi-Elfe. Il s'esclaffa et vint la serrer dans ses bras musclés.

- Mais c'est qu'elle est toujours vivante notre p'tite ! T'as bien tardé à revenir ! J'te sers quoi ? Bière ?

- Rien pour aujourd'hui. Répondit Isil.

L'homme sembla remarquer la présence de Legolas qui essayait de se faire petit.

- La p'tite aurait ramener un gaillard ? Allez mon gars, fais moi voir c'te face !

Legolas se tendit et réfléchit à toute allure, cherchant un moyen de s'échapper de cette situation. Ce fut Isil qui vint à son secours en ramenant l'attention du colosse sur elle.

- Pas d'homme dans ma vie, Flik !

Celui-ci fit mine d'être blessé.

- Tu m'renies ? J'suis pourtant l'homme de ta vie !

Isil rit en tapotant l'épaule du colosse. Il les fit rentrer dans ce qui se révéla être une taverne. Noire de monde, on ne pouvait faire un pas sans marcher sur le pied de quelqu'un ou sans bousculer un malheureux coude. Isil se déplaçait dans l'espace confiné avec une aisance qu'enviait Legolas. Ils n'étaient rentrés que depuis quelques instants, qu'il avait déjà reçu une demi-douzaine de regards noirs suite au massacre des orteils des buveurs.

Des Hommes principalement, mais le prince reconnut tout de même des paires d'oreilles elfiques. Il venait de piétiner un énième pied quand Isil lui attrapa la manche afin de le guider sans plus énerver la clientèle. Elle échangea quelques mots avec Flik qui lui indiqua une table ronde, calée sous une fenêtre. Une jeune femme y vidait tranquillement sa chope de bière tout en comptant ses pièces.

Isil invita Legolas à s'assoir en face de celle qui devait être la femme qu'ils recherchaient, Sael. L'assassin posa lourdement son postérieur sur une chaise vacante puis croisa ses jambes sur la table. Elle but une gorgée dans la chope de l'Elfe.

- Tu as fait mieux comme salutations. Fit remarquer Sael.

- Et tu as fait mieux comme répartie.

L'Enfant de la LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant