14 - Rencontre avec les cachots elfiques

766 58 33
                                    

Isil courait. Elle était tellement douée, qu'en sortant de l'aile où étaient les appartements royaux, elle s'était faite repérée. En même temps, voyant leur roi être raccompagné à sa chambre par son fils, puis quelques minutes plus tard, une fugitive s'échappant des appartements royaux, était devenu l'attraction numéro un de la journée. Déjà, voir leur roi en piteux état était aussi rare que de le voir sourire. Alors voir en plus la raison pour laquelle aucun Elfe n'allait en Eriador et plus précisément dans la ville de Farin, n'était pas très rassurant. Les gardes, poursuivant la Semi-Elfe, ne se doutaient pas du tout de ce qui allait se passer. Là devant eux, ils virent une branche volée. Elle était agitée vers eux, comme pour les chasser. Pris de panique face à cette sorcellerie, les gardes se detournèrent et s'enfuirent.

- Mon seigneur ! Crièrent ils en chœur quans ils virent qui s'approchait, essayant d'identifier le pourquoi de cette soudaine agitation.

Le Roi s'approcha à grands pas. Dès que le monarque fut là, la branche tomba au sol. Quand Isil se retourna pour voir pourquoi les gardes avaient cessé de la pourchasser, elle fut frappée par la beauté de l'Elfe qui la regardait. Même pour un Elfe il était magnifique. Ses cheveux blonds aux reflets argentés cascadaient sur ses épaules. Ses yeux antarctiques, froids comme la glace la gelèrent sur place. Soudain l'évidence la frappa. C'était le père de cet idiot et insupportable prince des feuilles vertes ! (sans mauvais jeu de mots) Il était hors de question qu'elle trouve son père beau ou même qu'elle le prenne en pitié. Son fils n'avait pas hésité à placer sa dague sous la gorge d'un pauvre enfant innocent.

La Semi-Elfe, qui n'avait pas cessé sa course fut bien obligée de l'arrêter quand elle sentit une prise ferme lui attraper les poignets et la plaquer au sol. Elle maudit intérieurement la beauté de l'Elfe blond qui lui avait fait perdre sa concentration. Sa tête venant d'être cognée contre le sol, l'assassin voyait des petites étoiles. Elle tenta de se ressaisir en se secouant quand une voix qu'elle commençait à ne pas aimer du tout l'interrompit.

- Cessez de bouger ou vous taterez de nos cachots. Sussura le prince.

Rageuse, Isil parvint à se défaire de sa prise et lui envoya son coude dans le nez, le brisant sur le coup. Le bruit sinistre de l'os cassé troubla le silence qui planait autour des deux combattants. Legolas en avait plus qu'assez de cette Semi-Elfe qui faisait tout pour l'humilier en public. Son précieux ego était profondément touché. Une grimace de rage lui déchirant son beau visage d'Elfe, il tira ses poignards, prêt pour le combat. Tels des lions en cage, les deux jeunes se tournèrent autour, attendant de voir qui allait attaquer en premier. Thranduil, un peu plus loin, observait la scène. Au plus profond de lui même il avait peur de ce que pourrait faire cette assassin à son précieux fils. Mais il devait tout de même avouer qu'il avait été envoûté par la beauté de la Semi-Elfe.

Sa tresse de jais, troublée par seulement une mèche blanche, déposée sur son épaule lui avait donné un côté aventureux. Pendant que ses yeux nénuphars l'avait examiné, il avait pris un malin plaisir à se demander ce qu'il ferait d'elle. Mais avant toute chose, il devait déjà réussir à la capturer et à faire en sorte qu'elle ne tue pas Legolas, chose plus facile à dire qu'à faire. Le Roi devait à tout prix s'interposer dans ce combat ridicule, où Legolas ne pourrait pas gagner, malgré ses siècles de pratique. L'assassin voltigeait, et évitait toutes les attaques du prince de la Vertefeuille. Elle plongeait, tourbillonnait. Elle... Dansait. C'était certe une danse mortelle mais tout de même une danse.

La Semi-Elfe arrêta de se battre à mains nues et dégaina ses épées jumelles. Thranduil ainsi que les gardes derrière lui furent stupéfaits de ce qu'ils voyaient. À leur connaissance, seul leur roi maniait aussi bien des épées doubles. Voire quelqu'un d'autre y arriver tout en étant des plus redoutables les médusait. Elle était stupéfiante, même si elle ne mettait pas sa pleine puissance dans ces coups. Puis soudain, une goutte rouge tomba au sol. Thranduil regarda tout de suite d'où elle était sortie. Legolas. Legolas saignait du nez à cause de sa blessure. Enragé à l'idée que l'on est touché à son fils bien aimé, le Roi ordonna aux gardes de prêter mains fortes à leur prince. Craignant plus la légendaire colère de leur monarque que la redoutable Semi-Elfe face à eux, ils n'hésitèrent pas à charger.

Face à ces nouveaux combattants, Isil vit qu'il y avait très peu de chance de s'en sortir sans avoir le droit à un tête à tête avec les cachots elfiques. Il fallait qu'elle s'enfuit et tout de suite. Donnant rapidement un coup de coude dans le ventre du prince, lui coupant la respiration, elle rengea ses épées. Son arc sortit, une flèche encochée, elle visa les épées tirées des gardes. Si elle leur faisait lâcher prise sur leurs armes, le temps qu'ils en attrapent de nouvelles, elle serait déjà parti. Seulement il restait le Roi. Il n'avait pas bougé. Ses poings étaient fermés et sa mâchoire grinçait, preuve qu'il contenait sa colère et s'empechait d'attaquer celle qui avait blessé son précieux fils. Isil reporta son attention sur les gardes qui s'approchaient. Elle lâcha ses flèches qui allèrent frapper les pommeau des épées. Sous les effets du choc, les Elfes ne purent retenir leurs lames. Elles tombèrent par terre dans un fracas de bruits sourds.

La Semi-Elfe en profita pour reculer. Elle lança un regard derrière elle. Les parois des Cavernes plongeaient vers les entrailles de la Terre. Une seconde. Qu'avait fait le prince ? Quand il avait parlé des cachots, ses yeux s'étaient posés vers cet endroit. Comprenant tout de suite ce que cela voulait dire, l'assassin sourit. Cependant, elle devait d'abord partir dans une autre direction, dupant les gardes pour qu'ils ne la piègent pas la bas. Isil fut ramenée au présent par le Roi qui s'avançait, l'épée d'un des gardes dans les mains. Bon. Elle n'avait plus trop le choix à présent. Il fallait qu'elle aille directement aux cachots. Tant pis pour la feinte.

Isil rangea son arc et la flèche qu'elle avait sortie pour sourire. Elle se rappela la branche de tout à l'heure. Étrangement, elle avait le sentiment que Bilbon était lié d'une quelconque manière à tout ceci. Se promettant d'y revenir plus tard, l'assassin observa longuement les mouvements du souverain. Il semblait être rétabli par rapport à tout à l'heure. Ses pieds reculaient d'eux même vers l'escalier qu'elle avait aperçu. Soudain, le prince grogna en regardant son nez saignait de nouveau. Le Roi, plus inquiet pour son fils que la Semi-Elfe devant lui, ne prêta plus aucune attention à celle ci. C'était le bon moment.

Isil courut vers les escaliers, ignorant les cris de protestations des gardes. Elle devala les marches et déboucha sur un dilemne. Un tunnel à gauche menait aux cachots, elle les voyait, l'autre menait à une cave, à en juger l'odeur de vin. Mais elle semblait entendre les voix des Nains du côté des caves. N'hésitant pas très longtemps, la brune s'engagea dans le tunnel menant aux réserves de vin. Ce qu'elle vit la médusa. Là, devant elle, Bilbon tenait le levier d'une trappe, faisant tomber des tonneaux remplis de Nains dans le vide. Isil ne prit pas la peine de se demander pourquoi il fallait que cette idée implique d'aller encore plus sous terre et s'approcha en courant. Cependant elle remarqua quelque chose en arrivant.

- Bilbon ! Où est Hamal ?

Le Hobbit, qui ne l'avait pas vu, sembla avoir une attaque. Il sursauta puis la regarda d'un regard rassurant, ne se demandant pas lui, non plus, comment elle s'en était sortie.

- Il est avec Fili.

- Avec Fili ?! C'était bien la compagnie que vous venez de faire tomber dans le vide ?

Bilbon ne put répondre. Il fut précédé par les gardes Elfes qui devalaient à leur tour les marches menant aux caves. Le sang du Hobbit ne fit qu'un tour tandis qu'il se précipitait sur le levier. Il l'abaissa rapidement et pria silencieusement Isil de sauter par la trappe qui s'ouvrait. La Semi-Elfe, sceptique, ne bougea pas. Elle ne le fit que lorsque Bilbon se jeta dans le vide. Résignée à le suivre, l'assassin sauta elle aussi bien qu'elle n'approuve pas l'idée d'aller encore plus loin sous terre. Elle ferma les yeux, attendant le choc. Mais elle les rouvrit quand elle sentit qu'elle entrait en contact avec de l'eau et non la terre ferme. L'eau, rugissante, puissante, la happa et l'entraina.

Voilà pour le chapitre 14. Le 15 est en cours.

L'Enfant de la LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant