24 - Une armée d'Elfes sylvestres

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- Lalas ? Fit Hamal.

Tauriel éclata d'un rire franc. Legolas s'horrifia et désespéra que l'enfant n'arrive à prononcer son prénom. Après plusieurs autres tentatives, le prince dut s'avouer vaincu, face à cet Elfe, refusant de le nommer comme il se doit.

- Le-go-las. Articula le Prince.

- Lalas ! Répéta Hamal, un sourire aux lèvres.

L'intéressé jura tout bas. Il tentait de se rapprocher de l'enfant, lorsque qu'un hurlement terrifiant retentit. Legolas se redressa vivement, pendant que Tauriel accourait à ses côtés. Hamal, coincé contre l'Elfe rousse, n'émit aucun son, alors que les deux guerriers observaient attentivement la forteresse de Gundabad.

Cela faisait plusieurs jours que le silence régnait sur ces terres désolées. Cependant, les Orques étaient bel et bien là. Les trois Elfes virent des légions de ces atroces créatures sortirent des entrailles du bâtiment. Bolg apparut, chevauchant un imposant warg. Sa voix tonna, lorsqu'il ordonna à ses troupes d'avancer. Les Orques hurlèrent, frappèrent leur bouclier avec leurs lames, se bousculant, courant.

- Rentrons, vite ! S'écria Legolas.

Tauriel prit rapidement Hamal dans ses bras, et suivit de près le Prince. Ils coururent jusqu'à arriver auprès de leur monture. Legolas enfourcha son cheval, et tendit une main à Tauriel. Elle cala Hamal contre son torse, avant de grimper aux côtés du blond.

Galopant, ils partirent en direction des berges où avaient élus domicile, les habitants de Lacville. Il fallait les prévenir de l'arrivée d'armées ennemies.

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Quelque part, aux abords de la Forêt Noire...

Isil s'enfonça plus profondément dans la canopée. Sur son passage, les rares animaux s'enfuyaient, partant retrouver la quiétude de leurs abris.

Partie depuis quelques jours, elle s'était dirigée vers la Forêt Noire, alors qu'elle n'avait absolument aucune idée de l'endroit où chercher dans les bois. Une source pouvait-elle se situer dans des arbres touchés par un étrange mal ? Quoi qu'il en soit, elle devait avancer, sans trop se poser de questions, et poursuivre sa route à travers les hautes racines et basses branches qui l'entouraient. Ses pensées divergèrent d'elles-mêmes jusqu'aux membres de la compagnie qu'elle avait laissé. Peut-être aurait-il fallu attendre d'avoir atteint la Montagne avant de leur fausser compagnie.

Isil secoua la tête, comme pour échapper à ses multiples remises en question. Elle avait fait le bon choix. Elle en était persuadée.

La Semi-Elfe observa plutôt l'une des plus vieilles forêts d'Arda. Jadis, elle était aussi verdoyante que celles d'Aman, aussi vivante que celles de la Comté, aussi belle que celle de Lothlorien. Maintenant, elle n'était qu'amas d'arbres morts, des toiles d'araignée entortillées autour de leurs troncs massifs.

Alors que l'assassin déambulait sur le chemin des Elfes, elle entendit un bruit répétitif. Comme des pas coordonnés. Agile, elle craparda jusque dans les hautes branches des arbres. De son perchoir, elle put apercevoir des Elfes, aux armures d'or, avancer avec vigueur jusqu'à la sortie de la forêt. Ils arrivaient de partout, sortant de derrière les arbres, et piétinant les pierres qui recouvraient le chemin des Elfes. Leurs regards déterminés étaient braqués sur un pic élevé, à des lieux d'ici. Tous se dirigeaient vers la Montagne Solitaire avec des intentions apparemment hostiles.

Un sifflement parvint à ses oreilles. Isil eut juste le temps de sauter sur une autre branche, qu'une araignée géante plantait son dard mortel à l'endroit où elle était précédemment perchée. Ses épées jumelles dans les mains, elle cala ses pieds contre de fines branches et s'apprêtait à s'élancer, lorsque le bois craqua. La Semi-Elfe tomba de son observatoire, au pied des Elfes. Ils dégainèrent leurs lames dès que son dos heurta le sol, alors que l'immonde insecte format XXL la suivait dans sa chute, écrasant quelques Elfes au passage.

- Une araignée ! S'écria une femme blonde.

Les autres soldats firent passer le mot tandis que d'autres créatures venaient aux côtés de la première. Isil chargea sur l'une d'entre elles, épées dressées. Elle sauta sur le crâne de l'immondice, plantant l'une de ses lames entre ses six yeux. Un liquide noir et chaud se répandit sur les corps des Elfes écrasés. L'araignée hurla de douleur. Isil abattit sa seconde épée sur le crâne de la bête, l'achevant pour de bon.

Les Elfes parvinrent rapidement à maîtriser le reste, sans dommage. Quand le calme fut revenu, Isil se retrouva brusquement encerclée et menacée par des lames elfiques aiguisées. Aucun Elfe ne bougeait ni ne parlait quand un élan d'une taille peu commune se fraya un passage jusqu'à l'atroupement.

- Est-ce vrai ? S'insurgea le roi. Avez-vous encore causé des dommages à mon peuple ?

- Indirectement, cette fois-ci. Crut bon de préciser la Semi-Elfe.

- Que faites-vous ici ? Vous n'êtes pas la bienvenue.

- Où est donc passée l'hospitalité légendaire des Elfes ? Ironisa-t-elle.

- Suivez-moi. Ordonna froidement le roi.

Bien que surprise, tout comme les Elfes des alentours, Isil se pressa derrière le souverain et sa monture. Ils s'éloignaient de l'armée elfique quand la Semi-Elfe posa la question qui lui brûlait la langue.

- Pourquoi m'avoir amené ici ?

Le roi l'ignora. Ils parvinrent à la lisière de la forêt. La Montagne Solitaire se dressait, surplombant les collines environnantes et les rares arbres tachetant la plaine. Le souverain siffla un doux air. La musique résonna dans la vallée, et dans les oreilles de la Semi-Elfe. Elle écouta attentivement cette mélodie si agréable et surprenante.

Lorsque le roi s'arrêta, le silence les domina. Un roulement répétitif se répercuta dans la plaine. Un sombre étalon, lancé au galop, se dirigeait vers eux. Le visage d'Isil s'illumina quand elle le reconnut.

Azur piaffa en tournant autour de sa maîtresse et plus fidèle amie. Elle lui caressa affectueusement le chanfrein tandis qu'il secouait vigoureusement la tête. Cependant, la Semi-Elfe se rappela de la façon dont était revenu son cheval, et porta son regard dans celui glacial du souverain. Il la regardait, impassible.

- Je ne vous apprécie guère. Commença-t-il. Vos fréquentations ainsi que votre travail me déplaisent fortement. Cependant, en dépit de vos agissements, mon fils semble s'être attaché à vous. Et pour cela, je ne souhaite le voir désemparé, face à la tristesse qui vous gagnera lorsque vos compagnons périront.

Le roi fit une pause, son regard revenu sur la Montagne Solitaire.

- La nouvelle de la mort du dragon nous est parvenue. Nous reprendrons notre bien, resté trop longtemps sous les écailles de la bête. Je sais malgré tout que les Nains ne céderont pas ce trésor si facilement. C'est pourquoi je tiens à ce que vous les protégiez, et à ce que vous surviviez. Vivez, et ne succombez à aucune peine que ce soit.

Le monarque s'interrompit de nouveau. Il détourna son élan de la plaine, le reconduisant sur le chemin de ses armées, restées dans la forêt. L'animal s'arrêta lentement, tandis que, sans la regarder, le roi parlait de nouveau.

- Le bonheur de mon fils passe avant ma revanche personnelle. Je ne tiens pas à ce que toutes les personnes qu'il se met à apprécier périssent. Ne mourez pas.

Sur ces mots, le grand roi des Elfes partit au galop, laissant derrière lui, Isil, troublée par ses paroles.

Les troupes efliques étaient depuis longtemps parties en direction de la Montagne Solitaire quand la nuit tomba. Isil n'avait pas bougé. Azur somnolait à ses côtés, immobile. Elle avait longtemps débattu en son fort intérieur. Après réflexion, elle avait convenu avec elle-même, que la mission que lui avait confiée la Lune attendrait. La compagnie était son amie, et elle avait besoin d'elle. Même subtilement, le roi l'avait prévenu qu'il attaquerait les Nains si ceux-ci refusaient de lui léguer son bien.

Isil enfourcha brusquement Azur, le talonna, et sans un regard pour la forêt, se précipita vers le pic dominant des lieux entiers. La Montagne Solitaire l'attendait.

L'Enfant de la LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant