Accoudé contre la rambarde du bateau, Marius regardait l'eau qui commençait à s'agiter sous l'effet de la marée. Ses yeux se baladaient sur le ciel tacheté d'étoiles. La musique résonnait dans ses oreilles de manière étouffée, comme s'il était enfermé dans une bulle étanche le protégeant de l'extérieur.
Il avait longtemps dansé avec ses amis au centre du pont, mais à présent, il était éreinté. La fatigue avait eu raison de lui, et il était dorénavant dans un était secondaire, entre l'euphorie et l'endormissement.
Il décida de se détacher de ce paysage envoûtant pour retourner son attention vers la soirée. En se tournant vers la droite, il aperçut Julio assis au bord de la piste, la tête en arrière et les paupières closes. Il devait être dans la même transe que lui quelques secondes auparavant.
Le jeune garçon intriguait le grand brun. Il semblait dissimuler un grand nombre de secrets plus ou moins douloureux derrière son grand sourire. Le plus âgé savait reconnaître quand une personne allait mal, et pour lui, Julio faisait partie de ces personnes qui souffraient en silence, préférant garder leurs problèmes pour eux plutôt que d'en faire part à quelqu'un d'autre, sous prétexte de ne pas vouloir l'inquiéter.
Pourtant, Marius savait que se confier à quelqu'un pouvait tout changer, il en avait été témoin par le passé. Il avait envie d'être la personne qui pourrait aider le garçon aux yeux gris à revivre, à se séparer de son passé pour se concentrer sur un avenir meilleur.
Mais ça ne marchait pas comme ça. Une personne brisée ne pouvait pas être secourue comme dans un conte pour enfant par un preux chevalier. La guérison était le fruit d'un long et profond travail sur soi-même, et seul le rasé, si Marius avait raison à son propos, pouvait y changer quelque chose.
C'était pour cela qu'il n'avait pas insisté quand il avait compris que le garçon était comme bloqué face à la guitare. C'est pour cela qu'il ne s'était pas obstiné à le voir saisir l'instrument. C'est pour cela qu'il ne lui avait posé aucune question.
Il souhaitait que Julio se confie de lui même. Qu'il lui montre qu'il lui portait confiance. En y réfléchissant un peu, toutes ses pensées étaient un peu absurdes, puisque les deux garçons ne se connaissaient que depuis la veille. Mais cette connexion qu'il avait ressenti entre eux existait réellement, il en était convaincu. Et il allait jouer des pieds et des mains pour que le rasé se sente mieux.
Ses yeux fixés au sol virent une paire de converse vertes entrer en collision avec les siennes. Ou presque. Il releva doucement le regard après avoir identifié ces chaussures comme celles de Julio. Le silex rencontra le charbon dans un échange de regards intense. Leurs esprits semblaient se lier encore plus avec l'exaltation de la fête.
Le silence entre eux fut brisé par la voix rauque du plus jeune, qui arracha un frisson à Marius.- Hey. Je commence à être un peu crevé, toi aussi non ?
- Ouais j'suis arrivé au point de non retour, plaisanta le brun.
- Tu veux te casser ?Le visage du plus grand afficha une expression perplexe. S'en aller ? Mais où ? Et puis, la fête n'était pas terminée, ils n'allaient tout de même pas abandonner leurs amis là, si ?
- T'inquiète pas pour eux, ils se débrouilleront très bien sans nous, le rassura Julio, comme s'il avait lu à travers ses pensées.
Il s'éloigna en reculant, incitant le grand brun à le suivre, son regard clair plongé dans le sien. Marius retint un sourire, il ne répondait plus de rien lorsqu'il s'agissait du rasé. Il s'élanca à sa suite et descendit l'échelle après lui.
Une fois ses pieds foulant le sable, Julio se mit à courir. Quelques mètres plus loin, il s'arrêta et hurla en levant les bras en l'air. Son cri évanoui, il se retourna vers le brun et lui fit signe de le rejoindre, ce dernier obéit sans rechigner. Lorsqu'il fut à sa hauteur, le plus jeune recommença à sautiller en criant, un immense sourire aux lèvres. Puis, il s'allongea, les yeux fixés au rideau d'étoiles, reprenant son souffle.
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Eux...
RomanceUn été. Martin, Titouan. Une amitié parfaite, un amour à sens unique. Le bouclé s'était fait à l'idée que ses sentiments à l'égard de son ami d'enfance ne seraient jamais partagés, mais cet été, plus rien ne risque d'être comme avant. *** Écrit à...