Une lumière éclatante traversait la pièce, signe que le jour s'était levé.
Martin ouvrit les yeux quand les rayons de soleil l'empêchaient de somnoler un peu plus. Une douleur insupportable à la tête l'assaillit quand il essaya de se redresser.
Et enfin, les souvenirs lui revinrent.
Il se rappela de la veille :Ses parents.
Son insomnie.
Le parc.
La bouteille d'alcool.
Titouan.
Putain.
Martin balaya la pièce du regard. C'était la chambre de Titouan, ce n'était pas la première fois qu'il y dormait, en vérité il connaissait la maison de son meilleur ami comme sa poche.
Seulement, c'était différent cette fois.Il avait merdé.
Il ne se sentait pas du tout à sa place.
Qu'est-ce qu'il lui avait pris de l'appeler, de l'obliger à le ramener chez lui puis de...
Martin secoua la tête, essayant de chasser ces souvenirs. Mais rien à faire.La honte l'envahit.
Et puis, où est ce que Titouan se trouvait ? Au moment où cette question se posa dans les pensées du jeune homme, il entendit des pas dans le couloir puis la porte de la chambre -fermée jusqu'à présent- s'ouvrît sur un Titouan tout habillé.
- Ah enfin tu t'es réveillé ! dit ce dernier un sourire au lèvres.
Ce sourire s'affaissa face au silence de son ami.
Martin cherchait en vain quelque chose à dire tout en fixant Titouan, il fallait qu'il trouve une excuse, comment allait-il justifier son acte de la veille ?Martin brisa enfin le silence après quelques secondes.
- Je... Enfin... Désolé Titouan mais qu'est-ce je fous ici ? Je me rappelle de rien.
Il était lâche et en avait conscience mais ne trouvait pas d'autre solution. Il allait simuler un black out.
Martin ne sût pas totalement lire les émotions qui traversèrent les yeux de Titouan après sa question, était-ce de la déception ? Cette lueur indéchiffrable quitta rapidement ses yeux.- T'étais vraiment bourré hier soir, t'as dû faire un black out. T'es sûr que ça va mec? T'es cramoisi.
- Eumm... je- j'ai vraiment la tête dans le cul... et euh... ouais c'est ça , je me sens pas très bien.Martin avait envie de partir en courant, « putain la honte », pensa-t-il. En plus d'être un affreux menteur, son visage avait la fâcheuse tendance à énormément rougir au moindre embarras, cette caractéristique lui avait valut le surnom de « tomate » en primaire.
- Tu peux utiliser la salle de bain si tu veux, pendant ce temps je vais nous préparer de la bouffe et chercher si on a pas de médocs en stock. Ah et tes fringues puent l'alcool, sans vouloir te vexer, donc tu me les passera que je fasse une lessive. Tu peux mettre les miens en attendant.
Les rougeurs de Martin s'estompèrent face au calme de Titouan, bien qu'il ne l'avouerait jamais, par fierté, il admirait les gens comme ça, calmes et réfléchis en toute circonstances. Le cruel manque de ces deux qualités chez Martin l'entraînait régulièrement dans des galères pas possibles, comme être bourré seul à deux heures du mat' au milieu d'un parc par exemple.
Ou comme embrasser son meilleur ami.
- Ça roule, répondit simplement Martin, acceptant enfin de croiser le regard de son ami. Ce dernier allait sortir de la pièce avant que Martin ne l'interrompe :
- Titouan ? Il fit volte-face.
- Oui ?
- Je voulais te dire... merci. Voilà c'est tout.
Titouan esquissa un sourire.
- De rien alors....
Martin finit d'enfiler le T-shirt QuickSilver vert de Titouan. Il avait choisi celui-là parce que c'était son préféré, en tout cas quand son ami le portait : il n'allait pas vraiment au teint de Martin.
Par contre, cette couleur allait incroyablement bien à Titouan, pensa-t-il, elle faisait ressortir ses yeux -verts eux aussi- et puis ses yeux... il avait rarement vu des yeux aussi beaux et-Bordel.
« Mais qu'est ce qu'il va pas avec moi».
- Martin !? cria Titouan du rez-de-chaussée, tu les veux comment tes œufs? Brouillés ou au plat ?
- Œuf au plat s'il te plaît, répondit Martin en descendant les escaliers.
Son mal de tête avait presque disparu, prendre une douche lui avait fait du bien. En arrivant dans la cuisine il vit son meilleur ami de dos, occupé à cuisiner. Il jeta un coup d'œil à la pendule suspendue sur le mur d'en face : treize heures trente. Une boîte de Doliprane avait été posée sur la table de quatre trônant au milieu de la pièce. Titouan se tourna vers Martin.- Tu te sens mieux ? Si ça va pas je t'ai sorti du Doliprane. Mes parents sont au boulot et mon frère est parti tôt ce matin pour son stage d'été, le rassura Titouan quand il vit son ami regarder suspicieusement autour de lui.
- Ah ok, je voulais pas déranger tes parents, j'veux dire je suis venu à l'improviste quoi.
- T'inquiète, mes parents t'adorent, et puis j'allais pas te laisser dans ce sale état quand même.Un énorme blanc suivit sa phrase. Les deux adolescents se connaissaient depuis la maternelle, du plus loin dont ils se rappelaient, jamais un silence n'avaient été gênant entre eux deux.
Qu'est-ce ce qui avait changé depuis?
Qu'est-ce qui avait bien pu se briser ?
Ou même se former ?- Tu veux que je t'explique ce qui s'est passé hier ?
C'était Titouan qui avait brisé le silence en premier.
- Je veux dire, tu te rappelles vraiment de rien ? T'es sûr ?
Il avait relevé ses yeux verts vers lui.Malheureusement, Martin ne sût pas y lire les étoiles qui s'y trouvaient.
Peut être que ce jour là, s'il savait, s'il avait sût les déchiffrer, si il avait laissé leurs yeux se croiser une seconde de plus, il n'aurait peut être pas dit :
- Non. Rien du tout.
***
Chapitre écrit par @poupilabouli
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Eux...
RomanceUn été. Martin, Titouan. Une amitié parfaite, un amour à sens unique. Le bouclé s'était fait à l'idée que ses sentiments à l'égard de son ami d'enfance ne seraient jamais partagés, mais cet été, plus rien ne risque d'être comme avant. *** Écrit à...