Chapitre 24 : Titouan

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- PUTAIN TRISTAN, JE VAIS TE BUTER.

Le bouclé ouvrit brusquement les paupières à l'entente de ce cri. Il regretta immédiatement son geste, après avoir reçu une giclée de sable dans les yeux.

- Putain.

Il se redressa, exaspéré, et suivit du regard le garçon qui lui avait fait cette mauvaise blague, poursuivi par Dylan, qui avait sûrement dû faire face à cette attaque en premier. Le brun sprintait en s'esclaffant, tandis que le blond, soumis sans aucun doute aux effets de sa cuite de la veille, peinait à le rattrapper.

Titouan prit alors conscience du lieu où il avait passé la nuit. Il était sur la plage, allongé sur le sable humide à quelques mètres du grand navire sur lequel ils avaient passé la soirée. À ses côtés, Martin dormait profondément, épargné par la bêtise de Tristan, ses mèches claires balayées par le vent qui soufflait doucement ce matin là.

Matin ? Vu la position du soleil, l'après midi devait en réalité être déjà bien entamée. Titouan jeta un regard à son portable, et en effet, il était presque quinze heures.

Et puis, il réalisa. Leur train pour rentrer à Toulouse partait dans à peine deux heures. Et ils étaient encore sur le banc d'Arguin. Ils n'avaient pas rangé leurs affaires. Pas plié leurs tentes.
Le brun se redressa, effaré de s'apercevoir qu'ils allaient très sûrement rater le départ.

- Les gars ! Le train !
Les deux garçons qui s'adonnaient précédemment à une course effrénée se stoppèrent.
- Le train ?
- Il part dans deux heures putain.

À ces paroles, il porta sa main droite à son visage et se laissa tomber en arrière, exaspéré de leur irresponsabilité. Il avait pensé qu'ils reviendraient en bateau après la fête, mais il n'avait pas pris en compte le degré d'alcoolémie que pourraient atteindre ses amis lors de la soirée. Ni la fatigue occasionnée par cette nuit passée à danser avec tant d'engouement. Ni tout ce qui s'était passé entre lui et Martin...

Ce dernier commençait d'ailleurs à gigoter, sans aucun doute réveillé par les geignements de Tristan qui avait réalisé qu'en ratant ce train, il n'allait pas pouvoir assister au match de son équipe de basket favorite sur l'immense télévision du père de Dylan, chez qui il avait prévu de passer la fin de la semaine.

Le brun se tourna alors vers le blond à ses côtés, et passa rapidement une main dans ses fins filaments d'or désordonnés afin de les recoiffer légèrement. À son geste, Martin ouvrit pour de bon les paupières et après avoir jeté un coup d'œil furtif à leurs deux amis, lui répondit par un sourire endormi. Il attrapa ensuite les fins doigts du bouclé, qui étaient demeurés dans sa chevelure, et ramena discrètement leurs deux mains entrelacées entre leurs deux corps.

Titouan savourait tous ces moments, avec le blond. Il se sentait tellement bien, en sécurité, apprécié, avec lui. Depuis qu'ils avaient commencé à agir l'un envers l'autre de manière un peu plus qu'amicale, il se sentait comme dans un rêve. Un doux rêve. Un rêve un peu trop doux, et un peu trop irréel. Un rêve qui n'était en réalité pas si parfait. Pas si idyllique. Certes, c'était tout ce dont il avait rêvé, depuis tant d'années. Il avait tellement voulu, il l'avait voulu, être aussi proche de lui. Il avait tellement voulu se tenir contre lui comme ça, tout près, être enfoui dans ses bras, sentir ses cheveux clairs lui chatouiller la peau. Il avait voulu pouvoir se réveiller à ses côtés, pouvoir chuchoter à son oreille dans le noir, dans la nuit. Il avait voulu l'embrasser de cette façon l'embrasser jusqu'à perdre le souffle, jusqu'à perdre la tête, jusqu'à perdre pied.

Mais à présent, il voulait plus.

Il ne voulait plus de tous ces regards dissimulés. Il ne voulait plus devoir se retenir d'être proche de lui, il ne voulait plus se cacher.
Il voulait lui tenir la main dans la rue, il voulait pouvoir l'embrasser devant ses amis, comme Gale le faisait avec Rex. Il voulait pouvoir le tenir contre lui en sachant qu'il était spécial, comme le blond l'était pour lui. Il voulait pouvoir le présenter à ses parents, à son frère, non pas comme un ami, mais comme un peu plus. C'est ça, qu'il était, un peu plus. Il voulait danser collé à lui en soirée, il voulait se sentir libre, se sentir respirer, se sentir être enfin lui. Pouvoir se sentir normal. Et c'est ce qu'il était, après tout. Normal. Et il voulait pouvoir faire toutes ces choses, sans avoir à se préoccuper de rien d'autre.

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 24, 2021 ⏰

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