Martin était étalé de toute sa longueur sur son lit, penseur.
Il fixait l'heure affichée sur son réveil.
16h02.Il n'avait toujours pas daigné se lever et finir de remplir sa valise. Cette semaine, ses parents avaient eu la soudaine idée de prendre la route vers Narbonne, histoire de passer un week-end en famille à la mer.
Après dix minutes d'immobilité, son regard passant successivement de son réveil à la valise vide ouverte sur le sol de sa chambre, il se leva.
Dans un soupir, il se dirigea vers son placard avant de sélectionner des vêtements au hasard.Il entassa ses affaires dans sa valise, à contrecœur : il n'avait aucune envie de passer un week-end entier à jouer à la petite famille parfaite.
- Martin dépêche toi, on part sans toi sinon ! cria sa mère du rez-de-chaussée.
Martin leva les yeux au ciel puis acheva de remplir sa valise sans pour autant se presser.
Après avoir jeté un dernier coup d'œil à sa chambre en désordre, il descendit les escaliers le pas lourd, sa valise trainant derrière lui.Ses parents et sa petite sœur Marie étaient déjà dehors. Ces derniers l'attendaient devant la voiture, prêts à ranger les bagages dans le coffre du véhicule.
Le blond ébouriffa tendrement les cheveux de la cadette lorsqu'il arriva à leur niveau.
Marie souriait de toute ses dents, excitée de partir en vacances à la mer. Une fois qu'elle fut installée sur le siège arrière, l'adolescent se hissa dans le véhicule à son tour.Ses parents finirent de faire monter tous les bagages à bord pendant que Martin sortait ses écouteurs.
Il les brancha à son portable, puis mit en marche une playlist spotify qui durait plus de deux heures.
Il était impensable pour l'adolescent de faire plus d'une heure quarante de route sans être accompagné d'un peu de musique dans les oreilles.Sa mère, assise côté conducteur, démarra enfin quelques minutes plus tard une fois que tout le monde se fût installé.
Le trajet débuta alors, ponctué des paroles enthousiastes de Marie, impatiente d'arriver à leur destination.C'est essentiellement pour elle qu'il avait accepté sans broncher de les accompagner à la mer.
Depuis quelques mois, les disputes incessantes des deux parents pesaient sur l'ambiance familiale. Il entendait souvent sa sœur pleurer dans sa chambre, et il partageait sa peine, bien qu'il ne laissait rien paraître.Martin avait bien compris que ce week-end était en réalité une façon pour ses parents de faire abstraction des semaines tendues qu'ils avaient vécu.
Le blond trouvait ça ridicule. Un week-end à la mer pouvait-il réellement sauver un mariage à la dérive ? Il en doutait.
Il trouvait même aberrant le fait que des adultes soient incapables de faire face à cette situation.Bien qu'il essayait de relativiser, le blond les blâmait. Il les blâmait d'avoir échoué à sauver leur couple. De ne pas avoir su mettre Marie à l'abri de cette histoire. Voir les regards que ses parents se portaient mutuellement lui faisait bien plus mal qu'il ne voulait l'admettre.
Ce n'était pas de l'amour.
Du moins, ce n'était plus de l'amour qui liait les deux adultes.
Ce qui les retenait de foutre le camp c'était leur maison, leur voiture, leurs enfants, un foutu contrat qui était sensé leur garantir un amour éternel.Sentant la colère s'accumuler au fond de sa trachée, Martin détourna son visage vers sa fenêtre.
Il observa alors les paysages s'enchaîner inlassablement.
Puis ferma les yeux, laissant la musique recouvrir ses pensées bien trop bavardes....
Moins de deux heures plus tard, ils arrivèrent à leur location du week-end. Une fois que Martin eut fini de décharger ses affaires ainsi que celles de sa sœur, il proposa à cette dernière de partir avec lui en direction de la plage.
À peine arrivée sur le sable, Marie lâcha la main de son frère et courut en direction de l'eau.
- Eh tu vas quand même pas aller te baigner toute habillée ?
Marie fit demi tour, rieuse, puis sauta dans les bras de son frère.
Un rire s'échappa de la gorge de l'aîné.Il adorait sa sœur, elle était ce qu'il avait de plus cher en ce monde. Il ne pouvait s'empêcher de faire ressortir le côté surprotecteur de sa personnalité lorsqu'il s'agissait d'elle. Du haut de ses huit ans, elle était si fragile. Il refusait que quelqu'un ou quelque chose la blesse.
Sa petite sœur était presque son portait craché : les cheveux blonds, les tâches de rousseurs, les traits du visages similaires...
La seule différence physique remarquable entre les deux était les grands yeux bleus clairs de la cadette. Elle les avaient hérité de leur mère. Martin de son côté, avait les yeux marrons de son père.Il déposa Marie sur le sol - non sans lui avoir déposé un baiser sur le front - puis déroula la serviette de plage qu'il avait calé sous son bras avant de partir. Une fois le frère et la sœur en maillot de bain, ils firent la course jusqu'à l'eau et se mirent à jouer dans les vagues.
À cette heure là, la plage était très peu fréquentée. Les deux frère et sœur passèrent donc leur fin d'après midi dans l'eau, avec pour tout bruit extérieur, celui des vagues s'écrasant lourdement contre le sable.
Leurs parents les retrouvèrent un moment après pour pique-niquer : il était déjà vingt heures passées.
Le dîner commença plutôt bien, Marie bavardait comme à son habitude, sans s'arrêter, pendant que ses parents l'écoutaient, attendris.
Le jeune blond avait remarqué que ces deux derniers ne s'étaient pas lancé un seul regard depuis qu'ils étaient ici. Il se doutait qu'une violente dispute avait dû éclater à leur arrivée.Martin soupira, il les trouvait vraiment hypocrites. Quand ce cirque allait-t-il prendre fin ?
- Martin ? Je te parle ! dit sa mère, agacée.
- Ah oui désolé.
Martin remarqua que le soleil était à présent complètement couché.
Était-il vraiment resté aussi longtemps plongé dans ses pensées ?- Tu pourrais faire plus d'efforts quand même, je te signale que ta mère et moi avons pris des congés exprès cette semaine pour passer du temps avec vous, le sermonna son père.
Toujours le même scénario.
Ils s'engueulent mais vu qu'ils sont pas fichus de régler leur problème entre eux, ils restent sur les nerfs et cassent les couilles pour un rien.Martin leva les yeux au ciel, agacé.
En croisant le regard assassin de sa mère, il regretta immédiatement son insolence.
- Jeune homme, commença-t-elle.Marie intervint :
- Non mais c'est pas grave papa, il est juste fatigué de notre baignade. On a fait que jouer dans les vagues c'était trop bien ! Et puis tu sais quoi ? On a vu des poissons gros comme ça ! Et-
- Arrête de ne penser qu'à toi, on fait tous des efforts ici pour que ce week-end se passe bien ! la coupa sa mère, s'adressant à son fils .
- C'est une blague ? Vous pourrissez l'ambiance à la maison, et sous prétexte qu'on est en vacances, on devrait faire semblant que tout se passe bien ?
- Ne parle pas sur ce ton à ta mère ! intervint le père.
- De toute façon, vous n'êtes jamais d'accord sauf quand c'est pour m'enfoncer ou pour vous allier contre moi ! Vous vous rendez même pas compte que Marie se sent mal à cause de vous ! Putain vous cassez les couilles.Il se leva d'un bond en évitant le regard sûrement larmoyant de sa petite sœur.
Fou de rage, il laissa ses pas le diriger vers le centre ville. Tout en ignorant les appels de ses parents.***
Chapitre écrit par @poupilabouli
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Eux...
RomanceUn été. Martin, Titouan. Une amitié parfaite, un amour à sens unique. Le bouclé s'était fait à l'idée que ses sentiments à l'égard de son ami d'enfance ne seraient jamais partagés, mais cet été, plus rien ne risque d'être comme avant. *** Écrit à...