17 : Barbie

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Je restai immobile, tétanisée, dans l'encadrement de la porte, hésitant entre rentrer chercher Danarès et prendre mes jambes à mon cou.

La solution ne venant pas, je m'assis sur les marches à côté de l'interphone et attendis, telle une enfant de 8 ans, que quelqu'un vienne me chercher.

Mes yeux se baissèrent et tombèrent nez à nez avec deux autres, inexpressifs, vides de toute émotion.

Les yeux d'une poupée Barbie. Une poupée Barbie pleine de terre et toute abîmée.

Je la pris dans mes bras et la serrais contre mon cœur.

Je fermai les yeux mais les roivris aussitôt lorsqu'un souvenir étrange remonta à ma mémoire :

Je marchai dans le supermarché, tenant la main de ma mère, les yeux pleins d'étincelles lorsque nous tombions sur un rayon de jouets ou de sucreries.

"- Mamaaaan ! Je veux la Barbie !
  - Non ma puce, on est pressées ...
  - SIII JE LA VEUX !!!!
  - Allez s'il te plaît ne fait pas de crise ... Je suis fatiguée sois gentille !
  - ACHÈTE MOI LA BARBIE BORDEL !! hurlai-je au point que je devins toute rouge.
  - JEUNE FILLE TU ME SUIS JUSQU'À LA CAISSE ET TU LA FERME ! s'énerva ma mère."
Je m'arrêtai d'avancer, et, surprise par la crise de colère de ma mère, ouvrit de grands yeux ronds.
Elle ne s'aperçut pas que je ne la suivait plus et continua son chemin d'un pas ferme.
Je la regardai s'éloigner et me retournai vers le rayon de Barbie.
Je me saisis du paquet, retourné, cachant l'apparence de la poupée et poussai une exclamation de surprise lorsque je me rendis compte que le paquet était vide.
Pourtant, il n'avais jamais été ouvert.
Pire, c'était l'emballage que j'avais repéré tout à l'heure, qui contenait à ce moment , la poupée.
Je lâchai le paquet et partis en courant vers les caisses.
Ma mère m'attendait, le visage rouge de colère.
" - Espèce d'imbécile !!! Je t'avais dit NON ! Tu as quoi dans la tête hein ?! Explique moi !!
  - Maman ! La poupée ! Elle ...
  - Je m'en contrefous de ta poupée de malheur ! Tu m'en parle encore une fois tu vas voir !"
J'ouvris la bouche pour répliquer mais la refermais aussitôt. Ça ne servait a rien. Personne ne m'aurais cru si j'en avais parlé.
Je suivis ma mère jusqu'à la voiture, la tête baissée, pensant à la poupée Barbie.

Mes mains lâchèrent la poupée et je la regardai, terrifiée à l'idée que cela pourrait être elle.

C'était exactement la même que dans mon souvenir.

La même.

Il me sembla voir ses yeux inexpressifs bouger et je donnai un grand coup de pied dedans avant de me lever et de prendre mes jambes à mon cou.

Je regardai ma jambe blessée, sans pour autant m'arrêter de courir et la vis se décomposer encore et encore.

Je devais m'arrêter avant qu'elle ne disparaisse complètement.

Je fermai les yeux très fort, tentant de me calmer mais lorsque je les rouvris, j'étais devant l'hôpital.

Je hurlai de désespoir.

Non non et non ... J'étais partie dans la direction opposée bon sang !

Comment pouvais-je me retrouver là ?

C'en était trop.

J'avançai au milieu de la route et m'allongeai en plein milieu.

Une larme coula sur ma joue et je murmurai dans un sanglot

- Papa, maman, je vous aime.

Et je fermai les yeux, attendant la mort avec impatience.

 

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