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1 : Il était un accident ...

Je marchais dans les longs couloirs déserts du lycée : j'aimais être là-bas tôt, profiter du calme parfait, m'adosser contre les casiers et fermer les yeux pour rattraper mes heures de sommeil ... Oui je sais, peu de gens me comprennent ... Malgré l'heure matinale, l'établissement était ouvert, pour une raison qui m'échappait.

Le son de mes pas se fit de plus en plus régulier sans même que je m'en rende compte tant et si bien que d'un seul coup, le talon de ma chaussure se brisa et que ma cheville se tordit violemment.

Je poussai un petit cri et me rattrapai sur les coudes, non-sans douleur

Je jetai un œil à ma chaussure brisée : complètement bousillée ! 150 euros foutus en l'air !
Je poussai un grognement avant de me diriger vers les toilettes des filles dans l'espoir de dégoter quelque chose pour soulager ma cheville enflée.

Je pilai net lorsque j'entendis des bruits de pas provenant des toilettes.

Étonnée, j'ouvris brusquement la porte et devant moi apparut une jeune 6e brune, de petit gabarit et plutôt dodue.

Ana.
Que faisait-elle la à cette heure-ci ? Habituellement, j'étais seule dans l'établissement jusqu'à son ouverture officielle ! Une collégienne en plus ! Elle n'était pas autorisée à se rendre dans ce bâtiment, puisque tous ses cours se déroulaient dans le bâtiment B.

Elle me regardait avec innocence de ses deux grands yeux verts et ouvrit la bouche pour parler. Cependant, aucun son n'en sortit

Je regardai cette idiote avec mépris puis une lueur de cruauté passa dans mon regard.

Qu'elle regarde ailleurs cette idiote ! Si elle ne sait pas comment faire je vais lui apprendre moi !

Je fis un brusque pas en avant qui déclencha une violente douleur dans ma cheville et lui empoignai rudement la nuque.

Elle me supplia de la lâcher mais pour toute réponse, je plongeai sa tête dans les toilettes les plus proches.

Je sentais les vibrations qu'elle émettait en criant dans l'eau et je partis dans un fou rire incontrôlable.

Ana se débattit si brusquement que je m'écroulai contre son dos et mon coude se rattrapa sur le bouton de chasse d'eau ...

Le bouton ... Il déclencha la chasse d'eau et j'entendis l'effroyable hurlement de la petite, malgré l'eau dans laquelle sa tête était plongée.

Je fis trois pas en arrière, perdis l'équilibre et m'affalai lamentablement sur le carrelage.

Dans ma chute, j'avais entraîné Ana, que je tenais toujours fermement. Je lâchai avec répugnance sa petite nuque frêle et la retournai sur le dos.

- Ana ? Ana ça va ?

Je n'obtins pas de réponse. Mon coeur se mit à battre la chamade et je tentai par tous les moyens de réveiller la petite fille. Lorsque mes yeux se posèrent sur son petit visage, je fus frappée par ses yeux, plus exorbités que ne le permet un corps vivant. Une expression de terreur et d'impuissance y était gravé.

Je commençai totalement à paniquer.

Je n'avais pas pu tuer cette petite. Je n'avais pas pu la tuer. Elle était peut être le genre d'intello que je ne supporte pas mais elle ne pouvait pas être morte. Surtout pas par ma faute !

Je me relevai et essuyai une larme qui coulait de mon œil. Ah non ! Ce n'était pas le moment de faire couler mon mascara.

Je tournai le dos au cadavre et me mis à courir aussi vite que ma cheville pouvait le supporter.

Je devais me rendre à l'évidence :

Ana était morte, et je l'avais tuée.