14 : Idiote

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Danarès me porta jusque l'immeuble d'où je sortais, malgré mes protestations.

Je sentais que s'il allait jusque chez Marine, s'il dépassait les portes de l'ascenseur, il allait se produire une horreur.

Beaucoup de gens le suivait et je leur criai de s'arrêter.

Personne ne m'écoutait. Cela me rendait folle.

Danarès sonna chez une personne au hasard, expliquant la situation.

C'est à ce moment que je fis une des plus grosses bêtises de ma vie.

Je hurlai qu'il ne fallait pas aller chez Marine.

Comme tout être intelligent, c'est le premier endroit auquel Danarès décida de m'emmener.

Mais quelle idiote ...

Il profita donc de la correspondance avec l'homme de l'interphone pour demander s'il savait où habitait une certaine Marine.

"- Hum ... Oui, deuxième étage il me semble ... Porte 224.
- Merci monsieur. dit-il posément.
- NOOON ! PAS BAS JE NE VEUX PAS Y ALLER ! NON !! hurlai-je de plus bel."

C'est donc contre mon gré que Danarès, suivi de tous ces gens curieux, pénétra dans l'ascenseur et pressa le bouton "2".

Une larme coula sur ma joue.

Bientôt, mon visage en fut baigné.

Lorsque les portes s'ouvriraient, quelque chose d'horrible se produirait. Je le sentais. Je le savais.

Et les portes s'ouvrirent.

Un silence insupportable régnait.

Silence qui fut bientôt remplacés par des cris d'épouvante.

Un corps, un bras et une jambe manquante, les cheveux arrachés, une expression de terreur figée sur le visage, se trouvait juste devant nous.

Marine.

Son corps avait disparu lorsque je m'étais réveillée. Et il avait réapparut lorsque j'étais accompagnée.

Je compris alors ce qui allait se produire.

Ces gens allaient croire que j'étais la meurtrière.

Danarès, un des seuls à être resté muet devant le spectacle, cria d'une voix rauque.

- Le premier qui fait un son il dégage.

Je lui étais reconnaissante car ces cris et plaintes accentuaient fortement ma douleur.

Il enjamba le corps, sans relâcher son emprise sur moi, et avança vers la porte très lentement.

La scène était comique, vue de loin.

Un homme, une jeune fille blessée dans les bras, marchant avec hésitation, suivi de près par des gens, en file indienne.

Il frappa à la porte marquée du chiffre 224 et je souris de soulagement : personne n'ouvrirait puisque j'avais tué la mère de Marine.

Et c'est au moment où j'allais leur dire que Marine vivait seule que la porte s'ouvrit dans un grincement.

Certains s'enfuirent lorsqu'ils virent que personne ne se trouvait derrière la porte, et que par conséquent celle-ci s'était ouverte toute seule mais d'autres comme mon courageux Danarès, continuèrent d'avancer.

Nous n'étions plus que cinq, alors que nous étions entré dans l'immeuble à vingt et quelques.

Je poussai un gémissement de douleur, qui fit violamment sursauter mon porteur.

Il faillit me lâcher mais me rattrapa de justesse.

Il alluma la lumière et cette fois, lui et tous les autres hurlèrent de terreur.

Le corps de la mère de Marine, que j'avais pris soin de cacher, était pendu, non loin de la fenêtre au bout d'un cintre.

Une inscription figurait sur la fenêtre, écrite au sang : "À jamais."

Là encore, seule moi pouvait la comprendre.

Et je l'avais déjà comprise avant de la voir cette inscription ...

Je savais que l'Ombre ne me quitterait pas.

C'est dans ce moment terrible et choquant que le rire envahit ma gorge. Je ne pus m'empêcher de le laisser sortir.

Danarès me lâcha, horrifié et je m'écrasai douloureusement au sol.

Cependant, je continuai à rire.

L'Ombre pensait que je n'avais pas compris, elle me pensait donc idiote. Si elle me pensait idiote, elle ne savait pas que je ne l'étais pas tant que ça. La solution pendait donc au bout de mon nez : J'allais faire semblant d'être idiote.

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