8 : Invisible

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J'attendis des secondes qui parurent une éternité que la main du policier se referme sur mon bras et pourtant, j'eus beau attendre, rien ne se produisit.

J'ouvris les yeux et ceux ci s'étant habitués à l'obscurité, furent éblouis.

Lorsque ma vision se fut correcte, je m'aperçus que je me trouvai nez à nez avec le policier.
Celui-ci ne semblait pas me voir.

Étonnée, je tentai de poser une main sur son épaule mais elle traversa le corps de l'homme et retomba brutalement contre ma hanche.

Je regardai Danarès, stupéfaite mais il ne me rendit pas mon regard. J'en conclus que lui non plus ne me voyait pas.
Que se passait il ?
Et si je parlais ? M'entendraient-ils ?
Je tentai une vocalise. Aucune réaction.
Je sortis de l'armoire en traversant le policier, non sans difficulté, puis tentai de rejoindre mon fauteuil roulant.
Aïe ! Danarès était appuyé du coude sur son fauteuil et je ne pouvais donc pas le prendre sans qu'il ne s'en rende compte !
Je me rendis à l'évidence : j'allais devoir m'en passer.
Je me mis à quatre pattes et commençai à me déplacer, en faisant attention à ne pas poser ma cheville au sol.

"- Je ne comprends pas monsieur, je vous jure qu'elle était là !
Le traître ... J'avais tué sa soeur mais enfin je pensais qu'il l'avait deviné depuis longtemps !
- Les petits menteurs dans ton genre on leur coupait la langue dans le temps ! gronda-t-il.
Le regard de Danarès se durcit.
- Allez vous faire foutre ! Sortez de chez moi !
- T'oublies à qui tu parles toi ! Garde en tête que je suis celui qui a le pouvoir de rendre ta vie plus misérable qu'elle ne l'est déjà ! cracha-t-il.
- Sortez.
- Garde le bien en tête petit menteur !
- Sortez.
- Fais gaffe à toi.
- SORTEZ DE CHEZ MOI !!!!!
- OK, OK !"
Je regardai Danarès d'un air interloqué : ses yeux n'étaient plus jaunes, ils étaient noirs comme la nuit.
J'ouvrai la bouche pour le lui faire remarquer mais je me souvins que j'étais invisible à ses yeux.
Il se tourna vers moi, maintenant assise par terre, sans me voir.
- Mais c'est pas possible elle a pas pu disparaître !
Je ricanai intérieurement. Je suis devant toi espèce d'idiot.
Il me traversa et entreprit de fouiller les lieux.
D'un coup, une idée traversa mon esprit : j'étais invisible, certes, mais pour combien de temps ?! Je n'en avais aucune idée et pour cette raison il valait mieux que je m'en aille.
J'avais assez mêlé Danarès à cette histoire.
Je rampai jusqu'au fauteuil roulant, désormais libre d'accès et me harnachai dedans.
Je constatai rapidement que le fait que je sois dessus l'avait fait disparaitre à ses yeux également.
Je jetai un dernier regard à Danarès, dont les yeux avaient repris leur couleur naturelle et laissai tomber une larme bruyante sur le sol.
Son regard se figea sur la goutte.
Oh non. Il voyait la larme ! Je poussai sur les roues du fauteuil un grand coup et partis à toute vitesse par la porte d'entrée, que le policier avait omis de refermer.
Où allais-je aller ? Je n'en avait aucune idée.
À l'hôpital ? Non. On me retrouverai
Chez mes parents ? Non plus, ils me dénonceraient.
Il ne me restait alors plus qu'une seule solution : Marine.
Je me mis en route, sans savoir si elle m'accepterait après l'accueil que je lui avait réservé à l'hôpital, et même sans connaître la direction, me laissant guider par mon instinct.
Je levai la tête et fermai les yeux. Un sourire s'affichait sur mon visage.
Le soleil se couchait.

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